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Here : premières photos pour le film révolutionnaire sur le temps et l’espace de Zemeckis

Par Augustin Olivier
26 juin 2024
MAJ : 20 novembre 2024
Here : premières photos pour le film révolutionnaire sur le temps et l'espace de Zemeckis

Les premières images de Here, le prochain film déroutant de Robert Zemeckis avec Tom Hanks et Robin Wright, ont été dévoilées.

Quand on parle d’expérimentation au cinéma, Robert Zemeckis s’y connait bien. Entre son utilisation précoce du match moving, ses techniques d’insertion 2D dans des séquences en live action comme dans Qui veut la peau de Roger Rabbit ou encore la démocratisation de la performance capture, le monsieur fait sans doute partie des réalisateurs qui ont tenté le plus de choses à travers leurs filmographies.

Son prochain long-métrage, Here, est évidemment lui aussi très ambitieux. Le cinéaste y retrouve son acteur fétiche, Tom Hanks, ainsi que Robin Wright (qui formaient déjà le duo principal de Forrest Gump) pour un projet mélangeant concept intrigant et techniques de rajeunissement numérique. Et justement, les premières images de Here ont récemment été dévoilées, et elles nous donnent un meilleur aperçu de ce à quoi le film ressemblera.

Photo Forrest Gump, Forrest Gump
On prend les mêmes et on recommence

Here for a hundred years

En effet, dans Here, la caméra de Robert Zemeckis ne se déplacera pas. Pas d’un pouce. Le plan restera donc le même pendant toute la durée du film (104 minutes) et c’est le temps qui « bougera » à sa place. L’histoire se concentrera sur une seule pièce et les nombreuses personnes qui l’habiteront au fil des ans, précisément pendant plus d’un siècle. Du théâtre filmé donc ? Ce serait bien mal connaître Zemeckis qui envisage Here comme une expérimentation technique et historique comme il l’a confié à Vanity Fair :

« L’angle [de la caméra] ne change jamais, mais tout ce qui l’entoure change. En fait, ça n’a jamais été fait auparavant. On retrouve des scènes similaires dans les premiers films muets, avant l’invention du langage et du montage. Mais à part ça, oui, c’est une aventure risquée. »

Joyeux Noël à la caméra !

Here s’inspire d’ailleurs d’un matériau de base sortant déjà de l’ordinaire, à savoir le roman graphique du même nom de Richard McGuire de 2014, lui-même tiré d’une bande dessinée de l’auteur datée de 1989 (il n’y a pas que le film qui traverse les époques). On pouvait déjà voir dans le livre ce plan unique, immobile, dans lequel les personnages vieillissent. Zemeckis a ainsi expliqué comment il a voulu éviter de trop ressembler au roman d’origine et de créer des changements abrupts entre les scènes :

« Au lieu de couper directement à l’image suivante en plein écran, on se glisse dans la scène suivante, ce qui nous permet de passer d’une scène à l’autre d’une manière qui nous permet de réellement chevaucher les histoires. »

Attends, mais ya un faux raccord là ?!

Here ou comment faire du jeune avec du vieux

Mais si la caméra reste immobile dans Here, les acteurs eux changent énormément. Pour simuler le passage du temps sur le visage de ses comédiens, Robert Zemeckis a fait appel à des techniques de rajeunissement numérique en collaboration avec Metaphysic, une entreprise spécialisée dans les deepfakes. Les deux personnages principaux, Richard (Tom Hanks) et Margaret (Robin Wright) traversent en effet tour à tour les années 60, 70 et 80, tandis que d’autres acteurs se trouvent plongés dans la période d’après-guerre ou encore durant le XXIème siècle.

Zemeckis a néanmoins rappelé que ces transformations numériques dépendaient toujours de la qualité et du jeu des acteurs :

« Ça ne fonctionne que parce que les performances sont très bonnes. Tom et Robin ont immédiatement compris qu’ils allaient avoir besoin de revenir en arrière et de canaliser ce qu’ils étaient il y a 50 ou 40 ans, et qu’ils allaient devoir apporter cette énergie, ce genre de posture, élever la voix plus haut. »

Vachement jeune le Tom non ?

Comme pour beaucoup d’autres films de la carrière du cinéaste, Here utilise donc des techniques assez révolutionnaires et pour le moment peu répandues. Robert Zemeckis a toutefois tenu à préciser qu’elles servaient avant tout le récit :

« J’ai toujours été, pour une raison quelconque, étiqueté comme un spécialiste des effets visuels. Mais ils sont là pour servir les personnages. Il y a toujours eu une certaine retenue quand il s’agit d’essayer. Je pense que notre travail, en tant que cinéastes, est de montrer au public des choses qu’il ne voit pas dans la vraie vie. »

Les premières images sont en tout cas déroutantes, le fond semblant complètement décorrélé des personnages, comme s’ils évoluaient devant un fond vert en mutation constante. D’ici la fin de la post-production, on peut espérer que la perspective et la profondeur de champ soient peaufinées.

Vachement vieux le Tom non ?

Here is my generation

En plus de Robert Zemeckis, Tom Hanks et Robin Wright, un autre membre de l’équipe de Forrest Gump a aidé à la conception de Here : le scénariste Eric Roth (L’Étrange Histoire de Benjamin Button, Dune, Killers of the Flower Moon). Le projet est d’ailleurs né d’une discussion entre Hanks et le cinéaste sur le tournage de Pinocchio en 2021, avant que Roth ne vienne s’ajouter à la fête. Zemeckis, désormais âgé de 72 ans, note ainsi comment lui et son scénariste ont voulu « raconter leur génération. »

La portée symbolique de Here reposera ainsi, en grande partie, sur ses personnages luttant chacun à leur manière face à l’évolution du temps et de la société. Le réalisateur a notamment évoqué Rose (Kelly Reilly) et Al (Paul Bettany), les parents de Richard (Tom Hanks), qui emménagent dans la maison du film après que le mari soit revenu de la Seconde Guerre mondiale :

Pas pour la génération Tok-Tok ce film hein !

« Il y avait des hommes dans les années 30 et 40 qui ont vécu la Grande Dépression, puis la Seconde Guerre mondiale, puis sont entrés dans les années 50, où tout le monde avait ce conformisme. Ils n’avaient pas les outils nécessaires pour exprimer leurs sentiments. Et donc, il y a eu beaucoup de colère et beaucoup de déchaînements. »

On a donc forcément très hâte de voir ce que Here peut donner. Le film de Robert Zemeckis est prévu pour 13 novembre 2024 dans nos salles obscures, on saura dès la fin de l’année s’il sera aussi historique et révolutionnaire qu’on nous le promet.

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Test

Ca me rappelle une scène dans le film « la cité de dieu » avec l’histoire d’un appartement qui servait de planque pour plusieurs gangs

alshamanaac

Un peu déçu entre l’annonce du projet et la bande-annonce…

La prouesse du truc aurait été d’avoir ce plan fixe mais sans tout cet habillage numérique en plastique… qu’on ait l’impression que ce soit réel et par quelques procédés astucieux, faire avancer le temps (un Gondry aurait surement réussi à bricoler un truc plus impressionnant)… Là en l’état, le côté fond vert, incrustation et lumière photoshop casse tout de suite le côté prouesse technique…

Puis cette représentation de couple parfait qui s’aime dés le plus jeune âge et dont la flamme ne cesse jamais de s’éteindre, la grande passion pendant 70 ans ! … Alors oui, ca existe, mais merde, dans le ciné ricain c’est quand même toujours ce grand cliché de l’amour fou qui revient, c’est d’un mielleux…

Leepifer

Ce qu’il y a de bien avec Zemeckis, c’est le plaisir de l’œil et en plus il sait raconter des histoires. Son Bienvenue à Marwen est un rare équilibre entre ces 2 tendances.
Je découvrirais avec curiosité Here.

La Classe Américaine

Zemeckis : un des plus grands, un des plus avant-gardistes, un des plus inventifs réalisateurs au monde et pourtant totalement sous-estimé. Impatient de découvrir sa nouvelle pépite.

morcar

Ouah !!! J’ignorais tout de ce projet jusqu’alors, et je suis vraiment impatient de découvrir de premières images. Le concept me fait vraiment envie !!
Dans un genre similaire, j’avais beaucoup aimé Boyhood de Richard Linklater, mais le concept va encore plus loin ici avec cette idée de plan fixe, de découvrir la vie de ces personnages à travers le temps mais toujours dans le même décors. J’adore l’idée !
Espérons que Zemeckis fasse ça bien.

batmalien

Concept casse-gueule mais original et intriguant. Un des rares cinéastes hollywoodiens à proposer « autre chose ».

Fabulous

Ça a déjà été fait :
camera café!

cidjay

J’adore Zemeckis et sa filmo !
en une phrase il résume parfaitement ce que j’aime dans le cinéma :

 Je pense que notre travail, en tant que cinéastes, est de montrer au public des choses qu’il ne voit pas dans la vraie vie. »

Voilà pourquoi, j’ai beaucoup de mal avec le cinéma français en général,
qui est un cinéma qui excelle dans la représentation de la vie de tous les jours plus que dans le fait d’essayer de nous montrer des choses qu’on ne pourrait pas voir dans notre vie.
(même si je souligne beaucoup d’efforts ces dernières années)

Greg1402

Y’a pas déjà eu un film en un plan fixe dans une chambre de mémoire ? Ou peut-être un épisode d’une série. En tout cas ça me dit quelque chose..

Pseudo1

Clairement un des plus grands expérimentateurs du cinéma.
Toujours à sortir des sentiers battus.
En même temps, là où il va, il a pas besoin de route.