Episodes Saison American Horror Story saison 6 : jolis frissons ou mauvaise plaisanterie ?

Geoffrey Crété | 16 septembre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
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American Horror Story - saison 6 affiche

Après cinq saisons tour à tour jouissives et insipides, American Horror Story va devoir (re)conquérir avec sa sixième saison.

La première saison, sous-titrée Murder House par la suite, était amusante. La deuxième, Asylum, parfaitemement jouissive dans sa capacité à mélanger les intrigues, les genres et les tonalités sans jamais se perdre. Coven, Freak Show et Hotel ont fait l'effet d'une pente descendante, comme un tour dans un manège un peu rouillé dont la peinture écaillée attire plus l'attention que les poupées animées.

Entrée dans l'ère Lady Gaga, qui a pris la relève après le départ de Jessica Lange, la série créée par Ryan Murphy et Brad Falchuk a sorti les grands moyens pour sa sixième saison : pour la première fois, le thème est resté secret jusqu'à la diffusion du premier épisode. Pour redynamiser la formule, amuser les fans, ou donner une raison claire de regarder la série ?

 

American Horror Story - saison 6 affiche

 

AMERICAN ORDINARY STORY

A première vue, American Horror Story saison 6 a des airs de petite rengaine : une histoire "tirée de faits réels", qui tourne autour d'une maison isolée et d'un couple confronté à des choses étranges.

L'épisode s'ouvre avec Lily Rabe, connue des fans de la série, et Andre Holland, connu des fans de The Knick : narrateurs de l'histoire dans une mise en scène ouvertement artificielle qui rappelle le curieux Phénomènes paranormaux avec Milla Jovovich, ils racontent leur cauchemar tandis que Sarah Paulson et Cuba Gooding Jr. (de retour l'un face à l'autre après The People vs O.J. Simpson, la dernière série de Ryan Murphy) interprètent leurs rôles dans une reconstitution des événements.

Une mise en abime qui parcourt tout l'épisode, où la voix des "vrais" personnages commente et précises les choses dans un style de mockumentary, tandis que la reconstitution ressemble à un épisode classique de la série.

 

American Horror Story, Lily Rabe

 

Suite à une agression dans les rues de Los Angeles, Shelby et Matt décident ainsi de déménager dans le sud des Etats-Unis, en pleine campagne, où ils tombent sous le charme d'une vieille bâtisse isolée dans un immense terrain. Après avoir remporté les enchères face à une famille de rednecks qui leur déconseille d'emménager, le couple aura peur : bruits de cochon égorgés dans la nuit, poubelles déchiquetés, apparitions dans un couloir étonnament long de la maison, pluie de dents humaines, tentative de noyade dans le jacuzzi...

La piste du racisme est évoquée, puisqu'il s'agit d'un couple interracial et du sud des Etats-Unis, mais la vérité penche évidemment vers quelque chose de moins réaliste. Shelby, la Californienne professeur de yoga allergique au gluten et tête à claque, est la plus touchée par les événements puisque seule dans la grande maison, et soumise à la loi de Rosemary's Baby : son entourage se questionne sur sa santé mentale, d'autant qu'elle a eu une fausse couche.

 

American Horror Story, Sarah Paulson, Cuba Gooding Jr.

 

MY ROANOKE NIGHTMARE

Malgré ces prémices ordinaires, la saison 6 affiche une volonté claire de se démarquer des précédentes années. Adieu le fameux générique, remplacé par un simple carton à la coupure publicitaire avec le titre "My Roanoke Nightmare". Pas de Lady Gaga, puisque Sarah Paulson, muse de Ryan Murphy, semble être au coeur de l'intrigue.

Les ouvertures de saison avaient tendance à remplir de plus en plus le cadre avec une multitudes de personnages et de décors, pour ouvrir un univers exagérément loufoque qui devenait un poids pour l'intrigue. La saison 6, elle, se contente du minimum : un couple, une maison, trois acteurs principaux. Une écriture simple, construite autour des héros, et une mise en scène sobre, dénuée d'effets pop, de bande sonore ostentatoire et de séquence branchée.

  

American Horror Story, saison 6

 

Le titre semble clairement indiquer que la saison fera référence au mystère de l'île de Roanoke, en Caroline du nord, où une centaine de colons arrivés d'Angleterre auraient disparus au XVIème siècle.

Mais American Horror Story devrait encore une fois extrapoler autour de cette énigme pour créer une mythologie extravagante : malgré sa sobriété apparente, ce premier épisode se termine ainsi avec une vision saisissante d'une forêt qui semble vivante, et dont le sol remue comme une créature qui s'éveille. L'héroïne, perdue, rencontre ces mystérieux villageois avec des torches, qui sont venus dans la maison pour poser d'étranges poupées vaudous. Elle découvre aussi un pauvre homme scalpé, rassurant ainsi le spectateur quant à la dose d'hémoglobine devenue coutume.

 

American Horror Story, saison 6

 

AMERICAN NEVERENDING STORY 

Kathy Bates et Wes Bentley, visages connus dans la galaxie d'American Horror Story, apparaissent au détour d'un plan, preuve que la série d'anthologie compte bien respecter ses propres règles. L'insipidité de certains dialogues ("Quand un groupe arrive au milieu de la nuit avec des torches, c'est pas pour vous souhaiter la bienvenue dans le voisinnage !"), confirme que le scénario ne brille pas par sa finesse, même si le recul apporté par la reconstitution renforce le second degré. Un second degré indispensable pour accepter de suivre des personnages ultra-stéréotypés, interprétés par de bons acteurs dont le jeu a été poussé pour enfoncer le clou du presque grotesque.

Sans surprise, ce retour en territoire ténébreux offre bien peu à se mettre sous la dent avec une poignée de banales scènes de tension, qui ne génèrent aucun vrai frisson. Dans l'absolu, ces morceaux d'angoisse sont simplets ; dans American Horror Story, ils ressemblent presque à une parodie tant la série a remâché les motifs du genre à outrance.

 

Affiche

 

Mais le premier épisode pose surtout beaucoup de questions. Des questions différentes des précédentes saisons, qui obéissaient au même cahier des charges attaché à un décor surpeuplé. L'histoire restera t-elle centrée sur ce couple, pour revenir à quelque chose de plus limpide comme la première saison ? L'intrigue va t-elle s'élargir autour d'eux (qui devraient survivre donc, sauf pirouette scénaristique), puisque des acteurs comme Lady Gaga ont été confirmés dans la saison 6 ? La double timeline, qui s'était révélée dispensable dans l'excellente saison 2, jouera t-elle un vrai rôle hormis celui de la double narration ?

American Horror Story pourrait-elle retrouver de belles couleurs avec sa sixième saison ? L'espoir est permis.

 

Affiche

 

 

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Mister Gogo
18/09/2016 à 17:47

@jerome

On parle donc surtout de subjectivité, parce que par ex je préfère largement True Detective en binge. Doctor Who, comme toutes les séries en morceaux quasiment indépendants, marche très bien épisode par épisode (même si parfois c'est bien d'en enchaîner pour digérer une des déceptions régulières)

N'empêche que ces séries sont faîtes pour être vues chaque semaine. C'est un fait. Peu importe qu'on préfère les regarder par bloc, par saison, en DVD, ou attendre la fin pour consommer toutes les saisons. C'est normal qu'on juge un épisode (puisque c'était visiblement ce qui gênait cette personne très impolie et énervée plus haut), surtout le premier d'une saison, et parler de frustration est totalement légitime (et n'empêche en rien de revenir sur ça par la suite, puisque le schéma de la saison devrait effectivement devenir de plus en plus clair et donner un éventuel autre sens au premier épisode).

jerome
18/09/2016 à 16:15

Moi perso j'ai bien aimé ce début de saison très intrigant. Clairement chacun a sa propre opinion sur la qualité de telle ou telle saison. Mon ordre de la préférée à la moins préférée dira t'on:
1/Asylum
2/Hotel
3/Murder House
4/Coven
5/Freakshow
Malgré le ton péremptoire de Kibuk dans son premier commentaire, je comprends ce qu'il veut dire. American Horror Story fait partie de ces séries qui sont nettement meilleures en binge watching. Toutes ne sont pas comme cela. Je trouve Doctor Who meilleur en épisode par semaine ou True Detective. En revanche American Horror Story ou Desperate Housewives par exemple sont des séries nettement meilleures en binge watching à mon humble avis. Sinon je ne pense pas que toute la saison 6 de American Horror Story suive ce format et je pense que les scénaristes nous ont concté une belle pirouette (du genre la medium de la saison 1 et 5 posent des questions à des fantômes et non des rescapés comme on peut le croire / et /ou on stoppe la reconstituion pour etre sur le tournage). Wait and see

Jartic
18/09/2016 à 11:26

@Kick

Si les audiences étaient un indice de qualité, on le saurait je pense ;)

Je plussoie les autres : AHS n'a jamais été mieux que sur les 2 premières saisons à mes yeux.

Kick
18/09/2016 à 09:48

La saison 4 Freak Show est de loin la meilleure des saisons. Il ne me semble pas que le show se soit épuisé en réalisant des records d’audience sur cette saison ^^. Dommage pour le générique qui est en sorte, l'âme de cette série au point de vu sonore et visuel, en se réinventant à chaque saison.

Ninja
16/09/2016 à 19:50

L'article m'a juste donné envie de voir cette série. Je viens de finir la saison 1 et j'ai bien aimé, même si à la fin ça part un peu en couille niveau scénario. J'attaque la 2, alors je suis loin de commenter la 6. ;-)

Ampoule
16/09/2016 à 16:56

@ Kibuk

C'est du troisième degré non ? Parce que faire sa petite crise "épargnez-moi vos réflexions, vous écrivez des lieux communs", après avoir partagé sa soit-disant réflexion ("vous savez pour info, on peut regarder une série un épisode à la fois, ou plusieurs épisodes d'affilée, ou même en dvd !"), c'est du foutage de gueule, ou du troisième degré.

La rédaction
16/09/2016 à 16:52

@KibuK

Et vous oubliez qu'on parle d'une série en cours, pas de la rubrique DVD, et qu'une série passe avant tout par sa diffusion TV, qui conditionne l'écriture.
On va pas évoquer les 36 options de visionnage pour nuancer le mot "frustration" dans ce qui s'appelle encore une critique. La critique épisode par épisode n'a d'ailleurs rien d'exceptionnel, et ça ne nous empêche pas d'écrire des critiques sur une saison entière, selon les séries ou les envies.

PS : Fallait le dire tout de suite si c'était un monologue et que vous vouliez pas qu'on vous réponde sous peine de vous énerver. Et on voit toujours pas où est le problème, sauf si vous voulez qu'on vous dise "amen et merci pour votre réflexion mon brave".
Mais c'est pas grave, les fins de semaine c'est parfois dur pour les nerfs, on vous aime toujours. De rien et bisous.

KibuK
16/09/2016 à 16:31

@ la rédaction
Vous oubliez que beaucoup de personnes achètent encore des dvd et qu'ils découvrent des série TV et leur nouvelle saison via ce support. Le visionnage se fait ainsi plus rapidement que via une diffusion TV, à savoir 3 ou 4 épisodes à la suite... Sur 4 épisodes, si l'un d'eux est faible, il aura moins d'impact que pour quelqu'un qui n'aura que ça à se mettre sous la dent pendant une semaine.
PS : Vous qui écrivez des non-infos, lieux communs et autres évidences chaque semaine, épargnez-moi vos réflexions. D'avance merci.

Geoffrey Crété - Rédaction
16/09/2016 à 10:42

@KibuK

Est-ce nécessaire d'écrire une telle évidence ?
Parce qu'à ce compte, pour expliquer l'éventuelle frustration ou excitation, on pourrait lister un paquet de critères propres à chacun (regarder plusieurs épisodes à la suite peut parfaitement frustrer selon les épisodes en question). Ajoutons aussi la troisième manière de regarder pour un fan : attendre que la saison soit terminée pour tout avoir à dispo et devenir maître de la diffusion (enchaîner après un cliffhanger, faire une pause pendant un creux dans la narration).

Le fait est qu'une série (hors Netlflix) est conçue pour être regardée chaque semaine. Le principe des cliffhangers vient de là. L'écriture vient de là. Que ça puisse être détournée selon les goûts de chacun, c'est autre chose. Mais une bonne série restera bonne, qu'on la regarde chaque semaine ou en binge watching une fois la saison terminée.

Au passage, on a précisément abordé ce point en 2014 dans nos articles flashbacks sur 24 heures chronos, qui reste probablement la série la moins adaptée au visionnage épisode par épisode, selon nous.

KibuK
16/09/2016 à 10:25

Puisque je ne l'ai jamais lu sur ce site, je me permet de rappeler qu'il y a deux façons (pour un fan) de visionner une série TV : Un épisode par semaine au rythme de la diffusion ou plusieurs épisodes à la suite. De là, le ressenti, sera différent. La frustration ou l'excitation engendrée par un visionnage chaque semaine sera souvent absente ou diminuée pour ceux qui regardent plusieurs épisodes à la suite.

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