L'Incruste : Frédéric Diefenthal et Zoé Félix

Eric Dumas | 3 octobre 2004
Eric Dumas | 3 octobre 2004

C'est à l'occasion de la sortie en DVD de L'Incruste que Frédéric Diefenthal et Zoé Félix, deux des principaux personnages de ce remake avoué de Viens chez moi, j'habite chez une copine, ont répondu à nos questions.

Comment êtes-vous arrivés sur le projet ?
Frédéric Diefenthal : D'une façon très classique. Mon agent a eu vent du scénario et l'un des producteurs a voulu me rencontrer avec les réalisateurs. On se voit, on parle du film… C'est toujours très important la rencontre, le feeling, la découverte du scénario. Le pire c'est d'avoir un premier bon contact et d'être déçu par le scénario. Quelquefois on ferait bien de lire, sans rencontrer les gens (Rires). Sur L'Incruste, ça aura été une bonne surprise.
Zoé Félix : J'ai rencontré les deux jeunes réalisateurs qui m'ont proposé ce rôle, tout simplement. Je faisais partie des gens avec qui ils avaient envie de travailler. J'ai participé au développement du rôle. Ils l'ont accepté d'autant plus qu'ils étaient un peu novices et avaient une grande humilité par rapport à ce travail.

Dans la vie, vous êtes plus proche du personnage que vous interprétez ou de celui de Paul ?
F. D. : Je ne sais pas. Un jour je me sens d'une façon, un autre jour, de l'autre. Il y a l'image que vous renvoyez et ce que vous êtes au fond de vous-même. J'aime ce qu'est Alexandre, sa naïveté, sa candeur… C'est rigolo, je joue les jeunes premiers alors que j'ai passé la trentaine.

Depuis Déjà mort, vous semblez souvent associée aux premières œuvres de cinéastes (La Beuze, Le Cœur des hommes). Est-ce un choix délibéré de votre part où le fruit du hasard ?
Z.F. : J'ai l'impression que c'est plutôt un fruit du hasard (Rires). C'est intéressant de démarrer comme ça, parce que moi non plus je n'ai pas énormément d'expérience. Du coup, ça me met également en confiance. Ceci dit, j'espère un peu que ça va changer.

Dans le making of, on apprend que vous souhaitiez interpréter le personnage de Paul. Était-ce pour vous démarquer de vos anciens rôles ?
F.D. : C'est vrai qu'il y a eu pas mal de bouleversements, de changements… Il était question de rajeunir le personnage de Paul. On a essayé et on est retourné à la version de base. En France, on a peur des rôles de composition. Les producteurs et les metteurs en scène vous veulent à votre place. En France, on a une culture du « Joue ce que tu es ! »

On y apprend également que vous avez apporté (avec Titoff) une contribution à l'évolution du scénario. Cette interaction privilégiée avec les réalisateurs est-elle essentielle à votre métier ?
F.D. : C'est le petit plus quand on travaille avec des metteurs en scène qui ne sont pas figés. On continue de bosser au jour le jour afin de proposer des nuances. On ne change pas tout d'un coup. Sur L'Incruste, les réalisateurs étaient très sûrs d'eux, mais plus le tournage avançait plus ils osaient.

Avec Frédéric Diefenthal et Titoff, vous êtes le troisième personnage réaliste du film en comparaison des autres personnages plus marqués et stéréotypés socialement. Comment expliquez-vous cette inversion des rôles au sein des codes de la comédie française ?
Z.F. : J'ai l'impression qu'on est tous un peu hors du temps dans cette histoire. Moi aussi j'ai un rôle un peu caricatural. Je l'ai plutôt pris comme quelque chose de ludique, vraiment comme appartenant à la fiction. Ce côté prostitution n'était pas vraiment réaliste. Le tout dans un décor très marqué par les années trente, c'est ça qui faisait que ce n'était pas pathétique.

Il semble y avoir un décalage entre votre personnage de prostituée et celui auquel vous aspirez être réellement à la fin du film. De votre rôle de victime, vous passez à celui d'une séductrice, à la limite de la femme fatale. Est-ce un type de rôle qui vous séduit au cinéma ?
Z.F. : La question reste ouverte. C'est vrai que c'était un petit clin d'œil à la fin, mais ce type de rôle de m'intéresse pas particulièrement. J'essaie surtout d'apporter une certaine humanité, une certaine fragilité, quelque chose auquel les filles peuvent s'identifier. Ce qui les intéressaient, eux, c'était le mélange force et fragilité. C'est un subtil dosage…

Votre tandem à l'écran n'est pas sans rappeler certaines comédies des années quatre-vingt (Viens chez moi, j'habite chez une copine en particulier), tout comme la chanson qui figure au générique rappelle celle de Renaud. Était-ce une volonté consciente des réalisateurs ?
Z.F. : C'est complètement inspiré, presque un remake. C'était une volonté consciente des cinéastes, ils adorent cette période.
F.D. : Oui. Ils font partie de cette génération qui acquiert une culture en fonction de leur date de naissance. Ce qui n'empêche pas d'aller voir ce qui s'est passé avant. Moi, petit, j'allais voir les films de Jean-Paul Belmondo, Pierre Richard, Louis de Funès, les débuts de Daniel Auteuil, le Splendid… Sur L'Incruste, la référence au film de Leconte me plaisait car, socialement, elle est juste et évolue dans ce sens.

Avant le tournage du film, aviez-vous déjà eu une expérience de chanteur ?
F.D. : Non, je n'ai pas ce don naturel. En travaillant, j'arrive à faire certaines choses. Je n'ai pas persévéré mais après tout pourquoi pas. Peut-être que je le referais un jour, pour mon propre plaisir.

Vous vous prêtez volontiers à l'exercice du making of. Est-il un prolongement naturel à votre métier d'actrice ?
Z.F. : Oui, bien sûr, c'est complètement naturel compte tenu de l'expansion du DVD. Tout va de plus en plus vite. Réalisateur de making of est vraiment un poste à part entière aujourd'hui, tout comme le photographe qui, avant, était là quelques jours et qui est maintenant là du début à la fin. Je le prends comme un plus.

Êtes-vous consommateurs de DVD ?
F.D. : J'ai une femme qui est une grosse consommatrice de DVD. Du coup, j'en regarde beaucoup plus que je ne le ferais naturellement. Je ne suis pas très passif. J'ai du mal à me concentrer devant la télévision, mais ça reste un vrai plaisir. Je ne suis pas étonné du succès du support. Certains films marchent même parfois mieux en DVD qu'en salles. Quand on voit le prix aujourd'hui d'un écran plasma ou LCD, j'invite les gens à acheter un vidéoprojecteur, qui conserve une texture plus naturelle.
Z.F. : Non, je ne suis pas une grosse consommatrice.

Comment réagiriez-vous si l'un où l'une de vos amies débarquait à l'improviste et devenait encombrant ?
F.D. : Si c'est un de mes amis, je réagis bien, alors que dans le film, c'est un usurpateur. Je serai comme Alexandre, méfiant mais dupe.
Z.F. : J'ai du mal à supporter, j'aime bien mon petit chez-moi, garder une certaine intimité. Ceci dit, je suis capable aussi de me faire marcher sur les pieds. Il pourrait s'incruster quelques jours, mais à un moment il faudrait que ça s'arrête… rapidement d'ailleurs.

Propos recueillis par Eric Dumas et Fabien Braule à Paris, le 6 septembre 2004.

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