Resident Evil : que vaut la série des zombies version Netflix ?

Geoffrey Crété | 14 juillet 2022 - MAJ : 14/07/2022 12:08
Geoffrey Crété | 14 juillet 2022 - MAJ : 14/07/2022 12:08

Resident Evil est de retour, sur Netflix, avec une série qui s'intéresse à Wesker, l'un des grands méchants des jeux vidéo. Critique des 4 premiers épisodes.

Après une douzaine de jeux Resident Evil (sans compter les dérivés), une saga de six films avec Milla Jovovich, un reboot au cinéma en 2021, trois films d'animation et une semi-remorque de produits et machins dérivés, Resident Evil est un super-univers super-bordélique. Le royaume des zombies a accueilli des clones, des sectes, des dragons, des robots, des pouvoirs magiques, et tellement de mutants que les X-Men peuvent aller se rhabiller pour trois hivers.

 

 

Mais ce monde ne suffit pas et la machine Capcom continue à avancer. Un remake de Resident Evil 4 sortira en mars 2023, la suite de Resident Evil: Village est une solide option, un nouveau film Resident Evil pourrait arriver, et Netflix a également mis la main sur le paquet. Après l'affreuse série animée Resident Evil : Infinite Darkness, voici donc venue une série en prises de vue réelles, centrée sur Wesker et sa petite famille.

Une idée parfaitement incongrue, voire gentiment ridicule ? Oui. Mais la série commence comme un bon petit plaisir simple et régressif. Avis sur les quatre premiers épisodes.

ATTENTION SPOILERS

 

 

passé décomposé

D'un côté, il y a 2022. Papa Wesker et ses deux filles emménagent à New Raccoon City, qui ressemble à un décor de Divergente, et cache les activités évidemment pas catholiques d'Umbrella. De l'autre, il y a 2036, monde post-apocalyptique peuplé de zombies et autres bestioles, où l'une des filles Wesker essaie de survivre et échapper à Umbrella.

Au milieu, il y a beaucoup de questions. D'où Wesker est-il un papa célibataire ? D'où sort cette pilule d'antidépresseurs à base de Virus-T ? Pourquoi une histoire sur deux temporalités ? Pourquoi certaines scènes ressemblent à un spin-off de 13 Reasons Why ? Quel est le rapport avec Resident Evil au-delà de trois noms et deux vagues idées ?

Inutile de chercher des réponses, puisque cette série vaguement adaptée des jeux vidéo est bel et bien un gigantesque pot-pourri. C'est un nouveau stade de mutation logique pour la saga, qui s'autorecycle et s'autoparodie depuis une bonne décennie, en injectant régulièrement une nouvelle babiole. La série Netflix apparaît comme un bébé difforme, entre les clichés de la mythologie culte (Umbrella, le Virus-T, Wesker, les bestiaire) et le caractère Z des films avec Milla Jovovich (le futur post-apo et sous-Mad Max). Et tant pis si personne n'avait osé en rêver.

 

Resident Evil : photo, Lance ReddickQuel est le plus gros rat de cette image ?

 

cour décolle

Premier problème : Resident Evil se tire trois balles dans le pied avec sa double temporalité, énorme frein pour le rythme de la série - et grande épreuve d'endurance pour toute personne venue cherche du Resident Evil. Pour avoir droit à sa petite ration de zombies, araignée géante et autres lickers dans le futur, il faudra ainsi survivre à un présent centré sur Jade et Billie, lancées dans le grand bingo de l'adolescence selon les séries américaines - nouveau quartier, nouveau lycée, nouveaux codes de survie, avec option petite brute et potentiel petit copain.

Personne n'a envie de voir ça dans un Resident Evil, et aucune adaptation ne l'avait osé jusque là. 1 point pour l'audace donc, mais 15 en moins pour l'affront, qui remettra une pièce dans la machine "c'est l'algorithme Netflix".

Néanmoins, cette facette SKAM Rance n'est pas uniquement ratée à cause des ados, incarnées par Tamara Smart et Siena Agudong. En réalité, à peu près rien ne va dans cette partie de l'histoire, qui déroule une énième version d'Umbrella, avec son centre sous-terrain top secret et nickel chrome, ses actionnaires diaboliques et anonymes, et ses expériences douteuses dans trois caisses en plastique. La richesse de la direction artistique ferait passer les Paul W.S. Anderson pour du Terry Gilliam, et la pauvreté générale est presque comique.

 

Resident Evil : photo, Lance Reddick, Paola NuñezTop 10 des pires "méchants" de tout Resident Evil

 

La grande méchante PDG d'Umbrella, elle, aurait eu sa place aux côtés de Milla Jovovich. Fringuée, caractérisée et interprétée comme si elle sortait de Resident Evil 6 (ce n'est pas un compliment), cette boss tendance dominatrice, incarnée par Paola Nuñez, plonge régulièrement la série dans le Z. Face à elle, le nouveau Wesker n'est qu'une coquille vide, héritée des jeux, où il n'a jamais été un personnage particulièrement riche malgré ses évolutions-mutations de sous-Matrix.

Impossible de se passionner pour ce petit cirque, d'autant plus ronflant que tout ceci est censé être un compte à rebours avant le chaos. Le seul suspense réside sur le sort de papa Wesker et Billie avant l'apocalypse, mais vu le degré zéro d'intérêt pour ces deux personnages, c'est une belle perte de temps. La BO 100% pop et 0% utile n'arrange pas l'affaire.

 

Resident Evil : photo, Tamara SmartNiveau 3 sur l'échelle relou d'Ashley Graham


skyzo-frémir

Comment une moitié de série Resident Evil peut-elle être fade à ce point ? Peut-être pour artificiellement booster l'autre partie, consacrée à ce fameux futur post-apocalyptique. Budgets (et ambitions) de Netflix oblige, les paysages de 2036 sont encore moins sensationnels que ceux de Resident Evil : Chapitre final et Resident Evil : Extinction. Il y a des rues mal rangées, des maisons très sales, et beaucoup de sous-sols. Entre un mini-décor aux frontières de la parodie Mad Max, un tunnel encombré de voiture et un horizon international pour la suite, tout l'imaginaire post-apo est là. Le cahier des charges est rempli, même s'il est largement inspiré par les pires jeux vidéo (et films) de la saga.

Pour masquer l'écriture extrêmement bête, la faute à une héroïne inspide (Ella Balinska n'y peut rien) et un sac de figurants parfaitements vides, la série sort alors la petite artillerie. Le fan de Resident Evil pourra compter sur les doigts d'une grosse main dodue les monstres tirés des jeux, et se repaître de quelques images sanglantes. D'un bras qui s'arrache sur le carrelage d'une salle de bain à des lickers qui ont rarement été aussi puissants, en passant par une araignée très énervée, un petit seau de sang chaud et chairs fraîches est jeté sur les murs à partir des épisodes 3 et 4. La satisfaction est relative, mais elle est là.

 

Resident Evil : photoLe sortilège   ̶d̶u̶ ̶s̶c̶o̶r̶p̶i̶o̶n̶ ̶ de l'araignée de Jade

 

Dans ces moments de pure série B, où le piège se referme sur les personnages-rats avec une malice à la hauteur de leur bêtise, la série Resident Evil  embrasse son destin de petit plaisir régressif. Malgré quelques écarts qui donnent envie de se frapper la tête avec une brique (quelqu'un a eu l'idée de mettre du Jamiroquaï sur une scène d'action, en 2022), la mise en scène connaît quelques petits sursauts amusants, notamment dans une scène de Prison Break version zombies. Ce n'est jamais très inventif, c'est même souvent bancal, et la photo est parfois illisible dans l'obscurité, mais c'est au-dessus de la moyenne des mauvaises séries torchées avec zéro effort.

Le sang étant le seul joker de la série Resident Evil, le reste est réduit à peau de chagrin. Pendant que l'invincible Jade traverse des décors déconnectés les uns des autres, avec quelques accès d'héroïsme bas de gamme (sauver un mioche en plein chaos, bien sûr), tout devient alors un cirque.

Cette approche décomplexée est assumée avec l'irruption d'une secte de culs bénits du nord de la France, en hommage mi-étrange mi-grotesque aux Illuminados de Resident Evil 4. Mais comme c'est présenté-exploité-évacué en quelques scènes, la seule option est d'en rire, en désactivant quelques neurones pour ne pas s'encombrer d'une réflexion que les scénaristes ne veulent surtout pas avoir. La présence d'un monsieur tronçonneuse traduit ce manque de carburant, puisque cette image si mémorable de RE4 est réduite à une mini-scène parfaitement plate, avec une menace transformée en gag.

 

Resident Evil : photoMassacre de la tronçonneuse

 

resident et vite

Après 4 épisodes, la série Resident Evil se présente comme une nouvelle preuve que personne ne sait comment et pourquoi adapter les jeux vidéo cultes. Après un film Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City qui avait tenté le pari de l'adaptation directe pour essayer de charmer les fans, et une série animée centrée sur Claire et Leon, la série Netflix revient à la formule d'hier.

Sur l'échelle du kamoulox et de l'amusante nullité, la création d'Andrew Dabb (Supernatural) se place au milieu de la saga de Paul Jovovich et Milla W.S. Anderson, en proposant un recyclage-remix improbable, qui doit finalement plus à un spin-off de The Walking Dead qu'aux aventures sur console - sauf si on prend Resident Evil 5 et Resident Evil 6 comme repères.

 

Resident Evil : photo, Ella BalinskaRed is Dead

 

A condition d'accepter cette approche, la série Resident Evil 2022 se regarde d'un œil à moitié ouvert et distrait, principalement grâce à un petit appétit de sang et de cruauté. A partir de l'épisode 3, le cauchemar commence enfin, un peu, et laisse espérer une vraie dose de monstres qui va venir bouffer tout le monde - et surtout toutes les intrigues insipides. Il faudra au moins ça pour digérer la partie pré-apocalypse gentiment insupportable, et une écriture qui ferait passer l'intro du jeu de 1996 pour du Aaron Sorkin.

Reste aussi à voir où iront les quatre derniers épisodes avec la mythologie. Entre l'incident de Old Raccoon City qui rappelle beaucoup les événements de Resident Evil 3 : Nemesis, Evelyn Marcus qui renvoie au co-fondateur d'Umbrella dans les jeux, et bien sûr la figure de Wesker au milieu, la série sème des indices aussi discrets que des parpaings. Si c'est comme le reste des hommages, ce sera du vent, mais l'espoir est permis.

Dans tous les cas, Resident Evil version Netflix est jusque là une petite chose insignifiante, qui devrait juste donner envie de relancer un bon film de zombie (28 jours plus tard, 28 semaines plus tard), ou un bon jeu de la saga (Resident Evil 1 et 2, originaux ou remakes).

Tout savoir sur Resident Evil

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Beast
18/07/2022 à 02:38

J'ai franchement du mal avec cette série et pourtant je suis généralement bienveillant envers le contenu Netflix. Les dialogues VO du passage "2022" me font pratiquement à chaque fois lever les yeux au ciel. le cliché de Jade en mode "edgy girl" qui te lance des punchlines à faire pleurer (genre de ses activités sont de "regarder du porno zootopie" dans l'épisode 1 dès les 5 premières minutes...)

J'ai aimé le passage avec les lickers (difficile de rater ça dans le noir quasi complet et en huis-clos)
Le chien zombie qui brise enfin une fenêtre (hommage tellement réchauffé et attendu, désolé)
Le passage avec l'araignée était stupide (le coup du gosse vous comprendrez... la famille pathétiquement inutile)

en gros Jade dans la time line 2022 est irritante et idiote alors qu'en 2030+ elle ne fait que laisser des dizaines de cadavres tièdes dans son sillage uniquement pour aller retrouver sa gamine dont on en a rien à faire.

Billie est encore pire... caractère centré sur son véganisme et les petits lapins... la référence à Peta et son conflit surjoué avec une élève pro-chasse est risible. ça fait peur pour la version 2030+.

Wesker est une agréable surprise bien que trop en retrait. voir le maitre d'hotel des john wick fait plaisir bien que je ne comprenne pas le casting.

En gros, c'est triste et risible à la fois. un nanar au gout amer (au point de glisser un cri de wilhem au pire moment...) c'est de la soupe assez fade au final.

The insider38
17/07/2022 à 16:00

Lire qu il y a des gens intelligents qui ont compris et apprécié cette série me ravi.
J ai usé l’ensemble des jeux jusqu’à la moelle, et oui les jeunes , moi j’ai connu avec le premier jeux , inutile de vous dire que je suis incollable,et intransigeant, et bien j’aime cette série. Vu l’ignoble purge qu on nous balance au cinéma récemment, exellente surprise, et très bonne idée la double tagline.

JR
16/07/2022 à 15:43

Bingé hier, je rejoins @Kelso, pas déplaisant à regarder (même de jolis plans dans les 4 premiers épisodes). J'y ai retrouvé les défauts (personnages WTF et grandiloquents) et qualité (donner envie de connaître le fin mot de l'histoire) des jeux.
Donc un 11 sur 20, ce qui est bien, mais pas top.

nil
16/07/2022 à 02:41

cette serie ma fait souffrir, j'ai abandonner au bout d'une heure.

Spooky
15/07/2022 à 23:12

Franchement c'est sympa, y a du zomblard. Ça reste dans la veine de capcom sans être trop agressif niveau progressisme sauce netflix.

Lance reddick est bon en wesker qui ressemble bien plus à Blade ! ^^

andarioch1
15/07/2022 à 11:37

Conquis!
le premier épisode, en particulier, bénéficie d'une réalisation soignée et inventive.
Le casting est plutôt pas mal (excepté Jade jeune, qui semble parfois ne pas savoir quoi exprimer, ni comment).
Après je n'y connais pas grand chose niveau resident evil. Pas joué aux jeux, pas vu les films (même si j'en ai abondamment entendu parler).
Du coup, même si je sens parfois une référence qui m'échappe, j’appréhende la chose vierge de tout a priori. Et je dois reconnaitre que j'ai bingé 6 épisodes avec une réelle satisfaction.

fuck
15/07/2022 à 11:34

Un abruti d'antivax.

Zombycalyspo
15/07/2022 à 10:35

pas besoin de mater des series ou films de Zombies: ils sont déjà dans la rue, ils portent des masques parfois tout seul , et ont pris les vaxxs,
alors qu'il fait 25 degre a l'ombre et plus de 50 au soleil,pas besoin de payer pour voir lol

Kelso
15/07/2022 à 00:49

Après 3 épisodes, je dois dire que j'apprécie pour le moment, ça se regarde sans déplaisir, les deux temporalités sont un peu ennuyante au début mais on s'y fait et ça passe bien par après. Evidemment il ne faut pas s'attendre à une adaptation fidèle des jeux, il faut plus prendre la série comme un produit dérivé, ça se passe dans le même univers, il y a plusieurs clins-d'oeil à la saga de jeux vidéo (certaines séquences, le bestiaire, le virus T, quelques noms) mais ça s'arrête là et c'est pas plus mal. Les effets spéciaux vont du bon au moyen mais rien de vraiment affreux, le rythme est soutenu en partie grâce aux deux temporalités, donc peu de temps morts. Je trouve l'actrice qui joue Jade dans le futur plutôt bonne mais les seconds rôles sont pas toujours très bons. Bref à voir si vous aimez le style post-apo /zombies /monstres, moi en tout cas je continue demain. Je pense que le plus gros défaut de la série c'est qu'elle s'appelle Resident evil, ça aurait été un autre nom il y aurait certainement moins d'avis négatifs.

Niconico
14/07/2022 à 21:49

Ben dite moi donc qu'est-ce qu'elle ramasse la série RE ici-bas. Ça va devenir un sport national de defoncer les Adaptations de RE si ça continue...
Sinon vous pouvez arrêtez de regarder si ça vous gonfle.
Perso je passe un très bon moment !

Plus