Netflix veut arrêter de faire des films nuls et trop chers, et on demande à voir

Hector Pierrès | 16 avril 2024 - MAJ : 16/04/2024 20:23
Hector Pierrès | 16 avril 2024 - MAJ : 16/04/2024 20:23

Il va y avoir de gros changements pour les films Netflix, avec l'arrivée du nouveau patron Dan Lin. Objectifs : arrêter les films trop chers et pas assez bons, et repenser la stratégie globale.

Et si Netflix était en train de se réinventer ? En janvier 2024, le responsable des films Netflix, Scott Stuber, a quitté son poste. Officiellement, c'était pour créer sa propre compagnie. Officieusement, la rumeur parlait de désaccords avec les pontes de la plateforme. La débâcle tournait autour du type et surtout du nombre de films que le géant du streaming devait financer.

Selon The Hollywood Reporter, Scott Stuber pensait que la plateforme produisait trop pour avoir un contrôle qualité digne de ce nom. Il voulait une approche semblable à celles d’Apple et Amazon. Netflix et Stuber se sont accordés sur leurs désaccords, et il a quitté l'entreprise.

Mais Scott Stuber avait peut-être mis le doigt sur quelque chose en disant que Netflix produisait trop. Son successeur, Dan Lin, va changer beaucoup de choses dans la manière de choisir, produire et accompagner les films. Avec un objectif : dépenser moins, et mieux, pour faire moins de mauvais films.

 

Le Monde après nous : photoLe Monde après nous était le plus gros succès de Netflix en 2023

 

rabaisser le budget des films netflix

Un article de The New York Times confirme bien des choses qui ont été dites sur ce changement récent. Une des premières mesures prises par Dan Lin a été de réorganiser le département des films, composé d'environ 150 personnes. Il a viré une quinzaine d'employés (dont quelques uns très hauts placés) qu'il compte remplacer par des personnes adaptées à sa vision, puisque désormais les équipes seront divisées par genre, et non plus par budgets.

Les films Netflix seront réunis sous quatre étiquettes :

  • Action, fantasy, horreur et science-fiction
  • Drames, thrillers et films familiaux
  • Films de vacances, de foi et young adult
  • Comédies et comédies romantiques

 

Damsel : Photo Millie Bobby BrownLa Demoiselle et le dragon et la fantasy et l'action

 

Dan Lin a indiqué que Netflix allait arrêter les superproductions d'action comme The Gray Man et Red Notice (200 millions chacun). Les salaires des acteurs et actrices devraient également être remis en question, ceux-ci ayant explosé pour compenser l'absence de pourcentage sur les recettes du box-office – un bonus qui peut se chiffrer en millions sur les blockbusters pour les personnalités de premier plan à Hollywood.

Pour rappel, Gal Gadot, Dwayne Johnson et Ryan Reynolds avaient chacun touché 20 millions pour Red Notice, soit environ 30% du budget du film. A l'avenir, les salaires pourraient être liés aux audiences des films, pour trouver un système comparable au box-office.

 

Red Notice : photo, Ryan Reynolds, Gal Gadot, Dwayne JohnsonVous vous souvenez de Red Notice ? Nous non plus

 

plus de variété pour les films netflix

Le mandat de Dan Lin serait donc tourné vers la qualité et la diversification des films. Le géant du streaming voudrait produire mieux, plus largement, et à différents niveaux de budgets (comprendre : mieux répartis, et moins chers). A ce titre, les producteurs seront invités à développer des projets eux-mêmes, plutôt que d'attendre qu'on vienne les voir.

The New York Times a sa manière de résumer la situation : ce serait le début de l'âge de l'austérité pour Netflix.

 

Agent Stone : y aura t-il un Agent Stone 2 ?Gal Gadot, toujours sur les bons coups

 

La nouvelle vision de Dan Lin semble s’attarder sur le vaste nombre de profils différents ayant souscrit à la plateforme. Avec 260 millions d’abonnés début 2024, les goûts sont forcément variés, et séduire un public si large n'est pas une mince affaire. Ce serait le principal objectif pour les prochaines années : donner aux abonnés ce qu'ils veulent... quitte à délaisser les auteurs, selon The New York Times.

Selon Digital i, Netflix a eu deux fois moins de "hits" (un film ou une série visionné par au moins 30% des abonnés) en 2023 qu'en 2022 (10 contre 22). Cela survient alors que le service a enregistré 30 millions de nouveaux inscrits l’an dernier. Le public est donc plus dilué à travers la plateforme.

Si la volonté de Scott Stuber de faire moins de films n’avait pas été respectée, il faut noter qu’il avait déjà réussi à faire en partie baisser le total de productions à l’année (90 longs-métrages originaux en 2018, contre 49 en 2023). On peut donc espérer qu'avec ce nouveau système de contrôle et de production, la qualité sera en hausse chez Netflix. Réponse d'ici quelques années.

 

Tout savoir sur Netflix

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
C.
17/04/2024 à 22:12

Finito Zack Snyder.

Sébastien
17/04/2024 à 19:08

C'est surtout parce qu'ils n'ont plus une seule idée.

Laurent SFN
17/04/2024 à 13:21

Des "films de foie", des comédies avec des canards du Périgord ? :-D

Le système des blockbusters est incompatible avec Netflix, puisque on a des productions qui coûtent un pognon de dingue, qui font le buzz durant une semaine ou deux avant de tomber dans l'oubli. Les cas "Grey Man" et "Agent Stone" (dont j'avais totalement zappé l'existence) sont assez révélateurs.

Par contre attention à ne pas trop laisser tomber des auteurs, puisque certains succès surprises viennent de métrages pas forcément formatés pour le grand public.

Et si l'ami Scott cherche des profils atypiques, je peux lui présenter ma mère : 73 ans, a découvert Netflix cet automne, n'a jamais entendu parler de Stranger Things, mais friande de films étrangers type "drames syriens" ou des trucs du genre. :)

Seb1109
17/04/2024 à 11:54

Attendre 2024, se dire que l'humanité évolue enfin, et voir une catégorie film de foi. On va tous crever bordel, welcome the handmaid's tale

Sinople
17/04/2024 à 11:19

"Films de vacances, de foi (lol) et de young adult" : petit pot-pourri de l'enfer, en voilà une catégorie de films qui donne envie... de se crever les yeux et les tympans

Karev
17/04/2024 à 11:10

En même temps il faut être sacrément stupide pour offrir 20M$ à Gal Gadot qui en dehors de Wonder Woman (et encore, WW84 et Justice League sont des échecs) n'a aucun poids au box-office, en plus d'être bien plus doué pour soutenir la guerre que de faire l'actrice devant une caméra.

gazer
17/04/2024 à 09:56

"donner aux abonnés ce qu'ils veulent... quitte à délaisser les auteurs" tellement révélateur... comprendre, on va faire marcher le générateur à film lambda à plein tube mais avec des budgets encore plus misérable !

Franchement dans les prods récentes Netflix qu'on peut qualifier de qualitative... le monde après nous et le cercle des neiges (peut on vraiment qualifier ce film de prod Netflix en sachant que c'est un projet de longue date de Bayona pas sur) pour le reste je vois pas. Les autres succès d'estime de Netflix ne sont pas des prods originales, juste des récupérations de droits car personne ne voulait les exploiter en salles comme Annihilation.

Quand on voit un navet comme Damsel il y a de quoi s'inquiéter sur ce que Netflix va commettre ces prochaines années pour "plaire au plus grand nombre".

Je ne comprend pas comment une boite comme Netflix avec la masse de données qu'ils ont concernant les visionnages ne sont pas capable de produire des trucs de qualité en ciblant avec des budgets restreints tel ou tel genre ciné :/. Red Notice perso c'est un véritable trauma tellement ce truc est irregardable !

Morcar
17/04/2024 à 09:27

Ils vont faire ce qu'ils était destinés à faire depuis le début, donc : du téléfilm. Pour le cinéma, on continuera d'aller en salles.

Lord Saintclair
16/04/2024 à 22:07

Peut être qu'un jour ils se rappelleront ce qu'était un grand studio (bon c'était pas la panacée non plus, je sais). A vouloir tout changer, au bout d'un moment on revient à son point départ.

DL
16/04/2024 à 20:43

Ce qui me surprend le plus c'est que l'organisation des équipes se faisaient sur le budget plutôt que sur les genres. Mieux vaut des personnes totalement impliquées dans un genre spécifique, qu'importe le budget, au lieu d'avoir un gloubi-boulga basé uniquement sur des tranches de billets verts à investir. Avec, le petit plus, que les producteurs pourront être force de proposition créative.

La volonté de réforme me plait, même si il y avait quelques bonnes productions comme l'excellent "Le monde après nous" que j'ai rattrapé ce week-end. Toutefois le "donner aux abonnés ce qu'ils veulent... quitte à délaisser les auteurs" me fait un peu peur.

A voir à l'avenir ^^