La Momie : le réalisateur Alex Kurtzman pense que c'est "le plus gros échec" de sa vie

Initialement fantasmé comme la relance idéale du Dark Universe des studios Universal, La Momie est aujourd'hui considéré par son réalisateur, Alex Kurtzman, comme un fiasco cuisant.

Forts des succès marketing de bien des univers cinématographiques étendus tels que ceux portés par les géants Marvel, DC Comics, Sony, et autres franchises telles que Transformers, ou Harry Potter, les studios Universal s’étaient eux aussi essayés à la création d’un Dark Universe, entamé en 2014 par le très embarrassant Dracula Untold. Réécriture douteuse du mythe vampirique rêvé par Bram Stoker à la fin du 19^e siècle, le métrage devait ainsi poser les pierres d’un édifice horrifique bâti par le studio à l’honneur de réinterprétations modernes des monstres classiques de la littérature.

Si le projet pouvait se répondre d’une ambition respectable, cette concurrence fantasmée aux super-héros Marvel sera toutefois tombée dans le piège somme toute inévitable du blockbuster industrialisé et conventionnel conçu pour attirer les masses, sans autre recherche artistique que celle de rivaliser aux succès préexistants d’univers déjà établis. Et si les balbutiements de Dracula Untold avaient de quoi présager le naufrage à venir de cette entreprise perdue d’avance, La Momie, réalisé en 2017 par Alex Kurtzman, finira d’enterrer une bonne fois pour toutes le Dark Universe tant rêvé.

Avec ce Jekyll, l'annulation des Universal Monsters n'était peut-être pas une si mauvaise chose

Après une production difficile, un box-office finalement peu rentable (409 millions de recette pour un budget de 125 millions), et une réception catastrophique (le métrage ne dépasse pas les 16% sur Rotten Tomatoes), le film porté par Tom Cruise et Sofia Boutella a laissé un goût amer dans la bouche de son réalisateur. Et d'ailleurs, Alex Kurtzman a justement confié lors d’un entretien à The Playlist via le podcast Bingeworthy que c'était un énorme échec pour lui :

« Je tends à croire que l’on n’apprend rien de ses réussites, mais tout de ses échecs. Et il [La Momie, ndlr] s’agit de mon échec le plus cuisant, tant d’un point de vue professionnel, que personnel. Il y a un million d’éléments que je regrette, mais cette expérience m’a aussi prodigué quelque chose d’ineffablement précieux.

"Non Tom, La Momie ne fait pas partie de la franchise Mission Impossible"

Je ne suis pas devenu réalisateur avant d’avoir réalisé mon premier film, et ce n’est certainement pas parce qu’il s’agissait d’un bon film, mais justement parce qu’il était mal exécuté. Et il y a bien des choses que je n’aurais pas comprises comme je les comprends actuellement si je n’étais pas justement passé par cette expérience. Et aussi brutal que ça ait pu être, de bien des façons, je suis très reconnaissant de l’opportunité d’avoir pu commettre ces erreurs, parce que ça m’a forcé à devenir non seulement une personne plus résistante, mais également un meilleur cinéaste. »

Voilà une bien jolie façon de dire que ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. Film d'action conformiste rappelant davantage un Mission Impossible où se mêle le surnaturel, que le thriller horrifique qu'il aurait dû être, La Momie aura souffert, en définitive, bien des désagréments. Des tendances interventionnistes à l'excès de Tom Cruise, aux crises identitaires dont souffrait le scénario, en passant par les inévitables critiques assassines qui achèveront de plomber le métrage, difficile d'envisager pire première expérience derrière la caméra pour Kurtzman, qui est depuis reparti sur le petit écran ou est resté uniquement au scénario.

Très investi dans tout ce qui concerne de près ou de loin la saga Star Trek, Kurtzman est actuellement le producteur exécutif de la série The man who fell to Earth, remake du film de science-fiction porté par David Bowie en 1976, laquelle est diffusée sur les écrans américains depuis le 24 avril.