La Folle Journée de Ferris Bueller : critique

Jérémy Ponthieux | 16 décembre 2012
Jérémy Ponthieux | 16 décembre 2012

Voilà désormais 25 ans que La folle journée de Ferris Bueller, quatrième long-métrage de John Hughes, fait office de classique. 25 ans que ce long-métrage est cité, détourné, redécouvert par des générations nouvelles qui vont jusqu'à la réadapter à l'usure, dans le sillage d'un Judd Apatow. Une situation partiellement cohérente tant ce Ferris-là contient les germes d'une jeunesse à l'irresponsabilité déifiée, où l'immaturité la plus sauvage devient une ligne de conduite. 

Magnifiée par l'interprétation décontractée de Matthew Broderick, Ferris Bueller est ce lycéen rusé qui profite de la confiance de ses parents pour prendre la tengante en plein Chicago, entrainant dans son indécrottable procrastination sa petite amie, son meilleur pote hypocondriaque et le proviseur enragé qui met un point d'honneur à l'attraper la main dans le sac. En bon provocateur, Hughes ne met pas en accusation son personnage mais l'aide au contraire à toujours se sortir blanchi des problèmes qu'il attire, transformant son conte étudiant en provocation ludique envers toute forme d'autorité. Le traitement réservé au proviseur tient lieu de boutade suprême, entre la caricature amusée et le sadisme de dessin animé ; et l'on prend vite goût à la vacuité qui rythme le récit, puisque Ferris et ses copains ne font finalement rien d'autre que s'amuser.

 

 

Si Breakfast Club est un film profondément angoissé, flirtant génialement avec le versant dramatique de ses personnages, Ferris Bueller est davantage une sucrerie faite maison, à la fois objet pop typique de son époque et film-concept proche de son auteur. On y retrouve en effet cette même recherche du tempo qui claque et de la formule irrésistible qu'un certain Michael Jackson, entre le twist étourdissant et la sophistication d'un Beat It. L'insouciance qui anime les divers protagonistes apporte un cachet surréaliste à un récit qui n'en manque pas et l'on se laisse promener dans cet univers où tout paraît possible, même traverser des maisons sans frapper poliment à la porte.

 

 

 

En témoigne cette célèbre séquence musicale en plein défilé, où l'explosion de couleurs (autant vestimentaire que pigmentée) fait office de cri de joie salvateur dans une présidence « reagannienne » puant le costard cravate gainé. Une juvénilité qui n'empêche pas le désarroi d'éclore lorsque l'un des personnages déverse sa rage jusqu'alors contenue, typique de ces moments d'émotion précieux qui font regretter l'absence derrière la caméra de ce réalisateur à l'univers si singulier. Et quand l'aparté-caméra post-générique nous invite à quitter la salle sous peine d'ennui, on se dit qu'on aurait bien continué un peu à se faire entraîner par cette fougue contagieuse qu'est celle de La folle journée de Ferris Bueller. Comme quoi 25 ans après, un film peut toujours se montrer aussi rafraichissant qu'à l'époque. Immanquable.

 

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