Esprit cathodique - Numéro 13

Patrick Antona | 25 avril 2008
Patrick Antona | 25 avril 2008
Parce qu’il n’y a pas que le ciné et les DVD dans la vie. Et parce qu’il y a aussi la TV et qu’avec le nombre de chaînes hertziennes, celles de la TNT sans oublier surtout celles du câble et du satellite, il y a de quoi devenir fou à éplucher les programmes pour trouver THE film à voir confortablement installé dans son canapé. Ecran Large, par l'intermédiaire de son fin limier Patrick Antona, vous aide à vous y retrouver en vous offrant une sélection de ce qui serait sympathique de voir chaque semaine. Pas forcement le best of the best mais un melting-pot savamment préparé par le maestro. Voici le choix de cette semaine allant du 26 avril au 2 mai 2008.

 

 

Samedi 26 Avril

 

 

Le mystère Stepford

Cine FX

23 :05

Seule bonne adaptation du roman de Ira Levin Les Femmes de Stepford (la version de 2004 dirigée par Frank Oz est une « purge », dixit son réalisateur), Le mystère Stepford vintage 1974 est un conte macabre efficace et intelligent, portée par l'interprétation magistrale de Katharine Ross (Le Lauréat, Butch Cassidy et le kid). Femme indépendante et  perspicace, elle saura lever le voile sur le bonheur trop parfait qui règne sur cette banlieue américaine, où les femmes sont bien belles et bien dociles, un peu à l'image de toutes ses candidates de la télé-réalité, qui se font refaire le physique à grands coups d'opérations chirurgicales, tout en négligeant de faire évoluer leur cerveau.

 

 


 

 

 

Dimanche 27 Avril

 

 

Jean-Philippe

TF1

20:50

L'idée de confronter l'idole Johnny Hallyday à son fan cathodique number one (virevoltant Fabrice Luchini), sur une base de monde parallèle où les rôles seraient inversés, avait de quoi séduire, proposant enfin un film de divertissement destiné à sortir des sentiers battus de la production française. Mais las, à part un début prometteur qui joue habilement sur le côté de la réversibilité des situations, la suite s'oriente bien vite sur une hagiographie déguisée de notre plus grand rocker national (qui n'a aucunement écrit les chansons dont il est créditées en tant qu'auteur dans le scénario) et se termine presque de manière anodine, malgré un climax voulu grandiose. Espérons que les promoteurs du film (et particulièrement le scénariste Christophe Turpin) auront retenu la leçon pour faire de J.C.V.D., autre confrontation d'un acteur face à son personnage, un objet cinématographique bien mieux taillé pour le mythe qu'il est semblé magnifié.

 

 

 

 

 

 

Lundi 28 Avril

 

 

Les Aventuriers de l'Arche Perdue

Madame Du Barry

M6

Arte

20:50

23 :30

Préparez-vous à en manger du Indiana Jones à toutes les sauces, avec en point de mire la sortie de Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal le 21 mai prochain. M6 inaugure son cycle de diffusion des 3 premiers épisodes ce lundi, avec celui qui est devenu le maître-étalon du film d'aventures depuis, à la fois référentiel dans ses inspirations et ses emprunts avoués à tout un pan de la série B, et moderne quant à sa gestion de l'action et des effets spéciaux. Comme pour son compère (et partenaire pour le coup) George Lucas avec sa saga des Star Wars, le véritable génie de Steven Spielberg est d'avoir réussi à réinventer un genre et à lui donner une légitimé, à la fois artistique et populaire, là où on ne l'attendait pas.

 

Plus connu pour ces comédies américaines sophistiquées, Ernst Lubitsch était, avant sa seconde carrière à Hollywood, le maître du film historique du cinéma allemand muet. Mélodrame classique censé narré les mésaventures sentimentales de la plus grande courtisane du roi Louis XV, Madame Du Barry version 1919 permet de découvrir celle qui fut une des premières stars mondiales (à l'époque on disait des « vamps »), la brune Pola Negri, dont la vie mouvementée mériterait grandement d'être tracée dans un film.

 

 

 

 

 

 

Mardi 29 Avril

 

 

L'Ile aux pirates

Swadès : nous, le peuple

 France 3

Cinecinema Emotion

 20 :50

 22 :15

En 1995, L'Ile aux pirates (Cutthroat Island en VO) concoctée par le couple infernal Renny Harlin/Geena Davis s'annonçait comme le renouveau à grand spectacle d'un genre qui ne faisait plus parler de lui, à part la tentative de Roman Polanski avec Pirates en 1986. Après un tournage chaotique qui fit exploser le budget (comme bon nombre de films dont l'action est censée se dérouler sur l'eau), le film se prit un monumental gadin au box-office, injuste au vu du résultat plutôt agréable, coula la société de productions Carolco et limita pour un temps les velléités des producteurs sur les films d'aventures au grand large. Il fallut attendre Johhny Depp et le triomphe de la série des Pirates des Caraïbes pour que le vent de la flibuste recommence à souffler sur grand écran.

 

Alors que notre vision sur le cinéma indien se limite trop souvent aux comédies musicales pittoresques et colorées (qui sont quand même la majeure partie de la production des grands studios), il est bon, de temps en temps, de découvrir un autre versant de ce nouveau cinéma qui ne manquera pas de surprendre dans les années à venir. Réalisé avec talent par Ashutosh Gowariker (Lagaan), Swadès : nous le peuple est une nouvelle réussite, habile mixte entre comédie sociale et ode aux valeurs culturelles, et qui doit beaucoup au charisme de son interprète principale, le « king » Shah Rukh Khan, qui réussit l'exploit de faire craquer petits et grands, femmes et hommes, que ce soit en usant de son déhanché ou de son œil mouillé.

 

 

 

 

 

 

Mercredi 30 Avril

 

 

Un roi sans divertissement

Cinecinema Classic

22 :25

Père de Louis Leterrier, François Leterrier a réalisé dans les années 60 une série de films atypiques (Les Mauvais Coups, La Chasse royale) qui ont marqué le paysage cinématographique français mais sans véritablement imposer le réalisateur parmi les grandes figures. Ce qui est regrettable, vu la qualité de son Roi sans divertissement, une des rares incursions nationales dans le pyscho-killer, et dont l'action (adaptée d'un roman de Jean Giono) est magnifiée par la blancheur des neiges alpines, ainsi que par l'interprétation admirable de Charles Vanel, échappant ici au sempiternel personnage de patriarche auquel le cinéma français l'avait abonné depuis des décennies.

 

 

 

 

 

 

Jeudi 01 Mai

 

 

Tokyo Godfathers

La légende de Zu

Virgin 17

NT1

20 :30

20 :45

Pour ce jeudi soir, la thématique abordée est celle du cinéma asiatique moderne par le biais de deux exemples des genres-phares du film d'animation japonais et du wu xia pan fantastique chinois. Qui plus est ce qui rapproche ces deux films est la manière dont les auteurs (Satoshi Kon pour Tokyo Godfathers, Tsui Hark pour Legend of Zu) ont réussi à amalgamer les influences culturelles américaines pour produire des œuvres d'ambition internationale.

 

Mission réussie pour Satoshi Kon qui, avec sa relecture urbaine du Fils du désert de John Ford (avec un travesti poète à la place de John Wayne !), a démontré au public occidental que les dessins animés japonais n'étaient pas uniquement destinés aux enfants et savaient émouvoir en se basant sur un sujet bien sensible, celui de la survie des marginaux et des sans-abris dans nos cités modernes.

 

Par contre, Tsui Hark, avec sa volonté d'en mettre plein la vue grâce à la virtuosité de sa mise en scène et des SFX élaborés, a un peu manqué sa cible avec la séquelle de son grand succès des années 80, Zu : les guerriers de la montagne magique. Péché mignon du réalisateur, le scénario de Legend of Zu part dans toutes les directions et ne permet en rien de cerner, ni les enjeux ni de rendre ces héroïques personnages attachants, d'où l'impression d'assister à un bordel visuellement superbe mais plutôt vain. 

 

 

 

 

 

 

Vendredi 02 Mai

 

 

La maison ensorcelée

Arte

23 :30

La maison ensorcelée (Curse of the crimson altar en VO) est une des rares films où des monstres sacrés de l'horreur, Boris Karloff et Christopher Lee en l'occurrence, se partagent l'affiche, assistés de Barbara Steele et de Michael Gough. Mais le fan du genre devra tempérer son allégresse, l'anglais et l'américain n'ont aucune scène en commun ! Réalisé plutôt classiquement par Vernon Sewell en 1968, dans la bonne norme de la production fantastique anglaise de l'époque, Curse of the crimson altar vaut surtout pour son astucieux scénario à base de sorcellerie, où plane l'influence des écrits de H.P. Lovecraft, et plus particulièrement de sa nouvelle « La maison de la sorcière ». L'histoire, qui est une des plus emblématiques du style de son auteur, sera à nouveau adaptée dans un des épisodes de l'anthologie des Masters of Horror, dirigé par Stuart Gordon.

 

 


 

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