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House of the Dragon saison 2 épisode 5 : critique d’une guerre presque totale

Par Mathieu Jaborska
15 juillet 2024
House of the Dragon Saison 2 épisode 5 : critique

Malgré le final guerrier du précédent épisode, House of the Dragon risque de décevoir encore ceux qui lui reprochent de se dérober en permanence. Et si c’était sa plus grande force ?

Difficile de l’oublier : l’épisode 4 de House of the Dragon saison 2 se terminait dans le feu et le sang, laissant le destin de certains personnages en suspens. La guerre bat désormais son plein et les affrontements semblent inévitables. Toutefois, cet épisode 5 s’en désintéresse une fois de plus, révélant l’audace d’une saison 2 qui refuse décidément de mettre en scène la baston homérique attendue. ATTENTION, SPOILERS !

Tous pourris

La série HBO suivant une structure narrative assez classique, il était logique que cet épisode 5 ne soit pas aussi grandiloquent que le climax de mi-saison. L’heure est au deuil et surtout à la gestion des conséquences de l’affrontement entre feu Rhaenys, braisé Aegon et bien vivant Aemond. D’une part, le conseil de Rhaenyra se disloque. D’autre part, le roi ressemble à s’y méprendre au croque-monsieur que l’auteur de ses lignes dégustait devant sa télévision.

Les deux camps accusent le coup, voire s’apprêtent lentement mais sûrement à toucher le fond. Depuis le début, les scénaristes n’ont cessé de dresser un parallèle entre les ennemis, qui prétendent s’opposer mais vivent la situation quasi exactement de la même manière. Tous deux vont donc se trouver en mauvaise posture simultanément, et c’est bien entendu le peuple qui va en faire les frais. Un peuple représenté par une petite famille chargée d’une enfant malade, faisant pour le moment toujours office de caution.

Quand ton fiston a oublié de mettre de la crème solaire

Particulièrement importants dans cet épisode, où les dirigeants des deux factions sont confrontés à leur imprévisibilité, les prolétaires de Westeros sont mieux traités à travers la déconnexion de leurs dirigeants que quand ils apparaissent à l’écran. Oui, les Targaryen instrumentalisent leur volonté sans réellement s’en soucier (une fois de plus, leur supposée misogynie est un instrument politique), mais le scénario en fait de même. Dommage, tant Game of Thrones, en dépit de ses défauts, nous avait proposé des personnages de roturiers complexes.

L’intérêt de cet épisode met effectivement également en valeur certaines de ses failles. Contraint de s’attarder aussi bien sur la prise de pouvoir d’Aemond que sur les mésaventures de Rhaenyra et de filer la comparaison entre les deux camps, le récit survole un peu les problèmes disséminés ici et là, à commencer par les bad trips incestueux de Daemon, qui explicitent assez lourdement ses tares et ses ambitions mal placées. Plus que jamais, cette saison est imparfaite… mais passionnante.

« Douloureuse, cette descente »

Plus de donjons, moins de dragons

Les spectateurs qui regrettaient les détours empruntés par les premiers épisodes risquent donc de maugréer de plus belle. Le cliffhanger de l’épisode 4 n’annonçait en fait pas un emballement du rythme de la saison. Pourtant, c’est justement en refusant l’appel du grand divertissement guerrier que les scénaristes se montrent malins. Désormais, la note d’intention apparait clairement : House of the Dragon, en bonne observatrice des dynamiques de pouvoir, propose un regard sur la guerre qui dépasse le plaisir de la violence et les grands récits épiques.

Le conflit qu’elle raconte a beau mener à la mort de centaines de soldats, il se joue entre les murs de donjons plus froids les uns que les autres, pour certains littéralement hantés par les précédents combats. Et surtout, bien que meurtrières, les batailles ne sont que les façades de joutes souterraines entre puissants et de mouvements sociaux dont ils peinent à saisir la logique ou l’importance. Bref, c’est la guerre sans la gloire et autres mensonges, sans ses faits d’armes et ses grands hommes (ils sont tous pathétiques).

Le Manuel Valls de Westeros

Puis, il y a les dragons, moins des majestueux guerriers qu’une version médiévale de la menace nucléaire. Et quand la dissuasion échoue, les humains sont une fois de plus inconséquents, au point d’infliger un sérieux stress post-traumatique à cet enfoiré de Cole. Certes, House of the Dragon n’est pas dénuée de défauts, mais elle sait pour le moment contourner les attentes du public (et de la promo) pour s’intéresser aux véritables modalités – dérisoires – d’une guerre de cette ampleur, au sein de laquelle la vie cesse d’avoir de l’importance.

La dernière scène va ainsi faire des déçus, mais elle est d’une importance capitale : en désespoir de cause, Rhaenyra pourrait bien faire tomber l’un des murs entre les gens de pouvoirs et le bas-peuple, qui se fait de plus en plus entendre au cours de l’épisode. Et si les grands vainqueurs de cet affrontement absurde n’était ni dans le camp des verts, ni dans le camp des gris ?

Un nouvel épisode de la saison 2 de House of the Dragon disponible chaque lundi depuis le 17 juin 2024 sur la plateforme Max en France.

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Lylian

Bref, on s’ennuie.

Jeagrey

Cette série ce sert du conflit israélo palestinien vous devriez être content les islamogauchistes pro Hamas d écran large non ?

Tony

Je rejoins bon nombre de commentaires ici, on ne s’attache a aucun personnage. Ils ne sont là que pour passer le message du thème social de l’épisode. Et les auteurs appuient a outrance dessus pour être bien sur qu’on a compris (les 5 minutes de gros plan d’Alicent alors que le message avait été déjà plus que clair sur les 10 minutes précédentes…).
Rien ne surprend dans cette série (qui s’est demandé ce qu’il pouvait y avoir dans la boite lors du retour de Cole? qui a été surpris de voir Vhagar surgir pour tuer Rhaenys?, …)
On sent nettement qu’il manque de la matière (les livres sont moins « précis » que pour GoT) et les auteurs cherchent les « bonnes idées » plus qu’a construire l’histoire et ses personnages.

La palme de l’épisode à la scène finale, ok, c’est un élément très important pour la suite mais en voyant cette scène, on a l’impression de regarder une télénovela. Perso, la scène m’a fait rire et je suis pas sur que c’était son objectif…

Brice

Que du blabla c’est très long et chiant.rien à voir avec game of trône que j’ai dévoré en peu de temps le mois dernier. Les personnages sont tous aussi hypocrite et malsain et vraiment pas travailler. Du coup on a l’impression que c’est tous les mêmes, aucun ce démarque. C’est dommage.

Cléo Bumel

Un article extrêmement bien écrit, une fois n’étant pas coutume, et proposant une analyse fine des stratégies narratives déployées par les showruners. Bravo pour cet article de qualité qui, je l’espère, sera suivi de beaucoup d’autres!

Jacko0

Je rêve ou c’est la même note que pour un épisode de The Acolyte ?

Je veux bien qu’on note relativement au sein d’une même série mais là vous abusez non ?

Si les épisodes magnifiques de HotD sont 3*, faudra mettre -8 à chaque épisode de the acolyte.

Marc en RAGE

A la Rédaction

Juste un retour qui fait plaisir de Amanda Collin et de Abubakar Salim dans cette saison 2 de House of Dragon .
Amanda était Lamia ou mère et Abubakar il interprétait Père, le duo de la série Raised by Wolves ( 2020-2022 ) quel plaisir de les retrouver.

Joey Joe Joe Jr Shabadoo

J’ai l’impression que vous voyez cette façon de tourner autour du pot pratiquement comme de l’edging. Personnellement avec cet épisode, je commence à perdre plaisir. On a compris que Daemon était torturé, pas besoin de le faire planer pendant 4 épisodes.. Idem avec le membre du conseil qui passe son temps à critiquer Rhaenyra. Ou le fils de cette dernière qui se lamente en permanence sur son impuissance. Le maître des marées, lui, est dépressif depuis bien avant que sa femme ne meure. Pitié ne me faites pas un épisode PTSD de Cole la prochaine fois. Tout ça commence à être un peu lourd.

Par ailleurs, comme souligné dans la critique, ce serait bien de nous présenter des gens du peuple qui ne sont pas que des personnages fonction (famille avec enfant malade illustrant l’oppression). Une idée a été amorcée avec le personnage se prétendant bâtard. Une autre avec l’envoyée de Mysaria. Espérons que ça mène à un peu plus que l’obtention d’un banal renseignement.

Seb34

Toute cette narration pourrait m’intéresser si j’avais un minimum d’empathie pour les personnages, ce qui n’est pas le cas hélas…
On s’ennuie en attendant, mais en attendant quoi ?
En attendant que la série arrive à nous accrocher, même si c’est pas avec de la guerre.
Un épisode non guerrier ne devrait pas signifier un épisode nul.
J’ai trop bâillé devant cet épisode.

Tom Ward

C’est drôle parce que de mon côté on vient aussi de mater l’épisode en dégustant un croque-monsieur. Comme quoi.