Ride your wave : critique qui attend sa vague

Elliot Amor | 2 septembre 2021
Elliot Amor | 2 septembre 2021

Masaaki Yuasa, le réalisateur à qui on doit notamment Mind Game et Devilman Crybaby, avait envie de nous parler de surf et d'amour dans son nouveau film. Et donc, deux ans après sa sortie au Japon, Ride your wave arrive dans nos salles.

Baby, you can ride my wave

Tout commence dans la préfecture de Chiba, sur la plus grande île du Japon. Une jeune femme, Hinako, commence ses études dans la ville où elle vécut lorsqu'elle était enfant. On comprend très vite que Hinako est passionnée par la mer, mais surtout par le surf, qu'elle pratique tous les jours. L'inconvénient dans tout ça, c'est que des petits malins s'amusent à faire des feux d'artifice illégaux pour pouvoir faire un max de vues sur Instagram. Et les feux d'artifice peuvent provoquer des incendies, c'est ce qui arrive dans l'immeuble de l'héroïne qui se retrouve piégée sur le toit.

Elle est sauvée par Minato, un pompier du même âge dont elle tombe amoureuse ; et ça tombe bien, lui aussi. Tout le monde a, dans son cercle d'amis, un couple quasi-inséparable, extrêmement niais qui s'achète des coques assorties pour leurs smartphones, mais qui est malgré tout très attachant. Eh bien Hinako et Minato forment ce genre de couple et le film passe une bonne demi-heure à vous faire comprendre qu'ils s'aiment énormément, qu'ils ne peuvent pas vivre l'un sans l'autre (et surtout que Minato est l'homme parfait). Mais si l'intrigue se limitait à ça, on s'ennuierait, vous ne croyez pas ?

 

photoMerry Kurisumasu

 

Si vous n'avez pas vu la bande-annonce, apprêtez-vous à vous faire spoiler dans 3, 2, 1... Minato meurt en sauvant un touriste qui se noie à la plage. Car oui, Ride Your Wave est en réalité un film triste qui montre le traumatisme qu'implique la perte d'un être cher chez les 18-25 ans. Au programme : chagrin, dépression, solitude, perte totale de confiance en soi, rejet des autres, etc. Mais Ride Your Wave est aussi un feel good movie qui donne envie de s'accrocher à ses rêves, peu importe les obstacles, et qui nous rappelle qu'il y aura toujours quelqu'un pour nous tirer vers le haut quand nous sommes au plus bas.

Quelques jours après le décès de Minato, Hinako est en compagnie de Yôko et Wasabi (la petite sœur et le meilleur ami du défunt) qui essaient de lui remonter le moral. C'est à ce moment que l'héroïne commence à avoir des visions de l'homme qu'elle aimait. Mais pour nous, spectateurs et spectatrices, cela va peu à peu être bien plus que des visions. Minato apparaît dans l'eau quand Hinako l'appelle.

 

photoCeci n'est pas un glaçon géant

 

P.S. I Love You

L'intrigue trouve très vite un moyen simple de représenter l'amour du couple grâce à un morceau de pop-rock qui leur rappelle leur enfance. C'est d'ailleurs une chanson du groupe Generations from the Exile Tribe dont fait partie Ryota Katayose, le doubleur de Minato. On a d'ailleurs droit à une séquence chargée d'ellipse durant laquelle on peut entendre les tourtereaux chanter et rire pendant qu'ils passent du temps ensemble, voyagent, font des trucs de couples niais, etc.. C'est aussi cette séquence qui, en plus d'être visuellement très réussie, les rend super attachants.

C'est donc lorsque Hinako fredonne ou chante le morceau Brand New Story que Minato peut apparaître dans une baignoire, un verre, un gourde, une flaque, ou encore dans de la vapeur. Même dans la mort, son prince charmant lui rend visite pour l'aider à surmonter les épreuves. Oui, encore une fois, c'est niais, mais c'est touchant. Et il ne s'agit évidemment pas juste d'un élément fantastico-romantique.

 

photoLa plus belle gourde de l'année

 

Au début du film, Minato affirme auprès de Wasabi que Hinako est « son héroïne », ce n'est qu'après sa disparition qu'on comprend ce qu'il entendait par là : alors que les deux personnages étaient enfants et vivaient tous les deux dans la même ville, le petit Minato manqua de se noyer à la plage. Avec sa planche de surf, la petite Hinako nagea à sa rescousse, ce qui incita le petit garçon à devenir pompier, ce qui l'a amené à sauver son crush des années plus tard.

Mais aller à son secours sur le toit d'un immeuble alors que des feux d'artifice risque de lui tomber sur la tête ne lui suffit pas. Selon Minato, il ne peut rendre la pareille à Hinako qu'en l'aidant à surfer sur sa propre vague. C'est donc pour cela que son esprit tarde à quitter le monde des vivants, il veut s'assurer que sa bien-aimée parviendra à voler de ses propres ailes, poursuivre ses rêves et, par-dessus tout, tourner la page. Mais avant que le défunt ne voie son objectif s'accomplir, l'héroïne doit passer par les cinq étapes du deuil : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et enfin l'acceptation.

 

photoThe night is short

 

Here comes the wave

Oui, on peut tout à fait considérer que Masaaki Yuasa et le studio Science Saru ont encore pondu un chef-d'œuvre d'animation. Le travail sur les déformations des personnages est moins poussé que dans Devilman Crybaby ou The Night is short, Walk on Girl, mais il est bien là et se marie parfaitement aux décors très réalistes qu'on attribue souvent aux films du studio Comix Wave (Your NameLes Enfants du temps).

Sans surprise, le travail sur la lumière est époustouflant, car les artistes parviennent à la rendre à la fois réaliste et ostentatoire. Encore un élément qui participe au fait qu'on croit dur comme fer à cette relation amoureuse plus que sincère. L'animation fluide et les plans complexes témoignent du savoir-faire et de l'implication des animateurs du studio, ce qui nous donne encore plus envie de voir Star Wars: Visions, dont Science Saru réalise un épisode.

 

LE BISOUKissu kissu

 

Hormis le titre Brand New Story, la bande originale plutôt minimaliste composée par Michiru Ôshima nous donne envie de repartir en vacances et d'apprendre à surfer, tout en faisant parfois penser à du Studio Ghibli. C'est également Ôshima qui s'occupe de l'épisode de Star Wars : Visions et on a hâte d'entendre ce que ça va donner. Et même si les deux personnages principaux sont doublés par des musiciens, leurs répliques sont convaincantes, surtout celles de Hinako, doublée par Rina Kawaei, une des chanteuses d'AKB48 (dont on peut entendre un morceau dans Les mondes de Ralph).

Étant donné que la plupart des pays ont accueilli Ride Your Wave en 2019 ou 2020, il est fort probable que certains et certaines d'entre vous l'aient déjà vu, d'une façon ou d'une autre, sur un téléviseur ou sur un écran d'ordinateur. Si c'est le cas, nous comprenons votre empressement, mais essayez de laisser une chance à la salle. Car comme nous l'avons dit, Ride Your Wave est un film visuellement éblouissant qui mérite d'être vu sur un écran de cinéma, plutôt que sur un MacBook. Nous vous souhaitons donc une bonne séance.

 

affiche

Résumé

Avec Ride Your Wave, Masaaki Yuasa et Science SARU ne veulent toujours pas nous décevoir. La version fantastique et animée (et cent fois mieux) de P.S. : I Love You vaut largement le détour.

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commentaires
zetagundam
02/09/2021 à 17:22

Film sympathique et joliment réalisé mais au scénario certes cousu de fil blanc ce qui fait que la formule employée n'a pas pris sur moi car j'ai été incapable de m'attacher aux personnages

De plus, fait exceptionnellement rare, j'ai trouvé le doublage japonais raté car je n'ai jamais ressenti que les acteurs étaient capables de transmettre la moindre émotion à leur personnage, et donc de leur donner vie. Ce problème touche plus particulièrement le personnage masculin principal dont son acteur est effroyablement mauvais.

Madolic
02/09/2021 à 13:52

Quel intérêt d'une critique qui principalement, se contente de résumer le film ? :/

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