House of the Dragon : les fans de Daemon n'ont pas compris qu'il était dangereux, selon le showrunner

Ryan Condal, showrunner de House of the Dragon, ne comprend pas ceux qui idéalisent le personnage de Daemon Targaryen. 

Après l’excellent épisode final de House of the Dragon, de nombreux commentaires de fans ont pointé de prétendues inconsistances, accusant la scénariste Sara Hess d’avoir trahi l’écriture de certains personnages. Parmi eux, le charismatique Daemon Targaryen, incarné par Matt Smith, devenu extrêmement populaire auprès des spectateurs au cours de la première saison.

Suite à une scène où Daemon étrangle Rhaenyra sur un mouvement d’humeur, beaucoup ont affirmé que ce geste allait à l’encontre de son développement. Une part du public aurait ainsi idéalisé sa relation de couple avec la reine, excusant tous ses crimes au nom d’une certaine tendresse, du moins perçue telle qu’elle. Une interprétation du personnage que Ryan Condal, showrunner de la série, ne partage pas et ne comprend pas. 

Dans son interview accordé au New York Times, Condal a ainsi exprimé sa confusion quant à la réaction des fans de Daemon :

"J’ai vraiment du mal à comprendre. Nous avons établi dès le départ, dans le pilote, que Daemon est un homme fascinant, certes, mais absolument pas un Ned Stark. [...] Pour moi, Daemon est un anti-héros dans l’histoire. Il est un personnage avec une véritable part de ténèbres, qui le rend aussi dangereux que charismatique. Je me doutais que les gens seraient intéressés et s’attacheraient, mais comme pour Jaime Lannister, Bron ou la Vipère Rouge. [...] Je ne pensais pas qu’une communauté de fans tenterait de justifier tous ses actes comme étant héroïques. Ils ne le sont pas et ils ne le seront pas plus à l’avenir."

Le commentaire est sans équivoque. Comme montré dans le premier épisode de la série, Daemon est impulsif, violent, mais aussi anxieux et arrogant. Bourré de défauts (ce qui pousse même son frère à se méfier de lui), il commande un massacre arbitraire en pleine rue de Port-Réal et, quelques épisodes plus tard, assassine sa propre femme de sang-froid. Un portrait qui, logiquement, ne devrait pas inspirer l’admiration.

"Les gens m’appellent l’idole des jeunes."

Pourtant, certaines de ses qualités ont réussi à prendre le pas sur ses indéniables vices aux yeux de plusieurs fans. En particulier, son attachement à sa famille et sa force au combat rappellent en lui l’archétype d'un héros des chansons de geste (il y a du Roland dans son combat contre le gaveur de crabes). Et au-delà de toute morale, le personnage demeure l’un des plus captivants de la série de par son imprévisibilité et sa prestance – bien aidé par le talent de Matt Smith. Cela, Condal ne le renie pas d'ailleurs, mais il n’y voit toujours pas une raison valable de voir Daemon comme un gentil de l’histoire :

"Je conçois que Daemon ait des facettes héroïques et que les gens puissent les voir. Je veux dire, il est incroyablement charismatique, il est bel homme avec sa perruque, il chevauche des dragons et il a une épée super cool. Mais si vous cherchez à trouver en lui un Han Solo, qui reviendra toujours du bon côté de la force, vous n’êtes pas dans la bonne franchise." 

Le président du fan-club de Daemon

Tout est affaire de nuance avec des personnages comme ceux de House of the Dragon. Daemon, à l’image de tous les autres, n’est ni Aragorn ni Sauron. Il n’incarne aucune valeur du bien ou du mal, et aucun idéal romantique. Plus proche d’un personnage shakespearien (dont l’œuvre a énormément inspiré George R.R. Martin), il ne pourra pas, au long terme, être "le petit ami d’internet" – comme l’a dit Condal.

Comme pour Game of Thrones, le piège reste celui de l’identification. La douloureuse expérience de Daenerys (et de tous les enfants nommés d’après elle) n’aura peut-être pas servi de leçon, mais aucun protagoniste de l’œuvre de Martin n’est fait pour être un modèle. Si l’empathie est possible, ces personnages n’ont d'autres miroirs qu’eux-mêmes et leur conduite mène souvent à la tragédie. À l’instar de Macbeth ou Othello, Daemon Targaryen est à la fois fascinant et médiocre. Une formidable dualité, parfaitement respectée par l’écriture de Sarah Hess et Ryan Condal.