The Brutalist : le réalisateur se défend et s’énerve un peu face à l’énorme polémique sur les IA

Le film The Brutalist de Brady Corbet, considéré comme l’un des favoris pour les Oscars, est désormais au cœur d’une controverse concernant l’utilisation de l’intelligence artificielle dans sa production.

Immense fresque épique de plus de 3h30, The Brutalist retrace la vie de László Tóth, un architecte hongrois survivant de la Shoah, interprété par Adrien Brody. Unanimement acclamé par la critique, The Brutalist est sur toutes les lèvres depuis son Lion d’argent du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise. Il a d’ailleurs fait un carton aux Golden Globes 2025, avec trois récompenses majeures : meilleur film dramatique, meilleure réalisation et meilleur acteur dans un film dramatique.

Ainsi, The Brutalist fait partie des grands favoris pour la cérémonie des Oscars 2025, tant l’exploit d’avoir créé une telle oeuvre pour seulement 10 millions de dollars de budget impressionne. Toutefois, alors que le réalisateur Brady Corbet prépare déjà un quasi-film d’horreur, The Brutalist est au centre d’une polémique concernant l’utilisation de l’intelligence artificielle. Un élément qui pourrait bien compromettre sa course aux Oscars.

A lire aussi

Narnia secoue Netflix : le blockbuster pourrait changer la politique de la plateforme… pour toujours ?

Comment l’IA a été utilisée sur The Brutalist

Tout a débuté avec une interview du chef-monteur du film, Dávid Jancsó, pour Red Shark News. Dans cet entretien, il a expliqué que des outils d’IA génératives avaient été utilisés pour améliorer les accents hongrois des acteurs principaux, Adrien Brody et Felicity Jones. De plus, on aurait fait appel à certains logiciels d’intelligence artificiels afin de créer des images de la séquence du film. Depuis, le film connaît une vague de critiques sur les réseaux sociaux et une partie de l’industrie.

Forcément, face à la polémique, Brady Corbet a donc pris la parole chez Deadline afin de clarifier la situation. Tout d’abord, concernant l’utilisation de l’IA (du logiciel Respeecher précisément) pour retoucher les dialogues de ses acteurs principaux, Brady Corbet a tenu à préciser qu’il s’agit de correction à la marge des performances d’Adrien Brody et Felicity Jones :

« Les performances d’Adrien et de Felicity leur sont totalement propres. Ils ont travaillé pendant des mois avec Tanera Marshall, professeur de dialecte, pour perfectionner leurs accents. La technologie innovante Respeecher a été utilisée uniquement pour le montage des dialogues en hongrois, afin d’affiner certaines voyelles et lettres pour plus de précision.

La langue anglaise n’a pas été modifiée. Il s’agissait d’un processus manuel, réalisé par notre équipe son et Respeecher en post-production. L’objectif était de préserver l’authenticité des performances d’Adrien et de Felicity dans une autre langue, et non de les remplacer ou de les modifier, et ce dans le plus grand respect du métier. »

Image generator

En ce qui concerne l’usage d’outils d’IA génératives dans la séquence de fin, afin de réaliser une série de plans architecturaux et de créer des bâtiments, Brady Corbet dément cela purement et simplement. Le réalisateur a expliqué que ce sont les effets créés en post-production qui ont pu être confondus (à tort) avec des images générées par IA.

« Judy Becker [la cheffe décoratrice du film – NDLR] et son équipe n’ont pas eu recours à l’IA pour créer ou restituer les bâtiments. Toutes les images ont été dessinées à la main par des artistes. Pour clarifier, dans la vidéo commémorative présentée en arrière-plan d’un plan, notre équipe éditoriale a créé des images intentionnellement conçues pour ressembler à des rendus numériques médiocres datant de 1980. »

Cette controverse intervient à un moment crucial, alors que la cérémonie des Oscars 2025 (le 3 mars 2025) approche à grands pas. L’Académie des arts et des sciences du cinéma n’a pas encore statué sur l’impact de l’utilisation de l’IA dans les performances d’acteurs. Par ailleurs, contacté par Deadline, le syndicat américain des acteurs SAG-AFTRA a déclaré que la pratique de retouche des dialogues et le nettoyage audio en post-production était une pratique courante.

A lire aussi

Hollywood vs IA : pourquoi Here de Robert Zemeckis relance le débat, pour le meilleur et le pire

Autant dire que cette annonce qui retourne un petit peu Hollywood ne devrait pas avoir d’impact sur les chances d’Adrien Brody lors de la course pour le titre de meilleur acteur. Tout du moins, si les votants lisent bien l’ensemble des déclarations de chacun sur la méthode employée et ne se contentent pas de l’interview initiale ou du bad buzz engendré sur les réseaux sociaux.

Une chose est sûre, cette polémique est d’autant plus farfelue que, selon The Guardian, l’un des principaux concurrents de The Brutalist au titre de meilleur film, Emilia Perez de Jacques Audiard, aurait aussi eu recours à l’outil Respeecher afin de retoucher la voix de Karla Sofía Gascón, qui a été mélangé à celle de la chanteuse Camille lors des séquences chantées.

Pour rappel, la SAG-AFTRA avait lancé un vaste mouvement de grève en 2023 dont l’un des principaux sujets était l’intégration des intelligences artificielles génératives dans le processus créatif. Malgré la signature d’un accord en janvier 2024, un nouvel appel au débrayage avait été fait à l’été 2024, le résultat du premier accord ayant été jugé peu concluant. The Brutalist sortira le 12 février 2025 dans les salles de cinéma françaises.