Demon Slayer - Le quartier des plaisirs : critique qui reprend son souffle

Elliot Amor | 15 février 2022 - MAJ : 15/02/2022 13:59
Elliot Amor | 15 février 2022 - MAJ : 15/02/2022 13:59

La nouvelle saison de Demon Slayer, intitulée Le Quartier des plaisirs, s'est achevée et on essaie encore de retrouver une respiration normale après autant de sensations fortes. Certains considèrent qu'il s'agit d'une saison 3, d'autres prétendent que c'est une saison 2, partie 2. Nous, on ne sait pas encore quel camp on a envie de vexer.

Attention : cet article contient des spoilers.

Trois Geishas et un démon

Après la triste mort de Rengoku Kyojuro, alias le pilier du feu, à la fin de l'arc du train de l'infini, nos héros récupèrent leurs forces dans les quartiers de Shinobu. On y retrouve très vite l'humour de la série, le running gag du forgeron qui pète un câble, Zenitsu qui chiale, enfin vous connaissez. À côté de ça, on découvre le concept de « souffle du soleil », la technique anti-démon dont découlent toutes les autres et dont Tanjiro serait un utilisateur (sans le savoir).

Mais le souffle du soleil n'est pas ce qui nous intéresse dans cette saison, car le scénario veut très clairement garder ça pour plus tard. Pour l'instant, Tanjiro, Nezuko, Inusoke et Zenitsu doivent partir à la chasse au démon dans le quartier des plaisirs de Yoshiwara. L'arc commence alors de façon légère, avec un petit côté Mulan amusant. Mais les ennuis arrivent plus vite qu'on ne l'espère, pour notre plus grand plaisir.

 

Demon Slayer : photoLes plus belles

 

Les héros mènent une enquête durant les quatre premiers épisodes de la saison. Cette courte phase d'exposition nous fait découvrir le décor et ses enjeux. Tanjiro est, sans surprise, très motivé pour accomplir toutes les tâches qui lui sont confiées, Zenitsu fait des grimaces, joue du shamisen et se fait capturer en premier par la lune démoniaque. L'entrée en scène de cette dernière est d'ailleurs effrayante et, pour une fois, on comprend la terreur du pourfendeur jaune. Inosuke, quant à lui, est étonnamment très impliqué dans la mission confiée par Tengen : enquêter sur la disparition de ses trois épouses, Makio, Suma et Hinatsuru.

Après le sympathique cours d'histoire, le protagoniste rencontre à son tour Daki, la lune démoniaque mangeuse de geisha. Et à partir de là, la baston ne s'arrête presque plus. L'histoire de l'anime et du manga est loin d'être nulle, mais elle se contente d'être simple et efficace, rien à voir avec des récits complexes comme Death Note ou L'Attaque des Titans. Là où le scénario de Demon Slayer excelle, c'est dans ses retournements et révélations qui ont lieu durant les combats. Ça permet non seulement de nous tenir en haleine, mais c'est aussi ce qui rend les combats plus longs et palpitants.

 

Demon Slayer : photoMémoires d'un pourfendeur

 

La transformation de Nezuko, l'arrivée de Gyutaro, la main coupée de Tengen, l'explosion sanguinaire... la saison est assez prenante pour que chaque cliffhanger nous fasse lâcher un « C'est la merde » dès l'épisode 6, et ce, même après que les antagonistes soient vaincus. C'est d'ailleurs après le combat dévastateur et plus que spectaculaire qu'on nous sert le flashback pas très utile sur la vie des antagonistes. La saison 1 nous avait déjà bien fait comprendre que chaque démon a eu une vie humaine avant d'être à la solde de Muzan. À quoi bon vouloir nous rapprocher de Daki (de son vrai nom Ume) et Gyutaro) alors qu'ils sont déjà morts ?

Certes, les deux antagonistes sont des versions démoniaques de Tanjiro et Nezuko, mais nous n'avions pas besoin de ce flashback pour le comprendre. Mais on ne va pas se plaindre, le studio Ufotable nous a offert cinq épisodes de bagarre quasi non-stop, on peut donc tolérer un petit flashback anecdotique. Et il n'était pas si inutile que ça, car, en plus de découvrir une lune démoniaque ayant la voix de Light Yagami, on apprend qu'il est possible pour certains démons de créer des congénères, en dehors de Tamayo et Michael Jackson.

 

Demon Slayer : photo« Puis je prends une chips... Que je mange ! »

 

Trois Ninjas et un pilier

En découvrant Rengoku dans Le Train de l'infini, on a instinctivement placé la barre très haut pour les autres piliers. On peut donc se réjouir qu'Uzui Tengen n'ait rien à lui envier (si ce n'est que ce dernier voyait le pilier de la flamme comme un exemple à suivre). En termes de charisme, de personnalité et de compétences au combat, Tengen nous a régalés. D'ailleurs, on devrait peut-être parler du fait que, sans Nezuko, le pilier du son serait mort sans avoir pu en placer une. Tout ça parce que ses trois épouses se chamaillaient autour de lui. Non ? On n'en parle pas ? D'accord.

Et à propos de ses trois amoureuses, vous avez certainement remarqué leurs points communs avec nos trois protagonistes. Makio fait penser à Inosuke, c'est une bagarreuse au tempérament sanguin qui crie souvent sur Suma qui, comme Zenitsu, est une trouillarde qui passe son temps à pleurer. Et nous avons Hinatsuru, celle qui pense plus aux autres qu'à elle-même, tout comme Tanjiro.

On ne serait pas étonnés d'apprendre que les éditeurs de la Shūeisha aient dit à Koyoharu Gotōge (l'auteur du manga) d'intégrer plus de jolies filles dans ses planches s'il voulait donner envie aux ados de continuer à lire son manga. La présence des trois kunoichis n'est d'ailleurs pas cruciale, mais certainement pas inutile. En plus du soutien qu'elles apportent, Makio, Suma et Hinatsuru ajoutent de l'humour à la série et confèrent plus de profondeur au personnage de Tengen. Le tout sans que l'anime ne se heurte trop violemment au problème classique de personnages féminins gravitant autour d'un homme.

 

Demon Slayer : photoSuma a encore fermé les yeux à cause du flash

 

Daki et Gyutaro forment un duo très intéressant. L'une est belle et gracieuse, parvient à être choupi quand elle pleurniche, elle se bat sans toucher directement ses adversaires et ne mange que des proies qu'elle trouve jolies ; l'autre est répugnant et difforme, il se bat au corps à corps et s'exprime comme un voyou. Mais le frère et la sœur ont beau être de parfaits opposés, ils ne font qu'un. La seule façon de les tuer est de faire en sorte qu'ils soient décapités au même moment, ce qui crée très vite d'incroyables tensions dans le double affrontement.

Maintenant qu'on a vu des lunes démoniaques aux capacités principalement offensives, on aimerait bien que les prochains démons supérieurs soient dotés de pouvoirs un peu plus énigmatiques, dans le genre de l'ancien numéro 12 de la saison 1 qui tapait des tambours pour interagir avec son environnement. Et comment va être le numéro 1 ? On a hâte de découvrir ça en 2028 !

 

Demon Slayer : photoCloak & Dagger

 

Ne vous en faites pas, on va parler de la métamorphose de Nezuko, on veut juste faire une parenthèse sur Zenitsu. Ce trouillard dort pendant le combat final, donc on ne l'entend pas chialer et c'est cool, mais ce serait encore plus cool de le voir surmonter ses peurs en cas de situation critique (comme il l'a brièvement fait avant de se faire enlever par Daki). Et surtout, on voudrait bien qu'il apprenne d'autres mouvements du souffle de la foudre. Et pour en revenir à la transformation de Nezuko, eh bien c'était stylé. Voilà.

Plus sérieusement, cette croissance fulgurante nous interroge beaucoup. On va tout d'abord évoquer le flashback des deux méchants : on voit que Daki est devenu un démon alors qu'elle n'avait pas encore de corps d'adulte. Pourtant, les démons ne vieillissent pas. Et nous avons vu des lunes inférieures avec des apparences d'enfants et d'adolescents ; on peut donc très bien imaginer que la croissance corporelle est un signe de puissance chez un démon, une puissance digne d'une lune supérieure.

Notre adorable petite Nezuko est un démon depuis environ deux ans et cela lui suffit pour humilier une lune supérieure (tout en y prenant du plaisir). Elle est aussi capable de se régénérer aussi vite que le numéro 3, Akaza. Et bien sûr, Nezuko échappe à l'emprise du Smooth Criminal, tandis que d'autres explosent s'ils parlent de lui. Ces exploits peuvent notamment s'expliquer par le long sommeil dans lequel elle s'est plongée dans la saison 1, mais aussi par l'héritage génétique de son père qui était très manifestement un manieur (ou le descendant d'un manieur) du souffle du soleil.

 

Demon Slayer : photoNezuko a activé la Dragon Force

 

Chevaliers de l'Ufotable ronde

Parlons maintenant de ce qui vaut au Quartier des plaisirs la note prestigieuse de 4,5 étoiles. La direction artistique, le doublage, les musiques, le travail sur le son, le mélange 2D et 3D, et surtout l'animation que nous proposent les équipes d'Ufotable sont incroyables. C'est avec Fate/Zero que le studio a commencé à vraiment se faire remarquer et c'est avec Demon Slayer qu'il devient incontournable.

Rien que le récap du combat entre Rengoku et Akaza envoie du lourd, on ne pouvait donc que s'attendre à un climax époustouflant. Dès que Tanjiro démarre les hostilités avec Daki, l'action et la violence montent progressivement jusqu'à la mise à mort des démons dans l'épisode 10. Les échanges de coups monstrueux sont des leçons d'animation, tout est fluide, coloré, bien rythmé, bien monté et notre regard ne lâche pas l'écran un seul instant.

 

Demon Slayer : photoSantôryû Oni Giri

 

La mise en scène ne tolère aucun temps mort, les actions s'enchaînent vite, les personnages se surpassent continuellement et ne réfléchissent pas pendant des plombes. Ils réagissent bien et font vraiment ce qu'on attend d'eux. Par exemple, une fois la tête de Daki tranchée, Inosuke l'attrape et part avec en courant sans se poser de question. Hélas, la tentative échoue (car le combat est riche en rebondissements), mais on n'a pas été frustrés de voir les personnages immobiles pendant quelques instants, ce qui aurait évidemment mené à l'échec. C'est justement en voyant que la réactivité irréprochable des personnages ne suffit pas à prendre le dessus, tant l'ennemi est redoutable.

Lors de l'instant fatidique, c'est évidemment le souffle du soleil qui met le coup de grâce à Gyutaro, Tanjiro obtient la fameuse marque dont lui parlait le père de Rengoku dans sa lettre. Une marque qu'on voit sur le front de l'homme mystérieux qui aurait mis une raclée à Muzan, comme on peut l'entrevoir dans une brève réminiscence. Oui, bon, le père de Tanjiro et Nezuko a très certainement un lien avec ce pourfendeur, c'est probablement un de ses ancêtres, qui sait ? Lecteurs du manga, taisez-vous.

 

Demon Slayer : photoOn vit une belle époque

 

Pour finir, les musiques de Yuki Kajiura et Go Shiina sont plus belles que jamais. On a droit à du symphoniste, de l'électronique, des émotions, de l'effroi, des chœurs et de l'épique sans modération. Le thème d'Inosuke est revigorant, à l'image du personnage, la musique lors de la tirade de Tengen dans l'épisode 8 est tout bonnement magnifique. Publiez la BO, s'il vous plaît. Le nouvel opening est visuellement beaucoup plus beau que le premier, même si votre humble serviteur préfère s'enjailler avec la musique de la saison 1 (au lieu de dormir).

On sait que le scénario de la saison 3 accueillera les piliers de la brume de l'amour pour encadrer les quatre terreurs. On attend d'en savoir plus et on prendra notre mal en patience s'il le faut, mais on espère de tout cœur que la suite arrivera dans moins d'un an. L'anime est trop beau pour qu'on se mette au manga, vraiment.

Demon Slayer - Le quartier des plaisirs est disponible en intégralité sur Wakanim et Crunchyroll depuis le 13 février 2022

 

Saison 3 : Affiche officielle

Résumé

Le studio Ufotable s'est surpassé pour nous livrer en temps et en heure un des meilleurs animes de l'année. On exagère à peine, si on devait faire un top 5 des meilleurs animes de 2022, Demon Slayer serait dedans (mais on n'en fera pas).

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(3.0)

Votre note ?

commentaires
Vulfi
19/02/2022 à 13:33

@Badak

Très beau procès d'intention que vous faites là, félicitations !

C'est marrant parce que je n'avais pas souvenir que la saison 1 et le train de l'infini étaient restés confidentiels, dans l'anonymat. Pourtant, j'ai bien dit à deux reprises les avoir adorés. Comme tout le monde.

Les bienfaits du procès d'intention : on met la focale sur le caractère d'une personne et hop, par magie, tout son discours n'a plus aucune légitimité.

Peut-être est-il juste trop difficile pour vous d'imaginer qu'un spectateur puisse réellement ne pas avoir aimé cette saison 2. C'est pourtant mon cas.

Momo
15/02/2022 à 20:50

@Elliot : Pas la peine que vous le précisiez , on l'avait compris par la note ;)

Vulfi
15/02/2022 à 15:47

@ Matthias Mertz

Un film n'est pas une série et vice versa. Le train de l'infini est un film. Il a été pensé comme un film, réalisé comme un film et c'est au cinéma qu'il a d'abord cartonné puisque, en l'occurrence, c'est un film.

La douille de la prod' de démarrer la diffusion de cette pénible saison 2 par le découpage en 7 épisodes du film (en fait ils ont juste rajouté un épisode - dispensable - pour s'offrir 7 nouvelles semaines de diffusion à peu de frais) tend à confirmer mon propos sur les 12 suivants. On a étiré au maximum les rares péripéties pour remplir des cases, à défaut de bosser sur le scénario global. C'est une façon terrible d'appauvrir son matériau de base.

Là où le format film est d'une grande aide pour décider d'un rythme, que l'on opte pour un huis clos ou pour des aventures plus variées (les fameuses "enquêtes bidon"), le format série nuit pour sa part grandement au rythme face à un scénario si pauvre. Pas grand-chose ne se joue en réalité dans ce bloc de 4 heures mais on nous envoie 11 semaines d'épisodes (donc 11 résumés et 22 génériques), on nous balance des radotages à foison, des flashblacks pour meubler, des cliffhangers factices et on crée un suspense totalement artificiel : évidemment, et malgré pléthore de rebondissements auxquels on ne croit jamais, les vilains méchants sont vaincus et on ne donne aucune importance à leurs méfaits, histoire de bien aseptiser le tout.

Tout cela manque cruellement d'un travail sur le fond. Et ce manque de travail dénote beaucoup avec une première saison, qui à défaut d'être la série animée la plus originale du moment, était parfaitement menée sur tous les fronts.

Elliot Amor
15/02/2022 à 15:45

@Spidy

Il paraît que les producteurs de l'anime nous donneront des informations sur la prochaine saison le 20 février. Attendons de voir !

Spidy
15/02/2022 à 15:39

Je valide, c'est un chef d'œuvre, on retient son souffle.
Un seul regret pour ma part, que ca soit déjà terminé et qu'il faut maintenant attendre pour la suite!

Elliot Amor
15/02/2022 à 15:23

@Momo

Vous avez raison, je n'ai pas utilisé le terme « chef-d'œuvre » dans l'article... Je le vais donc le faire ici.
Cette nouvelle saison de Demon Slayer est un chef-d'œuvre !

Matthias Mertz
15/02/2022 à 14:46

@Vulfi :

Pas d'accord avec tout mais sur la narration de cette saison, il faut aussi ajouter qu'elle reprend la structure du Train de l'Infini, et qu'on aimerait bien être surpris. Rencontrer un hashura, aller en mission, passer 3 épisodes à mener une enquête bidon et sortir victorieux tandis qu'il est blessé/mort, ça va deux minutes.

Par contre, il faut bien avouer que c'est techniquement tellement nerveux qu'on ne voit plus le temps passer à partir de l'épisode 4, phénomène qui s'accentue à partir de la confrontation finale qui fera probablement date.

Momo
15/02/2022 à 14:27

la plus grande qualité de Demon Slayer est qu'il est magnifique et qu'il fait tres bien les choses.. Ce qui est son plus grand défaut car il n'apporte "rien"

Donc parler de chef d'oeuvre me parait exagéré comme la note le suggere

Pousse de Soja
15/02/2022 à 13:35

Alors effectivement, côté animation et réalisation, rien à redire c'est du tout bon (je crois que aucun animé ne lui tient tête à ce niveau là).
Par contre, gros bémol (et c'est là que nous voyons que nous sommes dans un Shonen) c'est l'histoire en elle même: ça ne raconte pas grand chose (il faut le reconnaitre). Les personnages qui pleurent toutes les 10 minutes, les combats à rallonge (contre la sixième lune supérieure), l'humour.. Bref, à ce niveau là, tous les clichés du Shonen sont réunis.

Shadow the Hedgehog
15/02/2022 à 13:24

@Vulfi

Wtf?

Plus
votre commentaire