Rebel Moon 2 : critique du désastre final de Zack Snyder sur Netflix

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Rebel Moon 2 est-il mieux que le premier ? Non. Est-il pire ? Peut-être. Alors que le réalisateur vend depuis des mois un univers étendu sur Netflix, et parle en boucle des versions director's cut (prévues pour août 2024), des suites, des séries et compagnie, ce diptyque semble confirmer tout le pire potentiel de son cinéma, qui ne devrait bientôt plus diviser grand-monde à ce rythme. Car après deux films, plus de quatre heures et environ 166 millions de dollars, le Star Wars de Zack Snyder ne ressemble à rien, si ce n'est un ratage dans les grandes largeurs.

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Rebel Moon : Partie 2 - L'Entailleuse a au moins le mérite de ne pas cacher son jeu. Au bout de 10 minutes, l'amoureux transi déclare à l'héroïne,"Je n'avais pas peur de mourir, j'avais peur de te perdre" . Le grand méchant Ed Skrein est transformé en espèce de Jésus nazi (résurrection, toge et auréole de lumière high tech), avant une récolte de blé qui se transforme en slow motion porn.

Mais tout ça n'est rien comparé au flashback de l'assassinat de la famille royale, moment fondateur pour le personnage de Kora, qui a alors droit à un... orchestre de violons posé dans un coin du décor avec des sacs-poubelle sur la tête. Ils jouent en direct la BO du film en laissant un silence pour la grande réplique, et on se demande si ce ciné-concert n'est pas un sketch des Monty Python.

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Il reste encore 1h30 et déjà, la fatigue est immense. Elle deviendra incommensurable lorsque Zack Snyder et ses co-scénaristes Shay Hatten (John Wick 3 et 4, Army of the Dead) et Kurt Johnstad (300, 300 : La naissance d'un Empire, Atomic Blonde) enquillent les flashbacks dans un grand numéro de comédie, où les personnages se passent le bâton de parole pour dérouler leurs origin stories autour d'une table.

Serait-ce ça, le renoncement ? Faire dire à un personnage, "Je ne suis pas du genre à faire des confessions, mais on sait ce que chacun d'entre nous doit faire", avant d'enchaîner littéralement dix minutes de flashbacks ? Et compter sur des flashs infos dignes de Tonnerre sous les tropiques pour creuser ces personnages transparents, que le premier film avait été incapable de caractériser ?

The Last Soupire

Peu importe le talent des acteurs et actrices (pensée émue pour Doona Bae, E. Duffy et Djimon Hounsou notamment), il n'y plus rien. La première heure de Rebel Moon 2 a beau être consacrée à l'attente et la préparation de la bataille, tout est survolé et rien n'est raconté. Titus abandonne l'alcool et réapprend à boire de l'eau après avoir coupé du blé : quarante secondes. Nemesis, qui n'avait jamais tué personne, est devenue une guerrière en se coupant un bras pour enfiler les armes ancestrales de son peuple : deux minutes, avec voix off. James le robot surpuissant est en plein dilemme sur son rôle décisif dans cette guerre : à peine plus de deux minutes.

Le reste n'est qu'effets de montage, grandes phrases pleines d'emphase ("My pain became rage, and my rage became revenge") et freinage d'urgence pour préparer la deuxième heure du film, qui sera dédiée à la fameuse guerre. Spoiler alert : c'est à peine moins pire.

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Une fois qu'il troque les mots pour les guns, le réalisateur de Watchmen et Man of Steel est certes plus à l'aise. Les vaisseaux explosent dans des torrents de flammes, les tirs fusent dans des éclairs de lumière, les corps musclés s'élancent sur le champ de bataille, et la musique sans âme de Tom Holkenborg sert de ciment. Mais même là, il n'y a pas de passion, comme si Zack Snyder n'avait plus de carburant et se contentait de se répéter – Doona Bae qui rejoue les coups et ralentis à la Sucker Punch dans une pauvre grange.

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La grande bataille devient vite une succession de tableaux dont la puissance s'émousse au fil des minutes, d'autant que l'écriture touche encore des sommets de connerie. Dans les airs, les méchants sbires se font avoir par Kora et Gunnar comme des PNJ. Au sol, le robot James débarque dix minutes avant la fin pour exploser tout le monde en deux temps trois mouvements – c'est ce qu'on appelle une Captain Marvel, en hommage au final magique d'Avengers : Endgame. Et quand le summum d'humanité devient ce petit moment où l'héroïne bricole en urgence le manche brûlant d'une arme, on comprend qu'il y a un sérieux problème.

La Machine du Deus Ex Machina

Dans la dernière ligne droite, Zack Snyder sort l'artillerie lourde, avec des sabres laser option light painting et un combat final sous forme de glissade apocalyptique, agrémenté de ralentis toujours plus inutiles. Mais là encore, il semble passer à côté du principal puisque l'héroïne affronte Atticus Noble, ce qui pose trois problèmes.

Le premier : c'était déjà la fin de Rebel Moon : Partie 1 - Enfant du feu. Le deuxième : on n'a toujours pas compris si Noble post-résurrection était censé être plus fou et méchant, comme lourdement annoncé en début de film.

Le troisième, et plus important : ce n'est même pas le vrai ennemi de Kora. Comme l'a montré le flashback du ciné-concert des violons, c'est Balisarius qui l'a enrôlée, endoctrinée, puis trahie. Et c'est là qu'était l'enjeu émotionnel de Rebel Moon, qui manque justement cruellement d'ancrage humain pour donner du sens à ce spectacle de pyrotechnie.

Sofia butez-le

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Sauf que Zack Snyder a d'autres plans. Comme le confirme la "fin", Rebel Moon : Partie 2 - L'Entailleuse n'est pas un film, mais un épisode. Ce n'était même pas un diptyque puisque l'histoire n'est absolument pas finie – une manière polie de dire qu'elle n'a pas du tout été racontée.

Quand l'aventure s'achève entre deux soupirs (la mort ratée d'un personnage, et le retour d'un autre que tout le monde avait probablement oublié), et un twist calqué sur celui du premier film (quelqu'un qui était censé être mort est en fait en vie), tout ça ressemble à une interminable blague sans fin.

C'était pas si mal La Momie en fait

Le destin de ces personnages dans Rebel Moon 2 est à la hauteur de leur arrivée dans le premier Rebel Moon : trop simple, trop facile, trop insignifiant. En refusant d'offrir une trajectoire émotionnellement satisfaisante à son héroïne, Zack Snyder atomise son propre spectacle. Et en étirant tout ça sur deux films, avec la carotte des director's cuts de six heures au total, il donne plus que jamais l'impression de prendre son public pour des veaux.

Rebel Moon Partie 2 : L'Entailleuse est disponible sur Netflix depuis le 19 avril 2024