La ch’tite famille : critique qui perd pas le chnord

TINTIN ET BILOUTE

Le terrassier de la marrade bien de chez nous revient donc à ses premières amours, en campant un odieux designer-architecte-salaud de bourgeois, qui après avoir dissimulé depuis des décennies ses origines, se voit incapable d’en réfréner les manifestations après un accident. D’où un débarquement familial malvenu, une nuée de quiproquos langagier et une apocalypse chtimi.

Tout le monde est là

De par sa structure, son collier de clichés humains et sociétaux, le récit qui nous est proposé ici est englué dans des mécaniques issues du XIXème siècle, tant il collectionne les archetypes du vaudeville. Tradition éminemment respectable et souvent source de sublimes saillies, dont Feydeau demeure un des plus beaux exemples en termes de rythmique de l’absurde, elle peut se muer en un héritage trop lourd à porter.

Endormi par sa petite mélodie déjà vue mille fois, La Ch’tite famille n’a aucune chance d’étonner le spectateur curieux, et ne cherche jamais à se hisser au-dessus du salmigondis qui préside à la charte de la comédie française grand public. Ce nouveau projet de Dany Boon rappelle néanmoins que l’artiste demeure un très efficace chef de bande.

Un manège qui déménage grave sa mère

COKE EN STOCK

Car c’est bien son savoir-faire en la matière qui sauve le métrage de la catastrophe. Qu’il s’agisse de Pierre Richard, Line Renaud, Valérie Bonneton, François Berléand ou l’excellent Guy Lecluyse, tous sont utilisés à bon escient et bénéficient de scènes concoctées par et pour eux. Devant la finesse de son jeu, on prie pour qu’un producteur finisse par réaliser combien Laurence Arné excelle, malgré des rôles que refuserait d’interpréter un hérisson sous Tranxene. Seconds couteaux confirmés, petites lames aiguisées, patrons du tranchant ou vieux beurriers émoussés, le groupe forment une armada comique régulièrement efficace.

Boon lui-même, pour caricatural et routinier qu’il soit, fait une nouvelle fois preuve d’une énergie impressionnante. De toutes les scènes, de la moindre réplique, il se donne, se jette et se projette, confirmant qu’il est bien un pantomime hybride et assez inclassable dans le paysage français actuel. On regrettera simplement que cette sève irrigue un tronc à l’écorce si fade.