Sitges 2011: Jour 5

Patrick Antona | 12 octobre 2011
Patrick Antona | 12 octobre 2011

C'est dans une ville écrasée par la chaleur mais effervescente (c'est veille de jour férié en Espagne d'où l'afflux dans les salles) que se continue le Festival du Film Fantastique de Catalogne 44° édition, qui a un peu du mal à démarrer, du point de vue qualitatif, car du point de vue de la diversité, on ne peut que s'estimer heureux. En attendant le futures bonnes  surprises fantastiques qui se laissent désirer, nous avons eu le bonheur de découvrir l'un des meilleurs (le meilleur?) film d'action de l'année, l'indonésien The Raid. En attendant la critique complète de cet actioner brutal et plus que jubilatoire, même s'il ne révolutionne pas le genre à l'identique d'un Ong Bak ou d'un Hard Boiled, il prouve que depuis plus de 20 ans dans ce domaine, le Soleil se lève toujours à l'Est. Et c'est quelque chose de voir The Raid entouré d'hispaniques survoltés qui réagissent comme à la corrida à chaque coup de pétoire, chaque éventration ou chaque défenestration !

 

 

La section animation de cette année n'a pas pour l'instant délivré de  véritables chefs d''oeuvre comme il y a 2 ans (à l'époque c'était l'intense Summer Wars qui avait ravi tous les suffrages): entre un Ozamu Tezuka's Buddha: The Great Departure plutôt scolaire et un bien décevant A letter to Momo qui fait dans le sous-Miyazaki, la cuvée asiatique 2D de cette année est bien fade pour l'instant. Si le premier s'inspire fidèlement de la BD du grand Ozamu Tezuka et permet de jeter un oeil neuf pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire du comment le Prince Siddhartha est devenu le prophète Buddha, cette épopée guerrière et bien violente par certains moments aurait eu plutôt sa place à la télé que sur Grand Ecran, du fait d'un formatage et d'un design parfois un peu pauvre. Plus ambitieux, A letter to Momo du revenant Hiroyuki Okiura (qui n'avait plus rien signé depuis Jin-Roh, la brigade des loups en 1999) n'a pas été le retour du fils prodigue tant espéré. Banale histoire d'une jeune japonaise qu'un drame familial oblige à un retour vers le berceau familial, avec interaction avec des démons chapardeurs bien sympathiques et crise adolescente, l'animé ne réussie jamais vraiment à intéresser, pire les emprunts à l'univers de Hayao Miyazaki (animaux sauvages, elfes des forêts, grande créature) démontrent une certain manque d'inspiration qui n'en est plus que gènant. Si il y a une chose à retenir de la projection, c'est le discours émouvant du co-producteur américain qui a évoqué le drame de Fukushima et l'impact qu'au eu la catastrophe sur ces partenaires japonais, dont les studios sont localisés dans la région.

   


En dehors de The Raid, l'autre bonne surprise de la journée fut la projection du délirant  Detention de l'ex-clippeur Joseph Kahn, oui le même qui avait pondu cette bouse numérique de Torque en 2003.Comme quoi il ne faut jamais désespérer, Detention est un petit bijou de délire gore et trash bien assumé, qui passe à la moulinette la saga des Scream, Breakfast Club, la teenage comedy en général et quelques classiques des années 80 à grand coups d'auto-référencement et d'auto-dérision, adoptant un style visuel que n'aurait pas déplu à Gregg Araki. Même si tout n'est pas bon dans ce mezze foutraque qui ne laisse pas un moment de répit, il prodigue une forme de bonne humeur communicative (le parfait film de Festival en sorte) et touche sa cible plusieurs fois dans sa volonté de démonter quelques poncifs hollywoodiens qui sont ici malmenés avec esprit (certes potache) et une maestria technique qui rend l'emballage plus qu'attreyant. Reste que cet OFNI est à découvrir en VO pour pouvoir en apprécier tous les blagues à double sens et références qui sont ici délivrées à la vitesse de l'éclair.

Explorant cette fois-ci les tourments des adolescents américains, tendance white trash, le drame Bellflower n'entretient de connexion avec le fantastique que par le fantasme vécu par ses anti-héros qui se voient en survivants de l'Apocalypse à l'image de leur héros Humongus, le leader barbare Mad Max 2, le Défi. Plutôt bien torché, avec sa photographie brulée aux accents grindhouse (avec ajout de scratchs), et réussissant à dépeindre une réalité bien triste des jeunes laissés pour compte abonnés à la mauvaise bière et à la baise triste, le film d'Evan Godell trouve son équilibre à décrire cette amitié entre deux garçons complètement largués, sans verser aucunement dans le pathos, mais peine à intéresser outre mesure, la faute à une schématisation des personnages qui ne restent que de simples figures et à une fin ouverte et presque poétique mais qui est bien en retrait de ce qui s'annonçait comme un film coup de poing sur une certaine Amérique.

 

 


La mode du found-footage n'étant pas (malheureusement) tarie, nous avons eu droit cette année à l'espagnol Emergo tourné en langue anglaise. Avec son équipe de parapsychologues enquétant sur un cas avéré de poltergeist, ce thriller réussit parfois à fournir quelques rares frissons mais finit par lasser, ne réussissant pas à transcender son statut de film vidéo gonflé, à l'ambition qui le situe entre Insidious et Paranormal Activity, et finit par se ridiculiser avec un plan final idiot et inutile.

 

 

 

Plus léché au niveau de l'image et de la production-value, The Incident peut se parrer de toucher sa cible de manière efficace. Production française en langue anglaise tournée sur le sol belge, le premier long-métrage du clippeur Alexandre Courtes mets en scène une bande de cuistots qui sont traqués par des psychopathes lachés en furie dans les couloirs de l'asile où ils sont coincés. Bien rentre-dedans en ce qui concerne les scènes d'horreur et de baston, le film gagne à être vu par sa bonne gestion de la montée de la tension, et une atmosphère électrique rendue palpable par une réalisation élégante. Mais cédant une nouvelle fois au poncif en règle de ces dernières années, les auteurs se sont sentis obligés de rajouter un twist final mal venu qui diminue l'impact du film, alors que l'on se serait juste contenter du shocker bourrin qui nous avait jusque là contenté.

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