Braveheart, Blade Runner, Alien... Alan Ladd Jr., le producteur qui a sauvé Star Wars, est mort

Matthias Mertz | 3 mars 2022 - MAJ : 03/03/2022 17:33
Matthias Mertz | 3 mars 2022 - MAJ : 03/03/2022 17:33

Alan Ladd Jr., l'un des producteurs les plus influents d'Hollywood, notamment connu pour avoir sauvé Star Wars, est décédé à l'âge de 84 ans.

Il a marqué notre pop culture de son empreinte indélébile, a permis à des chefs-d'oeuvre à l'instar de Star Wars de voir le jour malgré leur caractère ambitieux. Celui qu'on appelait affectueusement "Laddie" (en référence à son ton affectueux et à sa bienveillance) n'a pas eu une carrière facile, notamment lors de son renvoi de MGM en 1993, d'où il partira avec quelques projets, dont Braveheart.

En ce 2 mars 2022, Alan Ladd, Jr. est décédé. C'est sa famille qui l'a annoncé dans un court communiqué : "Avec le coeur lourd, nous annonçons que, ce 2 mars 2022, Alan Ladd Jr. nous a quitté de façon paisible, chez lui, entouré de ses proches. Les mots ne peuvent exprimer à quel point il nous manquera. Son impact sur l'industrie cinématographique et la réalisation continueront de vivre malgré son absence".

 Star Wars : Episode IV - Un nouvel espoir : photo, Anthony Daniels, Mark HamillHonnêtement, aucun producteur avec un peu de bon sens ne se serait lancé dans Star Wars

 

Alan Ladd Jr., fils de l'acteur Alan Ladd, débute sa carrière comme doublure-cascade pour son père, avant de s'investir dans la production et de devenir l'un des producteurs exécutifs les plus appréciés des studios. Après avoir collaboré avec des acteurs de talent tels que Robert Redford ou encore Judy Garland, Alan Ladd Jr. rejoint les rangs de la 20th Century Fox en 1973. Il deviendra le président de la branche cinéma du mastodonte par la suite.

C'est sans doute son fait d'armes le plus connu, mais c'est durant cette période qu'il a persuadé la Fox de produire le Star Wars de George Lucas, jugé comme une entreprise trop risquée (son titre d'alors, The Adventures of Luke Starkiller as Taken from the Journal of the Whills, Saga 1, Star Wars, n'inspirait pas beaucoup confiance) par tous les pontes d'Hollywood. Heureusement, selon George Lucas, c'est son précédent film, American Graffiti, qui a convaincu Alan Ladd Jr.

 

Alien, le huitième passager : Photo Sigourney WeaverLa découverte de Sigourney Weaver est aussi à mettre à son palmarès

 

Dans le livre de Tom Shone, Blockbuster, paru en 2004, George Lucas raconte ainsi sa rencontre avec le producteur :

"La seule raison pour laquelle le projet a décollé, c'est parce que Alan [Ladd, Jr.] avait aimé American Graffiti et a dit : 'Je ne comprends pas ce film, pas du tout même, mais je pense que tu es un gars talentueux et je veux que tu le fasses.'"

En toute humilité, le producteur dira à Variety : "Ma plus grande contribution à Star Wars a été de me taire et de laisser faire le film". Star Wars n'est pas le seul classique de science-fiction façonné par Alan Ladd, Jr. durant son temps à la Fox. Il a aussi poussé l'Alien de Ridley Scott, en proposant d'avoir une femme comme protagoniste (laquelle sera la talentueuse Sigourney Weaver, devenue une icône de la science-fiction). Il collaborera à nouveau avec le réalisateur en 1991, lorsqu'il sera cette fois chez Pathé, pour produire Thelma & Louise.

 

Thelma et Louise : photo, Susan Sarandon, Geena DavisUne nouvelle occasion de vanter les mérites de Susan Sarandon

 

Sous son égide, la Fox devient rapidement la société de production la plus aventureuse et appréciée des réalisateurs. Toutefois, malgré des succès en cascade, Alan Ladd Jr. décide de claquer la porte en 1979 après s'être brouillé avec Dennis Stanfill, président du conseil d'administration de la Fox. Il va s'installer cher Warner où il forme The Ladd Co., une société de production qui officiera sur quelques gros succès à l'instar de La Fièvre au corps, Blade Runner, Police Academy ou encore le quadruplement oscarisé Les Chariots de feu.

Affaibli par l'échec commercial de L'étoffe des héros, le producteur quitte Warner pour s'installer chez Metro-Goldwyn-Mayer au milieu des années 80. Il y trouvera un succès moins marquant, malgré sa participation, entre autres, à Éclair de Lune, Rain Man, Willow ou Thelma & Louise. Il quittera ensuite MGM pour Pathé, et lorsque le financier italien Giancarlo Parretti (alors à la tête de Pathé) fera l'acquisition de MGM, Alan Ladd Jr. y retournera en 1991.

 

Les Chariots de feu : photoLes Oscars gagnés par des productions auxquelles il a participé se comptent en dizaines

 

Vient alors l'une des périodes les plus difficiles et flamboyantes du producteur. En juillet 1993, le financier Giancarlo Parretti se retrouve en défaut de paiement. Face à un milliard de dollars de dettes, c'est la banque française Le Crédit Lyonnais qui prend la tête de la société de production MGM, et qui décide de remplacer le producteur par Frank Mancuso.

Lorsqu'Alan Ladd Jr. les menace de poursuites, ils l'autorisent à prendre deux projets et 10 millions de dollars avec lui. L'un de ces deux projets se révèlera être Braveheart, un drame épique et historique sur un soldat écossais durant la guerre opposant l'Écosse à l'Angleterre du roi Édouard 1er.

 

Braveheart : photo, Patrick McGoohanBraveheart marque le retour du roi

 

Désormais chez Paramount, le producteur remonte sa société The Ladd Co. et pousse Braveheart jusqu'aux oscars où il reçoit 10 nominations et remporte 5 Oscars, dont celui du meilleur film. Une excellente vengeance dont le producteur, décrit comme sans mauvais sentiments par le regretté Richard Donner, semblera ne jamais se repaitre. Il remerciera simplement sa famille, les bras chargés de statuettes durant les Oscars de 1996. Par la suite, il participera à la production d'Une vie inachevée et de Gone Baby Gone, son dernier film. 

Il laisse sa femme Cindra, avec qui il s'était marié en 1985, ses filles Kelliann, Tracy et Amanda, qui ont réalisé en 2021 un documentaire sur leur père nommé Laddie, ainsi que leur frère, David. Il laisse également à toute une industrie le souvenir d'un homme affectueux qui n'a jamais été l'un des serpents d'Hollywood. Enfin, il demeurera éternellement comme l'un des artisans qui a permis à des films fascinants d'ouvrir notre horizon.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
JR
04/03/2022 à 10:08

Bel artisan.
Merci @Kyle pour le logo, ces madeleines de Proust.

SimaoDoBrasil
04/03/2022 à 09:06

Merci pour cet article car il est bon de se remémorer que derrière nombre de chefs d’œuvre, il y a quelques hommes et femmes qui ont permis leur création.
Cela m'a toujours intrigué que les producteurs ne soient que rarement mis en avant sur un film, alors qu'ils en sont une pierre angulaire.
C'est vrai que leur souvenir passe essentiellement par les logos en début de film, l'arbre au début de Blade Runner cité par Kyle Reese m'a fait remonter ce souvenir !
Et heureux d'apprendre que, non content d'avoir porté des films comme Blade Runner, Alien ou Braveheart (pour ne citer que ceux-là), M. Alan LADD Jr. était apparemment un homme gentil. Cela doit se faire tellement rare dans ce milieu qu'il est bon de le souligner.
RIP M. Alan LADD Jr.

zetagundam
03/03/2022 à 23:16

J'espère que nous retrouveront très rapidement des producteurs de ce niveau

Eddie Felson
03/03/2022 à 20:44

@Kyle
Tu me coupe l’herbe sous le pied en évoquant ce logo qui a marqué nos mémoires de jeunes cinéphiles des années 80/90 tant il fut associé aux chefs d’oeuvres, désormais classiques, de ces décénies. Je l’associe comme toi aussi et surtout à l’intro de BR, l’un de mes films préférés, que j’ai vu tellement de fois que lorsque j’ai vu Alan Ladd Jr apparaître dans le titre de cet article je me suis de suite remémoré ce fameux logo. Quel héritage il laisse! impressionnant. Un géant dans son domaine. RIP.

Morcar
03/03/2022 à 17:40

Merci pour ce portrait d'un homme de l'ombre, intéressant à lire à l'heure où on critique très souvent les producteurs pour les choix qu'ils imposent souvent sur les projets de films.

Pi
03/03/2022 à 17:23

@Kyle Reese
Pour moi ce logo et la musique qui y est associée fait intégralement partie de Blade runner, autant que le logo et la musique de Twentieth Century Fox l'est pour Star wars.

Kyle Reese
03/03/2022 à 17:17

Ah je me souviens parfaitement du logo de sa boite de production avec son arbre vert qui s'affichait façon écran d'ordi à l'ancienne ligne par ligne juste avant le texte d'introduction sur les Nexus 6 de Blade Runner sur ma k7 vidéo qui avait bien du mal a garder l'image intacte tellement je l'ai usé Je me souviens même de la musique tient et juste après un premier impacte de tambour avec une révèrbe de malade.

Grand producteur qui a marqué l'histoire du cinéma. Good by Mr Ladd.

Et puis voilà pour ceux qui n'ont pas connu ça:

https://www.pinterest.fr/pin/528117493774654041/

Bishop
03/03/2022 à 15:58

Euh le premier film de Georges Lucas est THX 1138, pas American Graffiti...