Super Cub : critique qui veut s'acheter un Vespa

Elliot Amor | 28 juin 2021
Elliot Amor | 28 juin 2021

On ne s'attendait pas vraiment à vous dire du bien d'un anime qui adapte un light novel peu connu, produit par un studio tout juste fondé et faisant de la promo pour un concessionnaire automobile. Et pourtant, nous voilà en train de publier une critique de Super Cub, l'anime qui donne envie de vous procurer un scooter et de vous éloigner de la grande ville.

Country Roads

L'intrigue se déroule dans la petite ville de Hokuto (rien à voir avec Ken) au nord-ouest du mont Fuji, on y découvre Koguma, une lycéenne qui n'a ni parents, ni amis, ni projet d'avenir et très peu d'argent. Mais un jour, alors que Koguma peine à monter une côte à vélo sur le chemin de l'école, elle croise la route d'un inconnu en scooter. L'adolescente rend donc visite à un vendeur de motos qui lui propose un véhicule d'occasion : un Honda Super Cub (l'équivalent japonais du Vespa) pour le prix dérisoire de 10 000 yens (environ 100 euros).

Une fois assise sur le Super Cub à l'arrêt, Koguma sent une légère brise lui passer sur le corps, le tout accompagné d'une note de piano. Elle est convaincue qu'elle doit l'acheter, ce ne sont pas ses parents qui vont l'en empêcher ; on ne connaît d'ailleurs pas encore la raison exacte de leur absence, mais cela nous importe peu. À partir de là, l'héroïne va peu à peu commencer à apprécier son quotidien auparavant silencieux et désormais comblé par le bruit du moteur de son nouveau compagnon.

 

photoKoguma sur son (futur) Cub

 

En plus d'alléger le quotidien de l'héroïne, ce deux-roues lui confère un sentiment de liberté qui la laisse penser qu'elle peut aller où elle veut et quand elle veut. Koguma se met alors à sourire lorsqu'elle est seule avec son Cub, mais elle reste taciturne en compagnie des autres, chaque chose en son temps. Sa personnalité un peu froide et son manque d'expressions faciales ne vont pas non plus changer lorsqu'elle va enfin se faire une amie, Reiko, mais quelques émotions vont tout de même se déceler sur son visage.

Environ sept mois s'écoulent entre le premier et le dernier épisode de cette saison 1 qui commence en été et se termine à la fin de l'hiver. Et pendant tout ce temps, la série ne nous racontera rien d'autre que le quotidien d'une, puis deux, puis trois lycéennes qui se passionnent pour les deux-roues. Le premier challenge va être celui des jobs d'été (qui impliquent les Cub des protagonistes), le second sera de s'adapter au froid de l'hiver.

 

photoReiko avec le Cub de Koguma

 

Take me home

Nous n'irons pas jusqu'à dire qu'on s'attache facilement au personnage principal, à part lors de quelques petites scènes touchantes, mais la série parvient tout de même à nous faire souhaiter que tout se passe bien pour elle et son Cub. Super Cub fonctionne comme un film de Richard Linklater tel que Génération rebelleBoyhood ou Everybody Wants Some, les personnages ont des problèmes auxquels on peut s'identifier et ne vivent pas d'expériences traumatisantes, on se contente de les observer et d'apprécier leurs interactions.

Si on veut des personnages auxquels s'attacher rapidement, Reiko et Shii sont là pour ça. Reiko a passé son été à presque gravir le mont Fuji, sa succession de tentatives ratées aide à l'identification, l'adolescente est également très expressive et enthousiaste lorsqu'elle parle de son Cub. Reiko est en fait une nerd. Shii est quant à elle beaucoup plus discrète, ses interactions avec ses parents nous rappellent notre adolescence. Et bien que discrète, Shii est présente dans la plupart des épisodes avant ses premiers dialogues, ses yeux bleus, sa petite taille et ses cheveux légèrement gris la démarquent juste comme il faut des figurants.

 

photoUn vrai gang de bikers

 

Shii devient très vite une grande (même si elle est petite) admiratrice de nos deux conductrices de Cub, ce qui va la pousser à faire beaucoup plus de vélo, elle va même se mettre en danger en empruntant un chemin étroit. C'est quand elle appelle Koguma à l'aide après être tombée dans une rivière en pleine nuit qu'on a droit à un semblant de cliffhanger. Mais tout se termine bien avec un bol d'udon et une soirée entre copines.

Ce bref passage inquiétant nous montre à quel point Koguma sait rester taciturne garder son sang-froid à tout moment, il montre aussi qu'un Cub peut sauver plus d'une vie (alors que celui de l'héroïne aurait soi-disant tué trois personnes). On découvre aussi par la suite qu'un Super Cub peut exaucer un souhait, comme celui de faire disparaître le froid de l'hiver... même si, bon, c'est un peu tiré par les cheveux, car le trio se contente de rouler vers le sud pour intercepter l'arrivée du printemps. C'est un peu mignon quand même.

 

photoBien déguster son bento

 

Produit par le Studio Kai, Super Cub ne passe pas à côté de l'influence du Studio Ghibli, notamment leurs films des années 1990 comme Si tu tends l'oreille et Souvenirs goutte à goutte. Ces ressemblances se retrouvent autant dans le scénario que dans la mise en scène et la bande originale.

La série ose utiliser un procédé assez rare dans le monde de l'animation (car longtemps complexe), la colorimétrie change parfois complètement en plein milieu d'un plan. Lorsque Koguma essaie pour la première fois son scooter, quand elle découvre un nouvel accessoire, quand elle boit le café de Shii, etc. On passe tout doucement d'une image terne à une ambiance chaleureuse et très colorée.

Les musiques de la série ont beau être très belles, en particulier les mélodies accompagnées de sifflements, on ne les entend pas souvent. La mise en scène insiste beaucoup sur la morosité ambiante, le studio doit donc relever le défi de créer des bruitages convaincants, surtout ceux des deux-roues. L'auteur du light novel aurait prêté son propre scooter à l'équipe pour donner vie au Cub de Koguma.

La saison 1 de Super Cub est disponible sur la plateforme Wakanim depuis le 23 juin 2021

 

Affiche officielle

Résumé

Super Cub n'est pas l'anime de la saison printemps/été et ce n'est pas du tout son ambition. Studio Kai a certainement du potentiel et on ne peut qu'être curieux de voir ce qu'ils produiront par la suite.

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Lecteurs

(3.2)

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commentaires
Hasgarn
28/06/2021 à 21:33

Frais, lent, simple comme un bol d’air.
Du bonheur tranquille

zetagundam
28/06/2021 à 21:01

Jolie et agréable série qui donnerait presque envie de s'acheter un 2 roues pour aller se promener sans but et bel exploit concernant leurs voyage de printemps (c'est juste pour chipoter car je n'ai rien à reprocher à cette série)

Pi
28/06/2021 à 18:10

Oui merci pour cette précision. C'est une motocyclette.

Kaa
28/06/2021 à 16:31

Le super CUB n'est pas un scooter puisque le moteur est solidaire du cadre et qu'il est pourvu d'une boîte mécanique.

Pi
28/06/2021 à 16:26

J'ai beaucoup aimé les 3 premiers épisodes au rythme très lent qui développent quasiment une idée par épisode et le souci du détail concernant les modèles de Cub. Un modèle de scooter que je ne connaissais pas.

Ensuite, je trouve que ça commence à partir un peu dans tous les sens avec des dramatisations bon marché et des personnages qui ont tous des comportements bizarre. Je ne sais pas pourquoi les japonais montrent dans les animes des comportements qui ne correspondent pas à la réalité. Les gens ne sont pas aussi réservés en vrai, surtout les adolescents entre eux.
Bref, c'est gentil, ça fait l'apologie de la liberté à coup d'engins à moteur à explosion mais au final, ça ne raconte pas grand chose de très intéressant.

bambooloutre
28/06/2021 à 11:15

C'est un anime où il se passe quasiment rien, et c'est ça qui en fait tout le plaisir !
A noter aussi le côté très contemplatif et le boulot sur les paysages, des fois on aimerait bien les voir rouler un peu plus longtemps juste pour en profiter !

Un anime parfait pour se poser avant d'aller au lit avec un gentil smile :)

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