#JeSuisLà : critique qui fait Chabat

Simon Riaux | 16 avril 2023 - MAJ : 17/04/2023 10:28
Simon Riaux | 16 avril 2023 - MAJ : 17/04/2023 10:28

Venu des Guignols de l’InfoEric Lartigau navigue depuis un sacré bout de temps dans les eaux du rire à la Française, jusqu’à triompher avec La famille Bélier. Une chronique familiale qui s’évertuait à distiller un peu d’émotion dans sa recette à base de sourires préfabriqués et que nuance à nouveau le réalisateur avec #JeSuisLà mené par Alain Chabat.

LA FAMILLE MEEEEH

Nous retrouvons donc ici Stéphane, un restaurateur en proie au doute, interprété par Alain Chabat. Grignoté par un quotidien où s’est installé l’ennui, désormais incapable de s’émerveiller, malgré sa réussite et les attentions de ses proches, il trouve enfin une source de divertissement. Ce salut lui vient d’Internet et du dialogue qu’il engage avec Soo, une femme coréenne (incarnée par Doona Bae) pour laquelle il se prend bientôt d’affection.

 

photo, #JeSuisLàLa Passion du Chabat

 

En l’état, si le monde sclérosé de la rigolade franchouillarde a quand même un peu évolué depuis Je vous trouve très beau, on craint un instant de retrouver le romantisme fardé (et conservateur comme il faut) d’Isabelle Mergault, quand notre bon cuistot s’en va découvrir la Corée comme s’il s’agissait de Mars, pour séduire une internaute deux fois plus jeune que lui, désireuse de regarder s’ouvrir les cerisiers à ses côtés.

Certes, Stéphane ne va pas acheter une femme à tout faire pour s'occuper de sa petite affaire, mais par endroits, la candeur de son regard prend des airs d'inconscience très épais, comme si le monde qu'il traverse n'était finalement qu'un tapis de jeu à ciel ouvert, les autres autant de sources de bizarreries plus que des individus à part entière.

Et on est initialement peu aidés par la mise en scène de #JeSuisLà, qui sait très bien émuler les plus gros succès de l’industrie de la carte postale, un peu moins générer du cinéma. Plans attendus, effets de montage issus de la première réclame pour obsèques venue, on a bien du mal à s’immerger dans ce récit, où se débat sans grand espoir Blanche Gardin, dont l’accent évoque plus un pari perdu qu’une performance réussie. La lassitude point, mais ce serait sans compter sur la présence émouvante de celui qui fut un des tenanciers du JTN.

 

photo, #JeSuisLàIndiana Chabat

 

CHABAT BIEN ET VOUS ?

Et Alain Chabat fut. Une fois arrivé en Corée, l’acteur peut soudain tout donner, avec le talent qu’on lui connaît. Eric Lartigau emballe encore un ou deux plans touristiques, mais semble lui aussi un peu perdu, et embrasse soudain son personnage, sorte de Bill Murray qui aurait consulté, véritable cartoon mélancolique, désormais capable de pleinement s’exprimer. On ne dira jamais assez combien l’acteur s’est progressivement imposé comme un monument national, maniant avec une élégance infinie le mélange de rouerie, tendresse et fantaisie que les Français aiment à se croire héritier.

Paradoxalement, dans ce métrage qui souffre longtemps d’un manque de style, et ne semble jamais écrit avec le degré de finesse que son sujet et son spleen exigent, se dégage un immense espace pour l’acteur, qui peut ici s’exprimer le même large prisme émotionnel que dans Papa, où il brillait en 2005. Voilà qui ne fait certainement pas de #JeSuisLà un chef d’œuvre, mais permet au film d’offrir un fort joli numéro à un comédien dont chaque rôle a des airs de pansement bienvenu.

 

Affiche

Résumé

Après des débuts poussifs et de gros creux narratifs, #JeSuisLà donne les clefs à Alain Chabat, qui peut dès lors nous offrir un festival de touchant cabotinage. Parfaitement dispensable mais pas fondamentalement déplaisant.

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Lecteurs

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commentaires
Flo
18/04/2023 à 21:01

Mister Sweet Machine... Chabat ! :-)

Éric Lartigau continue de traiter du sujet de la communication difficile entre les êtres, en vue d'atteindre l'épanouissement (dont "La Famille Bélier" pouvait être un aboutissement). Sans aller plus loin qu'un bon "Tombé du ciel/Le Terminal/Lost in Translation", la popularité de son précédent film justifiant d'avoir carrément la présence de la star Doona Bae en enjeu insaisissable - mais en fin de compte très accessible (elle joue vraiment en français ?!), et sans mauvais jugement.
Le tout est emballé tranquillou : quelques moments rigolos sans forcer (dont l'accent basque de Blanche Gardin), jolie playlist branchée mais douce, juste à filmer la Corée du Sud dans son mélange d'excentricité et de simplicité, à peine rehaussé par quelques effets de mise en scène - transparences en gros plans... insertions basiques de capture d'écran de smartphone qui participent au sujet sur les réseaux sociaux, sur les gens qui s'emballent malgré de la distance que créent les écrans etc...

Sauf que, face à ça, on a aussi un pur film d'Alain Chabat. Retrouvant l'acteur de "Prête-moi ta main", dont la voix est si basse qu'elle n'arrive jamais à susciter de l'irritabilité chez les spectateurs (d'où l'attachement qu'il provoque). Et qui fait l'inverse totale de ce qu'on attend d'un gars accroc à son écran... tout simplement en utilisant son smartphone pour ce qu'il est : un outil, utile à son confort et ses envies. Sans être assujetti à cet objet, ou à l'image qu'il y renvoit, d'autant qu'il passe énormément de temps à créer du lien concret avec telles personnes côtoyées de circonstance.
Sans non plus de déclamations de leçons de morale à ce sujet, juste en suivant son petit bonhomme de chemin qui, on le comprend quand l'enjeu se déplace au deux tiers du film vers les enfants, ne va pas trop loin dans l'introspection rude et mélancolique, touchée par le ridicule de sa situation.
Et on sent qu'ils ne le veulent pas, et que c'est pas grave du tout.
Il est quand-même fort ce Alain Chabat : non seulement on aime le voir jouer les bons touristes (curieux de tout et respectueux) perdus à l'étranger, mais en plus ses pérégrinations ne servent à rien d'un point de vue réflexif... Normal, ici ce sont le sensitif, la délicatesse et l'empathie qui dominent, jusqu'à un des plus beaux fondus au noir final qu'on ait eu au cinéma.

"Et ça fait gouzi gouzi au ventre quand ça s'arrête". ^_^

zetagundam
17/04/2023 à 10:49

J'ai tenté et abandonné au bout d'une heure tant il ne se passait rien à part rester con.ment dans un aéroport pendant plus d'une demi-heure

Altaïr Demantia
16/04/2023 à 23:11

"la candeur de son regard prend des airs d'inconscience très épais"

Oui c'est ça.

Résumons.

Un fin cinquantenaire utilise les réseaux sociaux comme un teubê de base.
Il tombe amoureux d'un avatar derrière lequel il y a une vraie personne dont il ignore tout.
Est-ce que le mec s'intéresse deux minutes à la Corée ?
Wikipedia ? Non ? Non.
Mais c'est pas grave, le mec a un Q.I d'huître donc il décide d'aller faie une surprise à cette femme dont il ignore tout à 13 000 kilomètres de là.

Une fois sur place, en Corée, donc, le gars ne sait pas où chercher, il va donc la doxer comme il se doit. Il ne sait toujours rien sur cette femme ni sur les ennuis éventuels qu'il pourrait lui créer en révélant son amour d'ado attardé au monde entier au travers du pire des medium, les réseaux sociaux. Chabat joue donc le rôle d'un type débile, harceleur et inconscient.

Et le pire ?

Le film le fait passer pour un type sympathique, qui fait pas exprès d'être un con, il est amoureux.

Film à chier. Et Chabat me déçoit.

rientintinchti2
16/04/2023 à 22:40

Le zéro absolu.
Chabat est en général toujours la garantie de descendre plus bas dans le cinoche franchouillard.

Pouf
08/02/2021 à 08:26

Un joli petit film qui a l'intérêt de ne pas être moralisateur ni donneur de leçon : la technologie c'est pas bien, les français sont sans gène, etc

Alors...
06/02/2021 à 19:22

c'est l'histoire d'un con qui se sert de son smartphone n'importe comment et qui pour mettre du piment dans sa petite vie de restaurateur bobo décide un jour de partir emmerder une coréenne en débarquant à Séoul sans la prévenir. On pourrait se dire que le personnage va évoluer au fil du film, se remettre en cause, voir en quoi son comportement est problématique et comprendre à quel point il s'est immiscé dans la vie d'une parfaite inconnue en lui pourrissant la vie sur les réseaux sociaux. Mais non, le personnage reste un con content de lui-même sans jamais voir qu'il est un problème sur patte. Et tout content il rentre en France pour pousuivre sa petite vie de restaurateur bobo.

Un film sans intérêt, même pour Chabat qui est en roue libre et qui en roue libre ne sait faire que du Chabat.

Jayjay
06/02/2021 à 10:42

Très décevant scénaristiquement, le fil rouge abonnés/Instagram se déroule à perte et la rencontre n'est qu'une pirouette au final.
Oui reste Chabat impeccable comme attendu,mais encore un brouillon de comédie française, c'est usant...

zidus
05/02/2021 à 23:48

@Troudku
En effet impatient aussi d'avoir un petit compte-rendu d'EL sur le Festival Gerardmer.
La formule festival en ligne étant une 1ère en plus.
Perso j'ai pris un pass, je n'ai pas pu voir tous les films mais quand-même une bonne partie de la sélection officielle et je trouve que ça valait largement l'investissement.
Me suis bien régalé.
J'attends de découvrir ce qu'en a pensé EL

toto_
07/02/2020 à 21:32

"le mélange de rouerie [...] que les Français aiment à se croire héritier".
C'est "dont les Français", plutôt, nan ?
A part ça, je vais passer. Je vais plutôt attendre le duo Poelvoorde / Song Kang-ho

Nouvellevague
05/02/2020 à 22:16

Ça sent les clichés bien cucul à plein nez.
Que le cinéma français s'inspire du cinéma coréen ça, ça serait une très bonne chose.
Je viens de voir Parasites, encore une merveille coréenne.

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