Saint Seiya : Les Chevaliers du Zodiaque Saison 1 - critique cashgrab

Christophe Foltzer | 22 juillet 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 22 juillet 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

L'époque actuelle est alarmante, et particulièrement du point de vue de la création. On a en effet l'impression que les studios ont perdu toute confiance en eux et ne peuvent plus que refaire, rebooter ou réadapter des classiques d'antan. Si cela fonctionne rarement, le résultat frôle le plus souvent le pire. Mais personne n'était prêt pour Saint Seiya : Les Chevaliers du Zodiaque version Netflix.

BRÛLE TON COSMOS !

Créé en 1986 par Masami Kurumada, Saint Seiya, ou Les Chevaliers du Zodiaque chez nous, fait partie de ces grands classiques du genre "nekketsu", au même titre que Dragon ball Z, à avoir traumatisé une génération entière d'enfants lors de sa diffusion dans le Club Dorothée à la fin des années 80. On se rappelle encore la folie qui s'était emparée de nous dans les cours d'école lorsque untel arborait fièrement sa figurine de Pégase, tandis qu'un autre devenait le roi du monde parce qu'il possédait tous les Chevaliers d'Or.

 

Chevaliers du ZodiaqueLes vrais

 

Une célébrité qui a périclité avec les années, avant de connaitre un regain d'intérêt en 2002, lorsque la fin du manga, le Chapitre d'Hadès, a enfin vu le jour en série télé (et quelle série, d'ailleurs !). Ce fut le début d'un retour en grâce de la licence qui s'est depuis illustrée dans moult nouveaux mangas et animés alternatifs avant que le film en CGI, Les Chevaliers du Zodiaque - La Légende du Sanctuaire, ne vienne vomir sur tout cet héritage en 2015. Pourtant, cela n'a pas suffi à tuer cet univers, qui continue de grandir, au point de devenir aujourd'hui une série produite par Netflix.

Les premières infos et la bande-annonce faisaient extrêmement peur, mais nous étions prêts à accorder le bénéfice du doute à ce Saint Seiya : Les Chevaliers du Zodiaque en mode reboot. On ne sait jamais, après tout, nous ne sommes pas à l'abri d'une belle surprise. Six épisodes plus tard (soit l'entièreté de la première saison), le constat est accablant : Netflix vient de se foirer dans les grandes largeurs.

 

Saint Seiya : Legend of SanctuaryLes faux de 2015

 

DES QUATRE COINS DE L'UNIVERS

Ce qui choque immédiatement, c'est l'absence de version japonaise. Un petit détail qui fait pourtant office de note d'intention : si la série est supervisée et coproduite par les Japonais, elle est l'oeuvre d'auteurs purement américains et n'a pour seule vision qu'une dimension internationale. Et cela a de grosses répercussions sur le scénario et le traitement des héros.

Pourtant, vue de loin, l'histoire ne semble pas si différente de son modèle : nous y suivons toujours Seiya qui devient le chevalier Pégase pour protéger Athéna et qui participe au tournoi galactique du début du manga, rendez-vous des chevaliers de bronze. Tournoi qui sera interrompu par le chevalier Phénix, venu subtiliser l'armure d'or du Sagittaire avec ses chevaliers noirs.

 

photo Saint SeiyaLes faux de 2019

 

Il ne faut que quelques secondes pour que les choses ne se gâtent à la vitesse de la lumière : Seiya et sa soeur vivent dans une grande maison, mais sont attaqués par des militaires et ne doivent leur salut qu'à l'apparition du chevalier d'Or du Lion, Mitsumasa Kido, le grand-père de Saori, est bel et bien vivant et c'est lui qui envoie Seiya en Grèce pour qu'il récupère l'armure alors qu'il est déjà adolescent.

Le Sanctuaire est devenu une organisation secrète millénaire qui combat Athéna parce qu'une prophétie annonce que c'est par elle que viendra la fin du monde et les pouvoirs des chevaliers se révèlent de manière naturelle, attestant de prédispositions génétiques et non plus d'éveil à son cosmos intérieur.

On hallucine encore de voir s'enchainer autant de trahisons en si peu de temps, de vider totalement l'âme du manga au profit d'un récit très ancré dans la culture américaine (Seiya c'est, en gros, Peter Parker, et Kido, c'est le professeur Xavier, pour résumer) qui accumule les clichés (que ce soit au niveau des événements ou des dialogues pitoyables). Ceci dégage toute la notion chevaleresque et sacrificielle inhérente au postulat de base pour expédier les moments capitaux de l'intrigue au profit d'une nouvelle histoire qui n'a pas sa place ici.

 

photo Chevaliers du ZodiaqueSeiya, ce petit con

 

QUAND TRIOMPHE LE MAL

Et c'est en introduisant un nouveau personnage, Vander Guraad, que la série cloue son propre cercueil. Ancien associé de Kido, c'est lui qui dirige l'armée qui chasse les chevaliers pour récupérer l'armure du Sagittaire. C'est lui aussi qui donne sa mission à Ikki, tout comme c'est lui qui crée les chevaliers noirs (et les puristes risquent de hurler en découvrant le massacre).

Guraad ouvre la porte au grand n'importe quoi et aux trahisons à répétition : Cassios ne se fait pas couper l'oreille lors de son combat contre Seiya, Saori est tout de suite consciente de son statut divin, l'Ordre des 88 chevaliers n'est jamais mentionné, Shina n'a pas de masque alors que Marine, si. Un élément qui tue par la même occasion le gros suspense concernant ce personnage. Suspense qui est habilement géré et détourné dans le manga d'ailleurs.

 

photo Saint SeiyaAthéna en plein désert, une belle métaphore de la série

 

Le tournoi galactique se déroule dans un hangar en plein désert, gardé par une bouche d'égout à l'humour anglais et à la vanne pourrie qui provoque énormément de frissons de la honte. Les chevaliers poutrent du collègue, mais flippent leur mère face à des militaires, Seiya est devenu un petit con qui se fait afficher sur Youtube. BREF, n'en jetez plus. À ce stade de mépris, le fait que Shun soit devenu une femme n'est plus que le cadet de nos soucis.

On pourrait prendre notre mal en patience et se laisser couler si, dans la forme, Saint Seiya : Les Chevaliers du Zodiaque ne détruisait pas tout sur son passage. Il n'en est évidemment rien puisque la série est laide et animée selon les règles du minimum syndical. Les visages sont totalement inexpressifs, les combats et les effets de pouvoir ne sont absolument pas spectaculaires et l'on sent que tout a été censuré pour ne pas choquer les petits enfants qui pourraient regarder le programme.

 

photo Saint SeiyaAh ça, vous allez en bouffer du pouvoir de l'amitié hein...

 

Seul bon point, les sous-titres français. La série étant faite par des Américains, la plupart des noms ont été changés : Seika, la soeur de Seiya, devient Patricia, Hyoga s'appelle Magnus Cygnus et Shiryu est rebaptisé Lone. Heureusement, les traducteurs ont conservé les noms originaux. Et rien que pour ça, on les remercie.

Ça ne sauve pas la série du naufrage, mais au moins on se sent un minimum respecté et cela prouve que, dans toute cette chaine de production pétée au saké, il reste encore une ou deux personnes qui aiment Saint Seiya et qui ont envie de faire correctement leur boulot.

 

photo Saint SeiyaIkki que c'est qui qui domine ?

 

Au terme des six épisodes, l'évidence nous frappe comme jamais et nous laisse les joues rouges : Saint Seiya : Les Chevaliers du Zodiaque n'est pas une série, c'est un produit opportuniste et cynique qui ne veut absolument pas raconter son histoire, mais s'approprier un objet culturel classique et aimé par des millions de personnes pour nous vendre encore plus de vent.

On ne nous en voudra donc pas de le dire haut et fort, dans ces conditions : si vous aimez Les Chevaliers du Zodiaque, ne regardez surtout pas cet étron.

 

Affiche officielle

Résumé

Ce n'est pas une série, c'est une insulte, un crachat lancé au visage des fans, tout comme une entreprise opportuniste d'appropriation culturelle. Saint Seiya : les chevaliers du zodiaque ne tient jamais la route, méprise totalement son matériau d'origine et veut nous faire croire qu'il est malin, edgy, rigolo et plein de promesse. Pas de bol, on a encore un cerveau.

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commentaires
Sergent Hartman
10/05/2021 à 07:30

Une purge, c'est tout ce que je ressens quand je vois ce qu'y a été fait de ce manga légendaire, y a rien à sauvé ni le scénario à la ramasse ni les capacités technique digne d'un travail d'étudiant.

Lili
28/10/2019 à 14:02

Heureusement qu'il existe une VJ sur Netflix maintenant vu les grosses protestations de puristes qui voulaient voir la série avec la langue d'origine du manga. Même si ça ne sauve pas cet étron, c'est mieux d'entendre les noms originaux (aussi dans la VF) vu que dans la VA, Ikki s'appelle Nero et Shun est devenu Shawn.
En parlant de lui, ou ici d'elle:(, ils lui ont fait conserver sa personnalité de base, ce qui est une catastrophe. Pourquoi? Parce que voilà: le fait qu'il était à la fois un homme doux et un puissant Chevalier montrait que la force ne venait pas nécessairement des muscles. En faire une femme implique qu'un homme doit toujours se comporter comme un tas de muscles virils et que la douceur est uniquement réservée aux femmes. Ce qui est, ironiquement, sexiste.
Mais en dehors de ça, ça se voit que les scénaristes n'ont rien comprit à Saint Seiya vu qu'ils imaginent nos héros être en danger face à une armée alors que les Chevaliers sont censés être insensibles aux balles.
Vraiment, comment ils ont pu écrire un étron pareil?

cepheide
23/10/2019 à 23:33

Je le jure devant dieu, si je gagne au loto je refais tous les épisodes de Saint Seiya sur la base de l ancienne série. Je le jure.

Judex6
21/08/2019 à 22:30

stephtournai ===========
quels remake ont ete meilleurs que les originaux ?

Uchu senkan yamato 2199 et 2202 remakes respectifs des deux prmeieres series et premiers films de uchu senkan yamato... Le realisateur et le scenariste ne se foutent pas de nous et les changements sont mieux expliques... en plus, le compositeur (qui est le fils du compositeur d'origine) nous sert des versions updatees des musiques de la serie d'origine... meme le generique est repris !

Azrael22========== J'aime bien avoir un peu de suspens dans les combats sans pour autant que l'on fasse du dbz avec des combattants qui s ela joue au duel du regard far west pendant 20 mn... seulement voila : des combats qui sont remportes en UN SEUL COUP, ça n'apporte aucun suspense... et vous ne trouvez pas etrange que des mecs surpuissants aux super pouvoirs triomphent des leurs si facilement et mettent 15 minutes a petocher devant des helicos qu'ils pourraient detruire en un centieme de secondes ? on n'est pas totalement contre une modernisation si c'est fait intelligemment ! la, c'est pas tout a fait le cas...
Captain Tsubasa... l'anime actuel reprend l'anime d'origine en allant a un bon rythme sans aller trop vite comme l'adaptation de 2002 (qui adaptait 128 episodes en 19 episodes) ni trop lentement...

Jojo's bizarre adventure... si evidemment l'animation n'est pas top ni le design, la serie adapte plus que les courts passages du manga de la serie precedente et adapte meme tous les arcs progressivement sans pour autant prendre le fan pour des abrutis ni modifier l'univers...

un remake peut etre egal ou superieur a l'original si la compagnie s'en donne les moyens , le scenariste , realisateur et chara design... Dans le cas qui nous interesse, on a seulement voulu faire un gros doigt d'honneur a une oeuvre dans le but d'en faire quelque chose de plus "politiquement correct"...

Azrael22
20/08/2019 à 20:22

Je ne suis pas d'accord avec la note, j'ai 35 ans et mon fils de 6 ans vient de découvrir ce saint seiya et à adoré, ça à été réecrit dans un contexte plus moderne on respectant au mieux l'original. Des épisodes plus rapide et moins ennuyeux qu'avant. Les couleurs et les armures sont splendides : 15/20

stephtournai
18/08/2019 à 13:26

en meme temps quels remake ont ete meilleurs que les originaux ?? ca n arrive jamais faire un remake en voulant le modifier et y mettre de nouvelles idees c est couru d avvance que ca sera un navet

Chris
12/08/2019 à 09:53

Difficile de regarder plus de quelques secondes sans frissonner d'horreur... Une œuvre aura rarement subi les dernier outrages à un tel point à mon avis.

Tout est dénaturé, vidé de sa substance.

C'en deviendrait presque un cas d'école de tout ce qu'il ne faut surtout pas faire. Ceci dit, je ne m'attendais guère à autre chose. Pitié les américains, arrêtez de vous frotter à des œuvres japonaises, vous ne comprenez strictement rien à l'âme japonaise. Vous ne comprenez d'ailleurs plus rien à l'âme tout court.

Y-Rod
29/07/2019 à 11:34

Franchement, qu'attendiez-vous de la part d'une plateforme qui a sorti un Death Note complètement pété??? Qu'attendiez-vous d'amerlocs autocentrés, qui pensent que seule leur vision est toujours l'unique et la meilleure???
Ceux qui aiment vraiment et qui comprennent la philosophie de Saint Seiya ne pourront jamais dire du bien de cette bouse. Les autres... ce sont justes des consommateurs stupides dont on ne pourra rien tirer. Qu'ils continuent à se faire cracher dessus sans réagir si ça leur convient. Moins, je ne prends pas ce parti-là !

Foudre
28/07/2019 à 13:29

Dans les dessins animés japonais de cette époque il y avait une certaine poésie, une certaine émotion, de par la musique, le rythme, bien sûr tout n'était pas parfait. Mais je trouve cette version moderne désespérément "vide". C'est valable aussi pour DBSuper, qui est tout simplement nul. L'esprit héroïque, chevaleresque, la beauté au sens large, tout ça ne se retrouve plus sur les écrans pour la simple et bonne raison que ces vertus ont disparu des gens aujourd'hui.

C'était mieux avant.

Judex6
28/07/2019 à 11:07

Pour ceux qui parlent des nouveaux dragon ball aseptises face a ce saint seiya plusieurs choses !

saint seiya est un anime entierement serieux et axes sur les combats et la mythologie des le depart ... il y a quelques pointes d'humour dans les premiers episodes mais des le combat des douze maisons, c'est fini... et je dis bien quelques pointes d'humour... la serie n'est pas axee dessus : il doit y avoir un gag de temps en temps et pas dans tous les episodes... juste pour detendre un peu l'atmosphere avant une reprise du serieux de l'histoire...

dragon ball a commence par etre une serie basee sur le comique et l'aventure avant de s'axer combats et a eu du mal jusqu'au 23eme tournoi a oublier ses origines. Puis la serie est devenue serieuse et axee sur la baston avec quelques pointes d'humour avant de revenir a un ton plus leger (debut de l'arc boo) puis serieux (la fin) et de mixer encore les deux sur dbgt...

ce dragon ball "aseptise" revient donc aux sources de la serie : de l'humour, du fun et de l'aventure avec pas mal de tournois et de la baston pour mixer un peu de dbz... la grande erreur de la serie n'est meme pas le fait d'etre aseptise comme vous dites mais de demarrer par un remake des deux films battle of gods et resurrection f au lieu de demarrer directement sur les passages inedits et une animation au rabais ainsi que quelques fillers passables...

de plus, dragon ball super est axe sur les plans de travail donnes a toei par toriyama lui meme qui s'implique dans l'anime, ce qui n'est pas le cas de ce saint seiya...

ce saint seiya est aussi plus une trahison dans le sens qu'on essaie de changer l'univers des saints d'athena alors que dragon ball super respecte l'univers de dragon ball, on essaie aussi d'y mettre beaucoup plus d'humour que l'original dans le but de dedramatiser et les bastons sont coupees courts (alors que dans dragon ball super, les combats durent... certes pas comme dans dbz mais au moins comme dans dragon ball... mais au moins y a du suspense alors qu'ici on a 30 secondes de combat avant victoire sauf pour ikki ou... les helicos des forces armees de vander graad... enfin, seiya qui parle a une bouche d'egout... je sais pas mais meme dragon ball n'ose pas alors qu'on verrait bien son gokou le faire... par contre, on le voit parler a un robot qui pilote un avion dans un episode de la 1ere serie db...

je dirais qu'avant de citer dragon ball en exemple pour defendre ce saint seiya il faut voir aussi que db super est quand meme un peu plus serieux que ce saint seiya meme si je ne l'apprecie pas forcement...

les historiques des deux licences ne sont pas identiques, la façon de les traiter non plus et ce qu'on peut pardonner a dragon ball super (du fait que l'univers est respecte et l'histoire assez bien traite quand meme) on ne peut pas pardonner a ce saint seiya netflix tellement c'est assez eloigne de l'esprit de l'oevre de kurumada...

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