Fury : critique

Simon Riaux | 22 octobre 2014 - MAJ : 22/08/2023 17:48
Simon Riaux | 22 octobre 2014 - MAJ : 22/08/2023 17:48

Après un Sabotage très mal écrit et caricatural, on n'attendait plus grand chose de David Ayer. Et pourtant, Fury surprend à plus d'un titre et passe tout près de s'imposer comme un classique du genre grâce à une batterie de qualités inattendues. Visuellement et thématiquement, le film explose au visage du spectateur comme un chant guerrier funèbre et mâture, à des lieues des airs de Call of Duty cinématographique que lui donnait la promotion.

On ne rit pas dans Fury, sinon nerveusement, alors que l'écran est progressivement saturé des membres déchiquetés de dizaines d'hommes. Comparé régulièrement au Soldat Ryan de Spielberg, cette descente aux enfers à bord d'un Tank s'avère beaucoup moins idéaliste et sentimental. Nous embarquons dès les premières secondes aux côtés de Brad Pitt et Shia Labeouf pour un combat qui rappelle la chanson de geste par sa pureté guerrière.

 

photo, Brad Pitt

 

C'est que David Ayer s'est dépassé derrière la caméra. Le metteur en scène a abandonné les scories numériques, travaillé la lisibilité de ses plans, léché une image anthracite qui étouffe petit à petit toute humanité, au sein d'un décor qui vire à l'abstraction. Nimbé dans une photographie qui transforme progressivement une chronique meurtrière en épisode de l'Odyssée, le réalisateur parvient à emballer un des plus beaux films de guerre vu depuis des lustres.

 

photo, Logan Lerman

 

Fury aurait pu jouer dans la catégorie des Croix de fer, porté par un casting phénoménal et un discours dont l'ambiguité morale tranche avec le toilettage actuel d'Hollywood. Hélas, cette puissante fresque est entachée par Logan Lerman, dont le personnage (très mal écrit) de jeune pouce est une greffe totalement inutile. Le comédien ne brillant ni par son interprétation ni par son charisme, son rôle de nouveau venu apprenant les dures réalités de la vie auprès de ses compagnons d'armes est un véritable problème. Il handicape ainsi le rythme du récit et lui interdit de totalement se transformer en classique du film de guerre.

 

Affiche française

Résumé

Ne serait-ce Logan Lerman, on tiendrait là un classique instantané du film de guerre.

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Lecteurs

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commentaires
Flo1
24/04/2024 à 14:03

Du mieux pour Ayer, car au moment de "Sabotage", ça devenait inquiétant.
Sorte de « … Soldat Ryan » en tank, raconte peu ou prou les mêmes choses : horreurs d’une guerre finissante… petit groupe brutal, soudé autour d’un chef pète-sec mais n’ayant pas encore oublié les civilités… jeune recrue rond de cuir, perdant son innocence comme une métaphore du dépucelage (probable projection du réalisateur)…
La démonstration est lourde et trop étirée, dans un premier temps. La première heure ayant peu d’intérêt tant Ayer se complaît encore dans la violence gratuite, sous prétexte de raconter quelque chose à propos de la guerre, du droit de tuer.

Puis arrive le classique moment de l’accalmie (avant la dernière tempête bien sûr), et là le film prend enfin tout son sens alors que Ayer étire aussi ces moments de plénitude (non dénués de tension et de gravité), comme pour tenter d’échapper à la monstruosité… jusqu’à ce que tout soit gâché, surtout de l’intérieur – jusqu’au malaise. Il y a un peu de « Weekend à Zuydcoote » là dedans, et ça donne un peu plus l’impression d’être devant un vrai film.
À retenir aussi des séquences de combats en chars d’assaut comme on n’en a jamais vu sur grand écran (techniquement c’est très très bon), dont une dernière bataille harassante, plus symbolique que réaliste.
Peut-être son meilleur film ?

Eddie Felson
07/05/2021 à 06:57

Film majeur du genre : un classique.

Rémi
27/10/2014 à 12:14

Enfin le personnage de Norman est indispensable pour qu'on puisse s'identifier au récit hein. Après ouais, niveau écriture, on a connu mieux.

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