Oui, les jeux vidéo coûtent bien plus chers (surtout les AAA)

Selon des estimations récentes, le prix des jeux AAA (FIFA 23, Call of Duty, etc.) a significativement augmenté durant ces cinq dernières années.

La santé du marché du jeu vidéo est décidément toujours très vivace en ce début d’année et les bilans financiers parlent d’eux-mêmes. Alors qu’on célèbre récemment plusieurs records de ventes astronomiques pour quelques blockbusters, tel que God of War : Ragnarök, Elden Ring et surtout Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard, les géants de l’industrie tentent d’étendre leur influence sur le secteur. Des firmes comme Sony, Microsoft ou même Tencent sentent que l’on est entré dans la deuxième phase du Monopoly. Désormais, il faut tout acheter, et faire gonfler les prix à bloc.

Résultat : on se retrouve à suivre semaine après semaine les péripéties du rachat colossal d’Activision-Blizzard par Microsoft, tandis que les autres attendent leur heure. Et dans le même temps, les jeux vidéo les plus vendus (ainsi que certaines consoles) voient leur tarif inexorablement augmenter. En effet, de nouvelles données nous indiquent que le prix de nos titres préférés n’a cessé de croître ces derniers temps.

La victoire... mais pour qui ?

Le règne des jeux de luxe

Ces informations viendraient de la société GfK (spécialisée dans la collecte et analyse de données des équipements de maison) et ont été commentées par le site GameIndustry.biz. D’après ces chiffres, le prix moyen d’un jeu vidéo (estimé au Royaume-Uni) aurait augmenté l’année dernière de 6,7%. Ce prix moyen serait à présent d’environ 36,47 £ pour un jeu en format physique. Par rapport à 2017, GameIndustry.biz a estimé que la hausse serait de 12%.

Selon cette fois des données de Omdia (entreprise spécialisée dans l’analyse stratégique concernant l’industrie des réseaux), le tarif des jeux vidéo dématérialisés aurait aussi explosé l’année dernière : cette fois de 7,3%. La valeur moyenne de ces jeux était donc passée à 15,19 £ l’année dernière au Royaume-Uni. Et si cette hausse suit l’inflation, elle pourrait être également causée directement par un sursaut des prix lié aux blockbusters du jeu vidéo. Les fameux AAA dont on fête des records tous les mois. Ceux-là ne concernent pas que le territoire britannique puisque la stratégie d’en faire des produits de plus en plus coûteux est globalisée.

Métaphore de l’inflation

D’après Eurogamer et GameIndustry.biz, la cause la plus probable de la progression constante du prix moyen des jeux serait bien du traitement commercial des titres AAA de l’industrie, par les éditeurs. Et a priori, cela ne risque pas d’aller en s’arrangeant. En effet, l’année dernière les jeux vidéo qui se sont le plus vendus coûtaient pour la plupart 70 £ (soit le prix maximum pour un jeu, hors collector). On peut citer par exemple FIFA 23, Call of Duty : Modern Warfare 2 ou encore Horizon Forbidden West.

Tous sont dans le top des classements des ventes britannique, et se sont alignés sur les prix les plus élevés du marché, chose qui n’était pas systématique il y a encore cinq ans. Mais depuis il y a eu d’importants changements de paradigme. Du côté des jeux dématérialisés, la hausse des prix (encore un peu supérieur à ceux en format physique) s’explique aussi par le gain drastique de popularité pour ce marché digital depuis le commencement de la pandémie. C’est aussi pour cette raison que les gros éditeurs ont tout intérêt à faire gonfler progressivement les prix de leurs jeux (et pas seulement des AAA) sans existences physiques.

Combien pour ce machin ?

Les tactiques économiques peuvent-elles casser des briques ?

Ce nouveau standard au niveau des prix, Sony l’a bien apprivoisé. Alors que de nombreuses exclusivités de la PlayStation ont cartonné, en 2022, la plupart d’entre elles étaient déjà prêtes à se vendre au tarif maximum tandis que la console elle-même a vu son prix se remplumer. À la fois de plus en plus attractive et toujours assez rare (même si de moins en moins), la PlayStation 5 avait vu son coût augmenter de 30 £ l’année dernière, à cause de l’inflation selon la firme japonaise.

Quelle que soit la raison, ce qui est le plus intéressant est que cela ne semble plus un obstacle aux profits croissants de Sony (qui détient une part impressionnante du marché des consoles, selon ce qu’a exposé Microsoft récemment à Bruxelles). Et la compagnie n’est pas seule dans ce joyeux train de la rentabilité puisque Xbox a aussi annoncé vouloir faire monter les prix de ses plus grosses exclusivités (Starfield, Redfall) à 70 £ également d’ici cette année.

Bon je n’ai pas les moyens, je reviendrais quand vous proposerez un Potion Pass 

Ce qui devrait contribuer à une nouvelle augmentation du coût moyen des jeux en 2023. Et le plus astucieux dans tout cela, c’est qu’avec une telle tactique, Microsoft et Sony font d’une pierre deux coups. En effet, non seulement ils savent que les jeux qui valent le plus cher sont les plus achetés (comme le prouve les chartes de ventes) et en même temps, le coût exorbitant de ces AAA donnera au final encore plus de valeur aux Game Pass et PlayStation Plus, à terme.

En définitive, ce sont leurs très avantageux services en lignes avec abonnement qui constitueront le véritable nerf de la guerre pour ces sociétés dans quelques années, et cela devient de plus en plus évident avec le temps. L’explosion du coût des jeux ne fait que donner encore plus de sens à leur futur marché de prédilection, qui donnera un accès privilégié aux joueurs épuisés des exclusivités trop chères à un large panel de AAA alléchants.