Dernier train pour Busan : quand la Corée nous offre un film catastrophe ravageur

Jacques-Henry Poucave | 27 juillet 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Jacques-Henry Poucave | 27 juillet 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Le cinéma Coréen, s’il ne déplace malheureusement pas toujours le grand public, est souvent très apprécié sous nos latitudes. Et si on le connaît plus pour ses polars ou thrillers hallucinants, Dernier Train pour Busan se fait le porte-drapeau d’un autre genre qu’il maîtrise admirablement : le film catastrophe.

Retrouvez ici notre ciritique de Dernier Train pour Busan.

trailer

Avec The Strangers ou encore Man on High Heels, la Corée se paie un riche été dans l’Hexagone, qui culminera le 17 août prochain avec la sortie de Dernier Train pour Busan. Un blockbuster qui a le bon goût de renouveler l’image du zombie un peu trop cristallisée par Walking Dead et des productions occidentales bas de gamme, mais surtout de sortir le film catastrophe coréen de l’ornière du direct to video où ce type de productions se retrouvent le plus souvent claquemurées.

On profite donc de l’occasion pour revenir sur certains ingrédients de ces œuvres qui valent mieux que leur réputation de purs produits d’exploitation.

 

Premier Degré mon ami

Alors que la plupart des blockbusters se sentent désormais obligées d’afficher une dimension méta, ou au moins une forme de complicité avec le spectateur qui glisse souvent vers le cynisme ou une quasi-dérision, leurs concurrents coréens, eux, ne cherchent pas le clin d’œil facile.

Les spectateurs qui se sont régalés du sympathique Pandémie l’ont d’ailleurs constaté : quand le cinéma Coréen cause catastrophe, il n’y va pas pour rigoler. Et il en va de même pour Dernier Train pour Busan, qui parvient à maintenir son sérieux, malgré une cascade d’idées et une inventivité permanente.



Que les personnages dévoilent toute l’étendue de leur veulerie, ou qu’ils affrontent à main nues des hordes de morts-vivants affamés, le métrage conserve un premier degré salvateur, qui lui permet de conserver une tension admirable.

 

Ma Famille d’abord

Certes, le film catastrophe, à fortiori ses émissaires américains, ont toujours mis les rapports sociaux, notamment familiaux, au centre de leurs récits. Mais la tendance lourde de ces productions à faire des rapports familiaux un pur tract politique a pu faire oublier combien ces mécaniques, bien utilisées, pouvaient être le parfait carburant de ce type d’œuvres.

Cannes 2016

Ainsi, souvenons-nous de The Host. Si le film était indiscutablement politique, il prenait également soin de traiter sa famille de héros essentiellement pour ce qu’ils étaient et comme un ressort émotionnel potentiellement surpuissant. C’est exactement la logique qui anime Dernier Train pour Busan.

Ici chaque personnage suit une logique dictée, non pas par des stéréotypes basiques, mais par ce qu’exigent leurs rapports sociaux. Et voir se combiner les dynamiques créent par un père et sa fille, un couple attendant un enfant, un patron abusif ou l’amitié entre deux femmes mûres fait énormément pour notre investissement en tant que spectateurs.

 

Spectacular Spectacular

Si le cinéma Coréen sait faire un usage tout aussi cracra que ses concurrents hollywoodiens, il est aussi capable de lui en remontrer en matière d’images spectaculaires à l’impact sacrément réel.

Cannes 2016

Vous vous rappelez des gigantesques montagnes de zombies enragées de World War Z ? Une idée géniale, malheureusement un peu gâchée par des images de synthèse manquant cruellement de chair. Dans Dernier Train pour Busan, pas de ça. A de rares exceptions près, les zomblards sont joués par des comédiens (et des comédiens sacrément sportifs, on vous le garantit !). Ainsi, quand ces vilains anthropophages s’amoncèlent en énormes tas, c’est un véritable sentiment de vertige qui nous envahit.

 

Et la politique dans tout ça ?

Là où le cinéma catastrophe américain est souvent l’occasion de souligner les valeurs conservatrices de l’Oncle Sam, le cinéma Coréen a tendance à utiliser le genre pour critiquer et attaquer l’Etat et/ou les rapports sociaux.

C’était le cas dans le plaisant The Tower en 2012, également dans The Host. Un flambeau brillamment repris par Dernier Train pour Busan, qui ausculte l’atomisation du corps social coréen, le rôle des corporations libérales, tant sur le plan écologique que celui de la responsabilité devant la justice.

Vous l’aurez compris, Dernier Train pour Busan est un sacré film catastrophe. Et comme on vous le détaillera prochainement, c’est aussi un sacré film de zombies.

 

cannes 2016

Tout savoir sur Dernier train pour Busan

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commentaires
Stg_citylights
28/07/2016 à 21:52

Vive le 17 then!!!!