La fête est finie : critique détox

Christophe Foltzer | 28 février 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 28 février 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

On n'arrête pas de nous rabâcher que la drogue c'est mal sans vraiment nous mettre devant le fait accompli. Heureusement, le cinéma est là et en particulier La fête est finie qui décide d'y aller franco.

Céleste et Sihem sont deux jeunes femmes que tout oppose, des âmes en peine, si ce n'est qu'elles partagent les mêmes addictions. Envoyées dans une centre de désintoxication, elles vont se rapprocher, se découvrir et se soutenir avant que le cadre trop rigide pour elles ne les éjecte. Livrées à elles-mêmes, au milieu d'un monde de tentations qui n'a pas oublié leurs problèmes, les deux amies vont essayer de s'en sortir par leurs propres moyens. Mais la rechute n'est jamais très loin.

 

Photo Zita Hanrot, Clémence Boisnard

Les formidables Zita Hanrot et Clémence Boisnard

 

ADDICTION, CONFUSION, SAVON

Pour un premier film, Marie Garel Weiss n'a pas froid aux yeux puisqu'elle nous invite à vivre de l'intérieur une douloureuse guérison sans nous préserver de ses moments les plus difficiles. Et c'est d'ailleurs l'une des plus grandes qualités du film que de ne pas aborder son sujet avec complaisance et timidité. De l'arrivée au centre jusqu'à la fin du récit, le spectateur vivra en même temps les souffrances de ces deux personnages trop tôt brisées par la vie et un système qui ne les comprendra jamais vraiment.

C'est tout le mérite de cette histoire touchante de nous inviter dans une zone grise et ambigue où la rigidité administrative n'est pas uniquement envisagée sous un angle réducteur et clivant. Le récit oppose deux sentiments bien connus de l'humain, et avec brio pendant une bonne partie du métrage, brouillant ses cartes et ne permettant jamais au public de trancher si le choix de raison ou le choix du coeur est le meilleur. Son approche réaliste et crue nous met constamment dans cet entre-temps, n'ignorant jamais que la dépendance n'est pas que question de substance et peut également entrer sur le terrain affectif lorsque l'organisme est privé de sa dose.

 

Photo La fête est finie

 

LES ANGES ONT LA PEAU DURE

On pense évidemment à La Vie rêvée des anges, l'un des films français définitif sur ce sujet, mais La fête est finie a l'intelligence de s'écarter rapidement de cette référence qui aurait pu être gênante pour prendre son sujet à bras le corps. On ne saurait que trop féliciter la réalisatrice d'avoir choisi deux comédiennes extraordinaires, Clémence Boisnard et Zita Hanrot, fantastiques d'intensité et d'authenticité dans les rôles de Céleste et Sihem, totalement dévouées à leur interprétation à un point que cela en devient inquiétant par instants. Nous assistons clairement là à la naissance de deux grandes comédiennes qui, on l'espère, auront la carrière qu'elles méritent. Croisons les doigts pour que le cinéma français se rende compte des bijoux qu'il tient entre ses mains.

 

Photo Zita Hanrot

 

Pourtant, après une première partie d'une grande intensité, passionnante, riche et profonde, le film fait un choix curieux. Il se transforme quasiment en documentaire sur la réhabilitation, nous montrant toutes les différentes étapes du parcours et la difficulté qui en découle. C'est à la fois une force et une grande faiblesse, puisque c'est à partir de ce moment que La fête est finie laisse de côté ses personnages et le lien fort qui s'est créé entre elles. Si cela est logique du point de vue de la dramaturgie, on aurait aimé rester dans cette extraordinaire dynamique. Cela dit, cela ne détruit pas le film pour autant, ça l'emmène juste ailleurs. Même si l'émotion en prend un coup au passage, le film ne perd pas de vue son désir d'authenticité et son respect du sujet en poursuivant sa lecture documentaire des addictions et des structures sociales ambivalentes qui, d'un côté sont là pour aider nos personnages en quête d'eux-mêmes mais qui, d'un autre côté, propose des infrastructures qui peuvent les mettre en danger à tout moment.

 

affiche

Résumé

Touchant, cru, sombre et juste, La fête est finie aurait pu être un grand film bouleversant sur l'addiction et la reconstruction, attaché à ses personnages portés par des actrices extraordinaires s'il ne faisait pas le choix à mi-parcours de généraliser son propos sur un mode quelque peu scolaire. Un choix très conscient de la part de Marie Garel Weiss et qui ne souffre donc d'aucune critique possible à ce niveau.

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commentaires
T-Rex
24/08/2018 à 03:58

@ Bobby

Non en France, on a Enter the Void et c'est tout aussi impressionnant que les films que tu as cité.

Bobby
01/03/2018 à 10:01

Les américains ont Requiem for a Dream
Les anglais ont Trainspotting

En France on a La fête est finie, un film convenu, sans invention visuelle ou de mise en scène, dont on voit les grosses ficèles dès la BA.
Le cinéma français prouve une fois de plus qu'il n'est capable que de livrer des films ultra conventionnels sur des sujets aussi forts.

Julien mais oui
01/03/2018 à 09:11

Ce film est une vulgaire daube démago, passez votre chemin.

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