Saint-Jean-De-Luz 2022 - Jour 4 : La fin d'un monde

Christophe Foltzer | 8 octobre 2022
Christophe Foltzer | 8 octobre 2022

Comme chaque année, nous nous rendons au Festival International du Film de Saint-Jean-De-Luz durant la première semaine d'octobre pour y découvrir une sélection de premiers et seconds films de jeunes réalisateurs et réalisatrices. L'occasion de prendre quelques baffes inattendues.

Les meilleures choses ont une fin et c'est toujours avec une certaine appréhension que nous guettons le point final de la sélection du Festival International du Film de Saint-Jean-De-Luz. Parce que cela signifie aussi l'éclatement de la bulle, le retour à Paris avec son métro et ses emmerdes alors qu'on est quand même mieux à bouffer du jambon et boire du pinard face à la mer entre deux projections. Heureusement, il nous restait encore deux films à voir aujourd'hui qui, comme par un effet de manche du destin, nous préparaient on ne peut mieux à la fin de cette parenthèse enchantée.

 

Harka : photo FIF St Jean De Luz Affiche

 

NOS SOLEILS

Pour un second film, la réalisatrice catalane Carla Simon frappe fort, très fort même avec son brillant Nos soleils. D'ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à le penser puisque Nos soleils a reçu l'Ours d'Or au dernier Festival de Berlin, ce qui n'est pas rien. Et lorsque l'on découvre le métrage, on comprend rapidement que c'était amplement mérité tant le film affiche une ambition narrative folle tout en observant une grande retenue sur la façon de nous raconter ce drame familial dans le milieu paysan.

C'est bien simple, Carla Simon n'oublie jamais aucun de ses personnages en cours de route, et ils sont nombreux (environ une dizaine, tous principaux, tous traités sur un même pied d'égalité), comme elle n'oublie pas non plus sa ligne naturaliste initiale, son refus du spectaculaire, scrutatrice de la poésie du quotidien et des petites zones d'ombres qui se créent dans les interstices.

 

Nos soleilsY a comme un pépin...

 

Nous plongeons ainsi pendant 2 heures bien pleines dans l'humanité la plus totale d'une famille unie en apparence que la vente programmée de son domaine va morceler de plus en plus. Mais point de drama inutile ici ou de porte qui claque, tout se joue par des regards, des attitudes, des respirations. Subtilité on vous dit, et authenticité aussi. Beaucoup.

Bien entendu, ce procédé desserre le film en de rares instants, déséquilibrant un peu son rythme déjà bien lent. Aussi, il requiert une certaine adhésion pleine et entière du spectateur et une acceptation de s'immerger corps et âme dans un environnement qui n'est pas le sien pour, au final, se sentir chez lui comme c'est rarement le cas. Sortie le 18 janvier 2023, à ne surtout pas rater.

 

Nos soleilsQuand tu débarques à Saint-Jean-de-Luz pour découvrir un film

 

AMORE MIO

On connaissait Guillaume Gouix comme comédien, et plutôt un comédien du haut du panier, mais, si vous l'ignoriez, le gaillard est aussi réalisateur. Déjà auteur de trois courts-métrages remarqués (et projetés au FIF de Saint-Jean-De-Luz), Gouix se lance enfin dans l'aventure du long-métrage avec Amore mio, un premier film qui n'était pas forcément celui que l'on attendait de sa part. Et c'est tant mieux.

Choisir le cadre d'un road-movie pour un premier essai est toujours périlleux et c'est pourtant bel et bien à ça que nous invite le metteur en scène avec cette histoire de deux soeurs perdues de vue depuis longtemps qui se redécouvrent à l'occasion de l'enterrement du mari de l'une d'elles. L'épouse n'ayant pas la force d'assister à la cérémonie, elle force sa soeur à les embarquer, elle et son fils, dans un voyage sans but.

 

Photo Élodie Bouchez, Alysson ParadisLeurs retrouvailles.

 

Porté à bout de bras par Alysson Paradis et Élodie Bouchez (toutes les deux excellentes), le film se permet aussi quelques audaces narratives risquées et bienvenues qui cassent quelque peu le code du film de voyage. En résulte un métrage extrêmement sympathique, qui se perd parfois dans les sujets qu'il aborde, mais qui a la grande intelligence de toujours retomber sur ses pieds, tout autant qu'une très belle promesse pour la suite de la carrière du réalisateur.

Le récit est beau, tendre, émouvant tout autant que mélancolique et, par certains aspects, joyeusement désespéré. Un bon résumé de la vie, en somme. Sortie le 1er février 2023.

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