On the ice, interview réalisateur

Simon Riaux | 13 décembre 2011
Simon Riaux | 13 décembre 2011

Trois adolescents partis à la chasse au nord de l'Alaska, une dispute, un fusil, un secret et le poids d'une communauté soudée sont les ingrédients du premier plat concocté avec talent par Andrew Okpeaha Maclean. On the ice est un premier film dur et mature, sans fioritures ni effets de styles encombrants. Quand on lui demande si Bully et Insomnia ont été des sources d'inspiration pour lui, le jeune metteur en scène nous répond : « Ces films collent très bien, cela correspond à la tension créée par l'environnement. » Devant la sensibilité de son découpage, on ne peut que lui demander si cette histoire partage avec son parcours un écho particulier.

 



« Ce n'est pas vraiment autobiographique, je n'ai tué personne. Mais ça reste très personnel, je suis d'Alaska, la plupart des gens que vous voyez dans le film et qui en forment le backgroud sont des gens que je connais. La retranscription de cette culture était très importante pour moi. » Une sensibilité et une franchise que l'on ressent dès les premières séquences du film, et que nous retrouvons en échangeant avec Andrew, manifestement touché par l'attention porté à son travail, et désireux de le promouvoir le mieux possible. Car les questions et thèmes qui sillonnent le récit, il vit avec depuis longtemps. « Je voulais faire une histoire sur la culpabilité la violence, et comment un groupe social répond à cette violence. Je voulais explorer ces thématiques. Je suis allé au lycée avec quelqu'un qui avait connu des évènements tels que ceux relatés dans le film. On n'était pas intime, mais je le connaissais, ça a nourri le film. Ce n'était pas quelqu'un de mauvais, il n'était pas violent, il était simplement normal. Mais justement je m'intéresse à ce que fait quelqu'un d'ordinaire précipité dans une situation horrible, très dangereuse. »

 


On se demande bien sûr quel fut le parcours de cet homme, des steppes glacées de sa région natale, jusqu'aux fauteuils rembourrés des palaces européens, où il est venu nous présenter ce premier film âpre et personnel. « J'ai voulu réaliser des films depuis mon enfance. Même si j'ai vécu en Alaska, comme les personnages de mon film, ma jeunesse a été différente, j'étais proche de la ville, j'ai eu vite accès à du matériel culturel, et puis j'ai eu l'occasion de quitter cette région. Je suis même venu à Paris ! » Pour autant, la réalisation n'a pas toujours été la voie royale pour Andrew, qui s'est essayé à la comédie. « À l'origine je voulais être acteur. J'ai essayé pendant un moment, mais je n'étais pas excellent, et puis, un jour, j'ai eu l'occasion de m'essayer à la réalisation. Et là, j'ai découvert le contrôle. C'était formidable, j'adorais le contrôle, beaucoup plus que la création pure en fait. Et c'est pour ça que je suis là aujourd'hui. »

Quand on lui demande quel est son film préféré, on s'attend à entendre quelque grand nom du cinéma social anglo-saxon, de voir le jeune artiste déposer une offrande aux pieds d'un autel dédié à Larry ou Alan Clarke, mais non. « Les Sept samouraïs, je l'ai vu à six ans, depuis je veux devenir un samouraï. » Avec un peu de malice, nous terminons notre entretien en demandant à Andrew s'il apprécie l'inflation de la 3D et la multiplication des blockbusters qui nous débarquent de chez l'Oncle Sam. « Avatar ? Pas trop non, je n'aime pas la 3D. Mais il faut que je vois Pina, j'adore Wim Wenders. »

 


 

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