Damages : Girl Power !

Ilan Ferry | 28 février 2008
Ilan Ferry | 28 février 2008

Ordure un jour, ordure toujours

De Vic Mackey à Christian Troy en passant par la redoutable Lucy Spiller de Dirt, l'hérétique chaine FX a toujours eu une prédilection pour les personnages troubles, ces aimables salopards qui nous répugnent autant qu'ils nous attirent. Patty Hewes, l'avocate aux griffes acérées de Damages, s'inscrit directement dans cette lignée. Aux yeux bleus perçants de Michael Chiklis et Julian McMahon succèdent ceux tout aussi assassins de Glenn Close, familière de l'univers FX pour avoir affronté Mackey lors de la saison 4 de The Shield.

 

 

 

Créée par Todd et Glenn Kesler (scénaristes ayant entre autres officiés sur Les Soprano et New York, unité spéciale), la série appartient donc à cette nouvelle tendance télévisuelle à glorifier les bad guys. Après la police et la médecine, c'est au tour de l'univers juridique (autre sacro sainte institution américaine) d'être autopsié sous l'œil inquisiteur et omniscient du tube cathodique. Calquée sur le canevas d'une série procédurale classique, Damages change très vite de cadence pour apparaitre comme une version « trash » de The practice où les gentils avocats de David E. Kelley auraient troqués leurs masques de juristes bien pensants pour celui, beaucoup plus jouissifs, de requins arrivistes prêts à tout pour gagner. Trahisons, mensonges, chantages et autres agréables malversations sont ainsi le pain quotidien des protagonistes de Damages.


Dans la famille des requins je voudrais...

S'il fallait établir une hiérarchie au sein des plus redoutables prédateurs arpentant les tribunaux, Patty Hewes (Glenn Close) serait certainement la reine mère. Manipulatrice, sans pitié, Hewes est une femme prête à tout pour gagner. Elle partage avec Vic Mackey (encore lui !) une certaine prédilection pour l'adage «la fin justifie les moyens». A ses cotés prône la ravissante et candide Ellen (Rose Byrne), avocate idéaliste qui apprendra à ses dépends que tous les coups sont permis. Un personnage loin d'être secondaire puisqu'elle entretient avec Hewes une relation aussi antagoniste que passionnelle, comme si elles représentaient chacune les deux faces d'une même pièce.

 

 

 

Dans le camp des hommes, Patty aura à affronter Arthur Frobisher (Ted Danson dont c'est le grand retour), énigmatique milliardaire que Patty a juré de détruire coûte que coûte ! Qu'elle se rassure puisqu'elle sera aidé par son assistant Tom (Tate Donovan), à la fois garde fou et larbin de la redoutable avocate. Constamment pris entre conscience humaine et ambitions professionnelles, ce dernier représente le parfait mélange entre la hargne de Hewes et la droiture d'Ellen. Enfin, comment mettre de coté un personnage « secondaire » mais pourtant parfaitement représentatif de l'esprit Damages en la personne de Ray Fiske (Zeliko Ivanek), avocat tourmenté de Frobisher, exemple parfait des dommages latents causés par la course à la réussite.


Etat des lieux

Basée sur une narration éclatée usant du flashback comme colonne vertébrale majeure, Damages commence très fort par l'apparition, non pas de Patty Hewes, mais de son assistante Ellen Parsons (Rose Byrne) couverte de sang et bientôt accusée de meurtre. Instaurant de facto le malaise, la série va au cours de cette première saison, s'échiner à imbriquer morceau par morceau les pièces d'un puzzle mortel et laisse entrevoir petit à petit l'énorme toile d'araignée tissée par Patty Hewes. L'occasion pour les scénaristes d'établir une intelligente réflexion sur les notions de pouvoir et de manipulation par l'entremise d'un procédé scénaristique certes galvaudé mais ici totalement justifié et maîtrisé. Un propos parfaitement illustré  par le prisme des relations entre les personnages et les micros intrigues se nouant entre chacune d'entre elles. Le spectateur se voit ainsi baladé au gré des multiples alliances et trahisons qui se crée devant lui pour mieux, in fine, assister à une remise en question de certaines valeurs fondamentales, la notion de loyauté étant au cœur de cette saison inaugurale.

 

 

Vous l'aurez compris Damages élève la célèbre phrase de Mulder : « Ne faites confiance à personne » au rang de philosophie. Seul bémol à cette brillante leçon de sociologie : un rythme qui vient à s'adoucir en milieu de parcours pour mieux se reprendre lors des derniers épisodes, le final apportant de nouvelles et alléchantes perspectives pour la deuxième saison actuellement en préparation.

 

 

Damages saison 1 : Tous les jeudis soir à 20h50 sur Canal + à partir du 28 février 2008. 

 

 

 

Retrouvez le test de l'édition Blu-ray import de la saison 1
en cliquant sur le visuel ci-dessous.

 


 

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.