Les comédies les plus Intouchables

Simon Riaux | 25 novembre 2011
Simon Riaux | 25 novembre 2011

Le phénoménal succès d'Intouchables nous ferait presque oublier que si la comédie est bel et bien une spécialité française, notre beau pays s'est régulièrement illustré dans la production de bouzasses intergalactiques. Car puisque le rire paie, nombreux sont ceux qui auront tenté d'atteindre les cimes du box-office au forceps, quitte à entrer dans l'histoire du cinéma par la porte de derrière. Des nanars inclassables et multiples, accidents industriels, bouzin artisanal ou éructation cyniques, auquel nous rendons aujourd'hui hommage, tant ils auront bercé les cauchemars des uns, et les beuveries décadentes des autres. Si vous aimez l'andouillette, surtout quand elle est un peu rance, que Martin Lamotte vous rend tout chose, et que vous regardez les réclames de monte-escaliers avec une indicible nostalgie.


Les Visiteurs 2 de Jean-Marie Poiré

Indétrônable, inclassable, voilà une suite qui a donné un nouveau sens au terme “séquelle“. De sombres forces ont traversé les âges pour broyer tout ce qui faisait la réussite du film original, et transforme inexorablement tout ce qu'entreprend cette suite en eau de boudin. On se souvient encore des hallucinants placements de produits (Crunch ? Vous avez dit Crunch ?), et de la paresse d'un scénario qui se contente de recycler méthodiquement les recettes de l'opus précédent. Une œuvre catastrophe, qui aura semble-t-il marqué au fer rouge ses comédiens, durablement traumatisés par cette expérience, qui aurait de quoi donner du boulot à vie à n'importe quel psychanalyste porté sur le sacerdoce. En effet, il suffit de voir L'Immortel ou le sidérant On ne choisit pas sa famille pour réaliser que Godefroy et Jacquouille n'ont jamais vraiment quitté Reno et Clavier.

 

 

Ma Femme s'appelle Maurice de Jean-Marie Poiré

Combien de spectateurs auront renoncé à la cinéphilie, terrassé par le titre pénétrant de ce long-métrage aux confins de la tartufferie ? Nous ne le saurons jamais, mais il n'est pas interdit de croire que le film est directement responsable de l'écroulement de l'industrie perruquière. Que sont allés faire Chevalier et Laspalès dans l'adaptation cataclysmique de leur pièce à succès ? Autre interrogation dont la réponse demeurera perdue dans les limbes. On vous recommanderait bien la chose tel un plaisir déviant et régressif, mais ce serait faire fi des risques de rupture d'anévrisme inhérents au visionnage d'un Martin Lamotte sous acides, poursuivi par un couple teuton tronçonnants. Toutefois, l'historien du cinéma ou l'adepte du mauvais goût y trouveront un intérêt certain, tant le bouzin s'échine à recycler toutes les ficelles du théâtre de boulevard, jusqu'à tresser un remarquable nœud coulant.

 

 

 

La Septième compagnie au clair de lune, de Robert Lamoureux

Difficile de taper trop méchamment sur la réalisation d'un brillant chansonnier décédé tout récemment, on attaquera donc en rappelant que son film est à la comédie française ce que X-men est aux super-héros. À savoir la réunion des plus puissants et délirants ambassadeurs d'un genre emblématique. Jugez plutôt : Jean Lefebvre, Pierre Mondy, Jean Carmet, Gérard Jugnot, André Pousse, et Henri Guybet. Plus sérieusement, le poids des années et de la réflexion nous permet aujourd'hui d'affirmer que La Septième compagnie au clair de lune est à l'origine des plus grands maux français. En effet, on comprend mieux après l'avoir revu pourquoi nos forces armées pataugent autant dans la semoule afghane, et on réalise que l'alcoolisme convivial, qui réchauffe bien des coeurs en temps de crise, tient en fait lieu d'hommage de toute une génération à l'œuvre qui lui forma le palais. Un désastre qu'on vous dit.

 

 

 

Fantôme avec chauffeur de Gérard Oury

La scénario a beau copier Ghost autant que possible, rien n'y fait, Gérard Jugnot ne ressemble vraiment pas à Patrick Swayze. La folie du projet est de jouer ce jeu des différences dans à peu près tous les domaines, de ses traits d'humour (qui ont dû gréver le budget d'un poste de royalties Video Gag), à ses effets spéciaux, dont on dit qu'ils ont convaincu James Cameron que la conversion 3D, ce n'était pas si moche que ça), rien n'est à sauver dans ce métrage, qui tient plus du zombie que du revenant.

 

 

 

Les Randonneurs à St Tropez, de Philippe Harel

Jusqu'à présent, il était entendu que le film de potes était une œuvre consacrée au plus beau des sentiments, l'amitié, cette solidarité et empathie totale qu'éprouvent plusieurs êtres les uns pour les autres, et qui les lie par-delà les conventions, milieux, origines et turpitudes personnelles. Philippe Harel, quant à lui, a pris la chose au pied de la lettre, et simplement filmé un truc, avec ses potes dedans. Comme en témoigne la pétulante affiche du film, où une bande de joyeux couillons encore hantés par le fantôme d'Eddy Barkley, salue le spectateur piégé dans sa grisaille provinciale. Une certaine idée de la comédie, en forme de doigt d'honneur.

 

 


 

 

 

 

Absolument Fabuleux de Gabriel Aghion

Connaissez-vous ce vertige extatique, alors que votre regard se perd au fond d'une abîme toute proche, et que naît la tentation de vous y laisser tomber ? On appelle cela la fascination du pire, et c'est probablement l'ivresse qui s'empara des coupables du long-métrage qui nous intéresse. Absolument fabuleux aurait pu n'être qu'une adaptation au rabais de son homologue britannique, mais Gabriel Aghion opte pour une approche plus kamikaze, en pulvérisant les restes du bon goût à la française. On savait déjà que le ridicule ne tuait pas, il est désormais prouvé que la vulgarité non plus (sauf peut-être les spectateurs). Si Marie Gillain est aussi crédible en vierge que Michel Blanc en capitaine du GIGN, c'est Nathalie Baye qui remporte la palme de la performance à la dérive.

 

 

 

Le Clône, de Fabio Conversi

Alors qu'il est de bon ton de dénoncer le virage idéologique entrepris par Dieudonné, peu de monde s'interroge sur les raisons d'une telle transformation. La réponse était pourtant sous nos yeux, prête à délivrer une vérité terrifiante, comme en témoigne Le Clône. On découvre avec horreur dans ce petit documentaire fauché (d'une telle laideur qu'il a probablement été tourné sous le manteau) que le corps de Dieudonné sert d'hôte à un avatar créé par Elie Semoun, ayant constaté la profonde incompétence du personnage via le brûlot Cyprien, on comprend mieux ce qui est arrivé à l'un des meilleurs comiques de France. C'est tout l'objet de ce film, qu'une censure silencieuse a fait disparaître des étales de nos hypermarchés culturels, dont les 90 interminables minutes prouvent que l'humoriste a vu ses neurones phagocytées à jamais. Un témoignage éprouvant, mais indispensable.

 



 

 

Le Gendarme et les gendarmettes de Jean Girault

Vous pensiez que la série des Gendarme était un gentil panachage de ce que le royaume de France avait produit de plus incommensurablement nul en un peu plus de 1000 ans d'existence ? Alors jetez donc un oeil à cet opus, qui ferait passer Le Gendarmes et les Extra-terrestres pour un reboot d'Independance Day. En effet, impossible d'envisager la saga au képi comme un tout, tant ce chapitre condense à lui seul la crème de la nullité frenchie. Même Michel Galabru, plus grand acteur de nanars, toute catégorie confondue, a du mal à s'investir dans cette cacophonie générale. Le seul mérite de la chose sera de faire hurler nos Chiennes de garde contre le cinéma de papa, patriarcal, vulgaire et machiste, comme quoi, à tout chose malheur est bon. Notez qu'à l'aune de l'actualité italienne, il n'est pas impossible que le film devienne un objet d'études pour les anthropologues curieux, tant la séquence de découverte des gendarmettes paraît sortir de l'imagination très Bunga Bunga d'un Berlusconi au bord de la crise de nerfs.

 

 

 

XXL d'Ariel Zeitoun

Pour redynamiser le cinéma hexagonal ronronnant, Ariel Zeitoun n'a pas froid aux yeux, et convoque la figure anglo-saxonne du beuddie mouvie, qu'il entend bien conjuguer à la mode de chez nous. Digeste comme un milk-shake au tripoux, ce falafel à la crème de pounty risque fort de vous étouffer. Si le scénario ne vous écœure pas, la prestation en sous régime de Gérard Depardieu, secondé par Michel Boujenah, qui porte la caricature au rang d'art, s'en chargera prestement.

 

 

 

 

L'Âme soeur de Jean-Marie Bigard

Depuis qu'il a rencontré le très Saint Père, on n'ose plus trop taper sur Jean-Marie, de peur de se griller un emplacement de choix au paradis. L'auteur de ces lignes visant le cumulus à mi-chemin entre le bowling et les cabines des chérubines, pas question de taper impunément sur ce héraut de la spiritualité new age et du caca qui fait rire. On n'évoquera pas en ce lieu l'usage intensif de drogue nécessaire à la rédaction du scénario (deux anges, qui s'aiment, qui vont sur terre, qui meurent, mais pas vraiment, qui s'aiment, qui vont sur terre, qui... enfin bon), l'ingestion d'alcool indispensable au visionnage, ni la distribution, à mi-chemin entre l'œuvre de charité et le suicide artistique. En revanche, on reconnaîtra au film d'avoir instantanément propulsé Le Lâcher de salopes au firmament de la finesse.

 

 

 

La Vengeance du serpent à plumes, de Gérard Oury

La télévision a cela de fantastique, qu'elle aura permis à cette tartufferie bien grasse de s'ériger en quasi classique, mais heureusement, le critique veille, et ne se laisse pas abuser par les indulgences des catalogues télévisuels. La somme d'immenses talents aboutit parfois à un résultat indigeste. Le film est dirigé par Gérard Oury, qui comme toute cantinière qui se respecte, mise sur la quantité plus que la qualité, le scénario est cuisiné par Danièle Thomson, dont ou oublie souvent qu'elle est coupable d'autre chose que ses films choraux. Même la présence outrée de Coluche n'aura pas raison de l'oeil aiguisé du spectateur exigeant, qui sous un vernis de rigolade populaire, sentira vite poindre l'arôme faisandé et les grumeaux farineux de la tartine pelliculée qu'on entend lui fourrer au fond du gosier.

 

 

 

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