Luke Cage : on a vu les premiers épisodes de la série musclée de Netflix

Simon Riaux | 30 septembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 30 septembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Troisième des quatre Defenders à former l’équipe de choc réunie par Netflix et issu du catalogue Marvel, Luke Cage débarque. Est-il à la hauteur des réussites Daredevil et Jessica Jones ?

Déjà aperçu dans la précédente association entre Netflix et Disney, le colosse incarné par Mike Colter est de retour dans le show dédié à son personnage, situé chronologiquement avant sa rencontre avec Jessica Jones. Fraîchement débarqué à New York,  le massif Luke Cage est un fugitif qui cumule les petits boulots. Doté d’une résistance et d’une force hors du commun, il rase les murs, jusqu’à ce qu’une affaire de vendetta le pousse à prendre parti et se dresser contre la violence et la corruption qui gangrènent Harlem.

 

Photo Affiche Luke Cage

 

Plusieurs particularités différencient ce nouveau personnage traité par Netflix. Tout d’abord, il est le plus proche de la figure du super héros « classique » (Jessica Jones faisait peu de cas des pouvoirs de son héroïne, et Daredevil mettait justement en avant les failles, l’humanité de son protagoniste). C’est ensuite et de loin, le plus politique des Defenders.

Deux aspects parfaitement gérés par la série dans ses premiers épisodes. Avec son impressionnante stature, Mike Colter imprime la rétine à chacune de ses apparitions, le plus infime de ses mouvements exsudant une puissance et un charisme contagieux. Dès la première scène, où l’acteur exprime au cours d’un dialogue faussement anodin toute sa force tranquille, Colter EST Luke Cage, géant taiseux et imprenable, craignant sa propre brutalité.

 

Teaser Netflix

 

Luke Cage matters

On aurait pu craindre que la série se précipite avec un peu trop d’opportunisme – ou un manque de subtilité malvenue – dans les débats et tragédie qui embrasent actuellement le corps politique américain. Mais plutôt que de traiter trop frontalement des violences policières ou d’adresser la question du racisme sans la nuancer, Luke Cage aborde ces problématiques en questionnant les notions d’engagement et de vie de la cité.

Dans l’univers déployé par Netflix, les maux les plus profonds ne sont pas tant communautaires et raciaux que structurels et citoyens. Les habitants de Harlem meurent de la corruption de leurs représentants, désespèrent de leur propre manque d’engagement.

 

Photo Mike Colter, Rosario Dawson

 

C’est le point de départ du cheminement héroïque de Cage, la question à laquelle il est sommé de répondre, au nom des siens et afin de les entraîner dans son sillage. Quand un individu doit-il cesser de se préoccuper de lui-même et agir pour le bien commun ?

En abordant les questions soulevées par le décor du show par ce biais, Luke Cage parvient ainsi à questionner avec une réelle pertinence les questions de vivre ensemble, de réussite, et la nécessité de suivre un modèle. Rien de révolutionnaire intrinsèquement, mais un traitement sérieux et intelligent, qui permet de caractériser efficacement les personnages et d’incarner les enjeux qui sont les leurs.

 

Photo Mike Colter

 

Le Bon Gros Géant

Ce qui marque également durant les 4 premiers épisodes de Luke Cage, c’est le soin apporté à la représentation de Harlem. Les amateurs de production Netflix seront ravis de constater qu’il est équivalent à celui porté au portrait de Hell’s Kitchen dans Daredevil.

Mais là où le décor spécifique de Luke Cage apporte un véritable plus, c’est dans son habillage sonore. Bien sûr, Netflix en profite pour balancer ici et là quelques tubes hip hop, soul ou funk, mais c’est surtout dans les transitions et l’habillage des fonds sonores, à priori plus anodins, que l’ensemble étonne.

 

Photo Mike Colter

 

Usant de nappes sonores qu’Hollywood choisit généralement d’ignorer, le show colore ainsi de nombreuses séquences, qu’il rend instantanément plus pop, renouvelant ainsi le feeling de nombreuses scènes classiques ou archétypales. Ici et là (on pense notamment à un cliffhanger à base de lance-roquette), Luke Cage parvient même à doper des scènes relativement basiques,  voire à imposer une patte qui n’appartient qu’à lui.

Enfin, voir ce géant dézinguer du bad guy en hoodie apporte mécaniquement un air frais sur le petit monde des super-héros, lui conférant une rugosité, un impact, bien différent du commun des productions actuelles.

 

Photo Mike Colter

 

Trop bon trop long ?

Malheureusement Luke Cage reconduit certains défauts, désormais habituels, de la recette Netflix, qui commencent à sérieusement entacher la réussite de l’ensemble. Ainsi, le format des épisodes (59 minutes et des brouettes) est beaucoup trop long pour le bien du sujet traité. Et quel que soit le soin apporté par les scénaristes à l’ensemble, les aventures musculeuses de Cage soutiennent très mal la structure imposée par cette durée.

D’où des séquences très inutilement étirées en longueur, se caractérisant par des dialogues parfois interminables, souvent surexplicatifs, que les auteurs tentent ici et là de maquiller par des excès de langage bien gras, frisant parfois la beauferie pure et simple, ou la dilution superfétatoire de l’action. Les « Je n’aime pas la paperasse, mais je préfère une agrafe dans le doigt qu’une balle dans le cul » laissent ainsi un goût amer au spectateur, tant ce type de répliques surécrites vient parfois gâcher l’ensemble d’une scène.

 

netflix

 

Mon poing dans ta gueule

Le show, après quatre épisodes, accuse aussi un certain retard en matière de force de frappe. Car si Luke Cage impressionne en golgoth impavide, la représentation de ses pouvoirs manque cruellement de cinégénie. Les séquences d’action, pourtant pensées comme le point d’orgue de certains épisodes, manquent souvent de punch, et sont intrinsèquement limitées par leur concept – le héros prend les méchants, un par un, parce qu’il est trop super fort.

Et si jusqu’à présent, les séries Netflix avaient offert à leurs protagonistes des adversaires de poids (Fisk, Killgrave, le Punisher), pour le moment, Luke Cage manque un peu d’un ennemi à sa hauteur. En effet, Cottonmouth est interprété à la perfection par Mahershala Ali, mais il n’a pas forcément la carrure, la dimension démoniaque ou machiavélique de ses prédécesseurs.

Rien de rédhibitoire, tant le soin apporté par Netflix à l’ensemble, les excellents ingrédients qui composent sa recette, font une nouvelle fois mouche. Espérons néanmoins que la firme modifie prochainement quelques uns de ces éléments, sous peine de transformer progressivement la belle matière première dont elle dispose en une série de photocopies désincarnées.

 

netflix

Tout savoir sur Luke Cage

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Arnaud
06/10/2016 à 11:28

Y a une erreur dans votre article, cette saison se deroulant apres Jessica Jones (comme en temoigne le personnage de Claire Temple qui connait deja Luke Cage et lui parle meme de Jessica Jones).
Je pense meme que cette serie se passe apres la saison 2 de Daredevil car le personnage qui joue aux echecs (j'ai oublié le nom) declare s'etre fait virer de Hell's Kitchen, or on peut le voir dans la saison 2 de DD se faire remettre a sa place par Daredevil qui lui dit de quitter Hell's Kitchen et de ne pas revenir

Sinon la serie, pour ma part, je trouve la serie assez moyenne.
Pas trop mal dans son ambiance Harlem Rap/Hip-Hop/Blaxploitation vraiment sympa pour qui aime cette ambiance. (ce coté la est meme totalement reussi en fait)

Mais l'histoire n'est pas dingue, Cottonmouth n'est pas au niveau de la folie de Kilgrave de la "bipolarité" de Fisk et de la sauvagerie de Punisher, et meme si j'aime bien sa composition Mike Colter souffre quand meme d'un cruel manque de charisme et de presence (et son personnage manque de puissance affichée .. meme Jessica Jones a ce niveau faisait bien mieux).
Surtout, comment croire a ce recit quand finalement on se rend compte que le probleme pourrait etre reglé en 2 episodes ... Quand a l'idée de trouver a Luke Cage un point faible, ca sent quand meme les difficultés de narration d'une histoire qui s'etire inutilement sur 12-13 episodes de 60minutes ...
Pour finir les scenes d'actions sont effectivement mou du genou (quand on compare la scene du couloir avec le plan sequence de Daredevil, y a franchement pas photo), et parfois pas tres coherente (on se court dessus avec des fusils de malade en plein dans les rues NY et pas un flic qui se pointe ?)

Donc la serie pas trop mal, mais elle est quand meme loin de ses petites soeurs Daredevil/Jessica Jones ... Je dirais que c'est le premier faux pas de Marvel/Netflix (et attention faux pas largement mesuré tant la qualité globale reste de mise)

Faudra esperer que le niveau se releve si une saison 2 voit le jour dans le futur

REA
01/10/2016 à 22:30

Je viens de terminer le 6ème épisode et je trouve ça bof.

L'ambiance, la qualité, les décors. Rien à dire. Gros point fort les scènes dans le club avec des musiques de qualités.
Le casting et les personnages oscillent entre le moyen et le pas trop mal. (Scarfe est nul, Luke m'agace par moment). Le seul à s'en sortir haut la main et sans surprise c'est Mahershala Ali (Cornell)

Mais ça ne prend pas au niveau de l'histoire. C'est du déjà vu, revu et corrigé. Le tout rythmé d'une lourdeur.

thierry
01/10/2016 à 17:19

C'est étonnant comment la télé arrive à créer une atmosphère qu'ils n'arrivent jamais à rendre au cinéma.
Alors que les films s'acharnent à intégrer les héros MARVEL dans une réalité quotidienne, banale même, les versions TV ont toujours crée un monde a part, différent, décalé, comme... et bien, comme les héros DC.
Dés le premier épisode on plonge dans une réalité mi 1970 mi 2016, avec quelques rare smart phone ou écrans plats mais ça s’arrête là.
Un Luke Cage, aujourd'hui, serait harcelé et suivit toute la journée par des journaleux en mal de scoop people, voire même surveillé par un drone, etc...
Mais non, on règle ses compte dans la rue, pénard, a l'ancienne, comme au temps de Capone.
Le héros traîne sa carcasse dans une ambiance lente et pesante, mais stylée.

Le problème avec les personnages trop fort, c'est qu'il pourrait régler le problème en trois épisodes mais qu'il va falloir en attendre 13 pour y arriver.
Les 5 premiers épisodes me plaisent bien, mais je vois pas comment faire durer la série sans créer un défaut sérieux à la cuirasse de Cage.

champy
01/10/2016 à 14:55

PUNISHER, please !

LaTeub
01/10/2016 à 13:55

Why not? Pas encore vu mais comme dit GOD, vivement Iron Fist!!!!

GOD
30/09/2016 à 22:55

Pas accrocher au show....de belles choses ici et la c'est vrais.....mais l'univers me laisse de marbre....et avec le rythme....lent.....ca ne m'aide en rien.

Bref vivement Iron Fist pour moi.....enfin est surtout LE PUNISHER !!!

KibuK
30/09/2016 à 20:37

J'aime cette critique. Merci.