Episodes Saison Twin Peaks Saison 3 Episode 12 : retour au bercail

Benjamin Malka | 1 août 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
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Twin Peaks

Le onzième épisode de la saison 3 Twin Peaks a considérablement fait avancer les différentes intrigues. Alors que ces dernières sont tout de même bien plus nombreuses et développées que dans les deux premières saisons, le meilleur reste sûrement à venir. C'est donc avec une impatience non feinte que nous entrons dans ce douzième épisode des tribulations de Dale Cooper. Attention spoilers !

 

Photo David Lynch, Bérénice MarloheDavid Lynch posé pépère avec Bérénice Marlohe 

 

AU NOM DE LA ROSE 

Le moins  que l'on puisse dire, c'est que le rythme baisse ici d'un cran comparé à l'épisode précedent. Et c'est tout de même bien dommage. Néanmoins, plusieurs éléments très intéressants font ici leurs apparitions une fois encore.

Commencons par l'équipe de Gordon Cole, toujours basée dans le Sud du Dakota. Ce dernier et Albert décident en effet d'intégrer Tammy au sein du projet Blue Rose. Destiné à percer les mystères des OVNI et dérivé du projet Blue Book, cet entitié au sein du FBI emploie donc des méthodes parallèles pour découvrir notamment les secrets de la Black Lodge. Une tâche qui paraît lourde de sens, les derniers membres de l'équipe étant Jeffries, Cooper et Chet Desmond, qui apparaît dans le film Twin Peaks : Fire walk with me. Tous trois disparus après être rentrés dans la fameuse Black Lodge, justement. Ceux qui ont pu lire L'histoire Secrète de Twin Peaks de Mark Frost savent aussi que cet obscur projet impliquait le major Briggs et Douglas Milford par le passé. Soit deux protagonistes clés de la dimension fantastique de la série. Ce qui n'est pas sans rappeler le pitch de X-Files au passage, la première et plus imposante héritière directe de la série.

 

Photo Grace ZabriskieGrace Zabriskie a vu un truc chelou on dirait

 

C'est ensuite un personnage fascinant qui refait surface. En effet, Sarah Palmer, mère de feu Laura, se rappelle à nos bons souvenirs et se retrouve notamment au centre d'une scène extrêmement malaisante. Habituée aux comportements étranges et clairvoyants (elle voyait ainsi Bob et le fameux cheval blanc les soirs où Leland Palmer violait leur fille), elle récidive ici dans un supermarché. Elle prévient ainsi les deux jeunes caissiers qu'un danger approche, tout en perdant ses nerfs et en devenant franchement flippante, comme elle sait si bien le faire. On apprécie une nouvelle fois le jeu très intense de son interprète, Grace Zabriskie, habituée des œuvres lynchiennes (Sailor et Lula ou Inland Empire plus récemment).

Nous voyons aussi plus longuement Ben Horne, en compagnie du Sheriff Truman, obligé de réparer les dégats causés par Richard, son diabolique petit fils, qui reste introuvable. Horne échange également avec le sheriff, la fameuse clé de la chambre 315 où Cooper résidait il y a 25 ans. Un indice qui semble avoir son importance mais nous ne savons pas encore dans quelle mesure.

 

Photo Richard BeymerRichard Beymer 

 

Ô, AUDREY !

L' autre élément marquant de cet épisode est (enfin) le retour du personnage d'Audrey Horne. Blessée à la fin de la saison 2 et au centre de plusieurs rumeurs, cette femme si troublante et sexuée est ici à la recherche de son amant, Billy. Le tout, dans une scène longue voire irritante qui la montre en face à face avec son mari, où leur long échange se termine par un blanc très mystérieux et surréaliste. Il n'est cependant pas fait mention de Richard, qui est très probablement son fils, et qui est toujours en fuite. On ne sait donc pas encore grand chose de son implication dans l'histoire, ce qui est légèrement frustrant. Mais nul doute qu'elle devrait y trouver une place importante.

 

Photo Sherilyn FennSherilyn Fenn 

 

La dernière scène, entre deux jeunes femmes au Bang Bang Bar, est aussi assez intriguante. Un ami se joint à leur table, les mains tremblantes, après avoir eu un violent accrochage sur la route, avant un élégant concert des Chromatics.

Entre ça et la prémonition de la mère Palmer, doit-on donc en déduire que le Doppleganger, absent depuis déjà deux épisodes, serait finalement en route pour Twin Peaks ? C'est en tout cas ce que semble confirmer Diane, en contact avec lui par sms et qui finit par déduire (grâce au bras d'un des cadavres de l'affaire) son emplacement, qui n'est autre que notre ville chérie. Voici qui augure donc d'une suite furieusement captivante. Même si nous peinons encore à deviner la nature de sa relation avec Diane.

 

Photo Laura Dern

 

Il paraît, in fine, évident que Lynch et Frost jouent un peu avec nos nerfs en nous proposant cet épisode (très) lent, frustrant et parfois farceur, même si l'aventure suit son cours et les informations continuent d'affluer. Nous attendons donc avec impatience que tous les éléments convergent enfin vers Twin Peaks, où les planètes devraient dûment s'aligner.

 

Affiche

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commentaires lecteurs votre commentaire !
Greg Gn_85009
18/08/2017 à 15:35

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les épisodes sont inégaux!
Apres des épisodes de 1 à 7 intéressants, rythmés, plein de découverte, d'intrigues on arrive au 8 eme épisodes qui nous propose un test artistique (très pénible). de 9 à 11 le rythme reprend mais les intrigues s'enfoncent, s'engluent , entrecoupés de scènes interminables, inutiles, longues, très longues, pour arriver à ce 12eme épisode qui est le paroxysme de cet état de longueur.
3-4 infos tenues en 10 minutes de tournage dans un épisode de 50 mn de blabla sans intérêt, des scènes ni drôles, ni intéressantes...
J'espère un final rythmé et original sur la fin, car le "good Coop" est tout de même un légume qui n'a pas évolué depuis 12 épisodes et tout le reste tourne au ralenti depuis 3 épisodes plus ennuyeux qu'intéressants (sauf peut être le onze qui relance un peu la machine)
Bref, je me force à regarder par amour de cette série mais les épisodes deviennent long...trop long...

Sawyer
06/08/2017 à 08:12

Ah, si on n'aime pas la saison 3 de "Twin Peaks", c'est forcément parce qu'on est nostalgique du vieux "Twin Peaks", genre "c'était mieux avant"... (bon, oui, incontestablement, "Twin Peaks", c'était mille fois mieux avant !)... et qu'on serait, par conséquent, hermétique, voire carrément hostile, à la modernité révolutionnaire de cette saison 3...

Alors, moi, en fait, je ne voulais surtout pas d'une saison 3 qui ressemble aux deux premières : j'aurais détesté ce côté nostalgique, justement, j'aurais détesté de nombreux clins d'œil au passé, je n'aurais pas supporté que les personnages jouent leur ancienne partition...
Certains personnages sortaient à peine de l'adolescence (Bobby, Audrey...), imagine-t-on un seul instant qu'ils auraient pu refaire leur ancien numéro à près de 50 ans, aujourd'hui ?
C'eut été absurde, et particulièrement embarrassant (genre Bette Davis habillée comme la petite fille d'antan dans "Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?").

Non, moi, je voulais quelque chose de nouveau, d'assez différent, qui prenne en compte les 26 années écoulées.
Et puis au cinéma, on ne réussit jamais à refaire la même chose tant d'années après... parce que l'époque a changé... la technique cinématographique également...

Qu'est-ce que j'attendais exactement ?
Je n'en sais trop rien : je voulais seulement que David Lynch m'éblouisse comme il a su le faire plusieurs fois, par le passé.

Si cette saison 3 avait été littéralement habitée par la grâce et la magie de "Mulholland Drive", j'aurais été le premier à hurler au génie...
Et honnêtement, les 10 premières minutes, j'y ai cru : première scène entre Cooper et le géant... puis seconde scène où un mec, à New York, surveille scrupuleusement un grand cube en verre (j'ai deviné tout de suite qu'un esprit pouvait apparaître dans ce cube scruté par de multiples caméras... ou bien, que ce serait une porte menant à un monde parallèle... ou, pourquoi pas, à la Black Loge...).
Sur le coup, j'étais littéralement fasciné, je croyais que le grand Lynch était enfin de retour et qu'il allait nous faire oublier son épouvantable "Inland Empire" de 2006...

Et puis quand l'extra-terrestre de Roswell est apparu, et qu'il a massacré le jeune couple... j'ai trouvé ça nul, grotesque, à peine digne d'une mauvaise série Z tentant maladroitement de pasticher "Alien"...
Là, j'ai commencé sérieusement à m'inquiéter...

Quant à la première apparition de "Devil Cooper", je l'ai trouvée kitsch à souhait... et un peu ridicule : Kyle Maclachlan pas franchement crédible dans le rôle du super méchant.
Kyle Maclachlan, d'ailleurs, a toujours été un acteur assez fade : il n'était vraiment pas terrible dans "Dune" (un film que j'aime pourtant énormément, film de SF adulte d'une grande flamboyance... même si la seconde partie est trop elliptique, l'intrigue apprentissage chez les Fremen est survolée et un peu trop vite expédiée), donc Maclachlan pas vraiment crédible pour incarner un messie charismatique... dans "Blue Velvet", ça passe, car il est censé jouer un blanc-bec un peu boy-scout...

Et dans "Twin Peaks", la série, miraculeusement, il est fabuleux... car il a eu la chance d'endosser le rôle de sa vie...

Et puis ensuite, apparemment, il n'a rien fait de très intéressant (il est également assez fade dans "Desperate Housewives").

Le problème du méchant Cooper, c'est qu'on a à peu près la même chose dans la nouvelle série de "Dragon Ball" : "Dragon Ball Super".
Sur Terre, dans un monde parallèle, l'esprit d'un dieu a pris possession de Son Goku... qui devient dès lors "Black Son Goku".
Son Goku, c'est, en principe, le mec le plus fort de l'univers... alors Black Son Goku, vous imaginez à quel point il devient imbattable...

Donc, cette intrigue avec le méchant Dale Cooper est vraiment complètement naze : on n'y croit pas une seconde !
Est-ce que j'attends de "Twin Peaks" une telle intrigue digne d'une BD pour enfants (style "Spirou") ou de "Dragon Ball Super" ?

C'est là qu'on se rend compte que la fin de "Twin Peaks" (quand Dale Cooper brise le miroir et qu'on y voit le reflet de Bob), si cette fin paraît très ouverte (genre : on meurt d'envie de connaître la suite !), elle est en réalité très fermée... car Cooper possédé par Bob... c'est un peu comme si Cooper lui-même avait assassiné Laura Palmer.
La fin de la série renvoie donc au début (la découverte du cadavre de Laura), ça forme une sorte de boucle... et on ne peut pas vraiment en sortir.

Leland possédé par Bob, ça fonctionnait merveilleusement bien... d'abord parce qu'on ne s'y attendait pas du tout (c'était un fabuleux coup de théâtre déjouant toutes les prédictions)... et en même temps, ce Leland, tout rassurant qu'il soit, paraissait tout de même assez perturbé... lorsqu'il passait de la jovialité surjouée à des crises de larmes terribles.
Ce mode cyclothymique en faisait une sorte de schizophrène idéal... du type Norman Bates dans "Psychose".

Et ce qui fonctionnait avec Leland (possédé par Bob), à mon avis, ne pouvait pas fonctionner avec Cooper (possédé par Bob), le héros référent de la série.
La série était bouclée, achevée... on n'aurait jamais dû aller plus loin que cette ultime scène géniale et effrayante...

Quant à la saison 2...
David Lynch dit qu'elle est pourrie parce qu'il n'y a pas vraiment participé... sous-entendu, "la saison 3 sera géniale car j'en suis l'auteur intégral".
Belle crise d'ego... car cette catastrophique saison 3 n'arrive pas à la cheville de la, certes, inégale saison 2 (inégale mais souvent passionnante malgré tout).

Les 15 premiers épisodes de "Twin Peaks" sont, selon moi, absolument parfaits... le sommet étant atteint avec l'épisode sur la mort de Maddy Ferguson (puis l'épisode suivant) : le géant qui apparaît à Cooper au bar "It's happening again !"... Sarah Palmer rampant au sol puis s'évanouissant... Leland se regardant dans le miroir et le reflet de Bob y apparaissant... le tourne-disque qui fait un bruit entêtant et angoissant...
Oh, putain, j'en ai des frissons rien que d'y penser !!
C'était du grand art !
Rien de comparable dans la saison 3...

Et David Lynch affirme récemment qu'on n'aurait jamais dû dévoiler l'assassin de Laura Palmer : belle absurdité... car on n'aurait pas eu ces deux épisodes fabuleux... avec un Leland fou à lier qui fait semblant de chialer... pour ricaner l'instant d'après...

Alors certes, la série décline un peu par la suite (après la mort de Leland)... on n'a plus la même intensité... on se perd un peu dans des intrigues conventionnelles... c'est une sorte de ventre mou... mais vers la fin, la série redevient passionnante avec le face-à-face entre Windom Earle et Dale Cooper (la partie d'échecs mortelle), l'arrivée de la merveilleuse Annie dans la vie solitaire de Dale Cooper...

Et le dernier épisode, complètement fou, d'une audace insensée...

vento
05/08/2017 à 16:55

seul bémol pour moi pour cet épisode 12: la musique qui illustre les "sensations" de Sarah Palmer dans le supermarché n'aurait jamais dû être reproposée!! cette musique était beaucoup trop liée à l'autopsie de Theresa Banks dans FWWM, cela allait très très bien avec cette scène , alors qu'ici cette composition n'a pas lieu d'être et c'est pour moi un manque de créativité à ce niveau là, un copié collé alors qu' une nouveauté aurait été la bienvenue!!!

theowlsarenotwhattheyseem
05/08/2017 à 16:08

Beaucoup de gens confondent nostalgie facile ,voire puérile, avec chose qui était intéressante et drôle devenir juste du nombrilisme ennuyeux pour pseudo-cérébraux au garde à vous du "génie du Maitre ".Il a juste un peu vieillit le Maitre (mais c'est notre lot à tous ), et il commence à radoter sévère .
On prend du Eraserhead , du Mulholland drive ,beaucoup de Inland Empire , un chouïa de Twin Peaks , un gros manque de Blue velvet , on secoue un peu ( vraiment très peu ) et on obtient " un chef d’œuvre entièrement nouveau et révolutionnaire "(sic) !
Tous les acteurs des premières saisons étaient de parfaits inconnus ou des acteurs oubliés des années 50 ( du moins en France , exceptée Joan Chen ) et ils ont réussi le tour de force de se faire connaitre de tous car leurs rôles étaient juste géniaux , tout simplement .
Nous coller Knepper qui nous fait pour la énième fois du Tbag ( et oui , je regrette Léo Johnson ) et tous ce casting de 'guests" en quête de promotion , avec des rôles de rien , où est la création et surtout où est le plaisir ?

Et c'est vrai que c'est bon la tarte aux cerises , avec un bon café , et que j'en reprendrais bien une part à l'occasion .

Batipou
05/08/2017 à 14:15

Effectivement les pères de Twin Peaks, Lynch et Frost ont tué ce qu'était devenu leur série durant la saison 2 : une parodie d'elle même. Les 2 auteurs l'ont toujours dit : ils ont été dépossédé de leur bébé et ils détestent cette saison 2.

Ils ont donc écrit une saison sur un retour impossible, une nostalgie perdue qu'on ne retrouvera jamais car les temps ont changé.

Je repense à un commentaire sur le précédent épisode d'un fan des premières saisons très très déçu qui terminait sur "je m'en vais retrouver les hiboux et les donuts". Voilà c'est exactement ça : il s'attendait a revoir exactement la même chose à coup de coffee et de tarte à la cerise.

Sawyer
03/08/2017 à 07:09

On sait depuis longtemps qui a tué Laura Palmer...

On sait maintenant qui a tué la série "Twin Peaks"...

... dans les deux cas, ce sont des pères infanticides !

ComprendsPas
03/08/2017 à 00:58

Une scène de dingue dans la supérette avec cette même bande son angoissante que l'on entendait déjà dans Fire Walk With Me durant l'autopsie de Theresa Banks.
Quel bonheur de revoir Audrey Horne malgré les années. Quand à la petite larve de Richard Horne, qui nous dit que c'est le fils d'Audrey ? Peut-être que oui, peut-être que non...
Je vous rappelle qu'à la fin de la saison 2, Donna Hayward découvrait que Ben Horne était son père...
Vivement la suite.

Riri
03/08/2017 à 00:06

Je me régale chaque semaine de cette série pleine de mystère qui sait jouer délicieusement avec les rythmes. Scène adorable de Lynch et sa Frenchie, suivie de celle d'Audrey, presque méconnaissable (aïe...). Vivement l'épisode 13!

Dr Eam
02/08/2017 à 10:47

David Lynch et Mark Frost châtient les impatients. Il faut être un grand chef pour faire un bon plat avec des tonnes d'ingrédients. David Lynch est un très grand cinéaste (et artiste au sens large). On peut s'attendre à du grandiose même si, à l'instar de Bob, on pourrait croire qu'il marche avec le feu au risque de se brûler. On ne peut rien pronostiquer avec cet homme. Je prends un plaisir immense à "le regarder travailler". Je marche avec lui.

Trololo
02/08/2017 à 09:41

Lynch trolle son monde.
C'est rigolo.

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