Maintenant qu’on a parlé des films (et/ou navets) de la WWE, il est temps d’ouvrir un peu plus le sujet du catch au cinéma en s’intéressant cette fois au potentiel inexploité des catcheuses sur grand écran.
Les catcheurs sont souvent passés des rings aux plateaux de tournage, le trio star, sinon la Sainte Trinité de la reconversion professionnelle étant évidemment John Cena, Dave Bautista et Dwayne Johnson. A l’inverse, les acteurs n’ont pas tellement l’habitude de quitter leur loge pour grimper sur la troisième corde et s’exploser le dos sur des tables. David Arquette a tenté, et comment dire…
De fait, les catcheurs sont depuis longtemps une mine d’or et une ressource inépuisable dans le cinéma d’action, en particulier quand il s’agit de trouver des seconds rôles casse-cou et/ou des montagnes humaines déjà entraînées et habituées à la fausse bagarre : Hulk Hogan dans Rocky 3, feu Zeus dans Universal Soldier, Edge dans Highlander: Endgame (et plus récemment dans la série Percy Jackson de Disney+ ou la série Vikings), Shawn Michaels dans L’Arme fatale 4, Steve Austin dans Expendables ou encore Triple H dans Blade 3…
D’autres noms, retraités ou encore en activité, seront prochainement à l’affiche (ou du moins au générique), comme Tyler Mane qui reprendra le rôle de Dents-de-sabre dans Deadpool & Wolverine après l’avoir incarné en 2000 dans le premier X-Men, tandis que la Superstar Drew McIntyre, qui évolue à la WWE, sera au casting de The Killer’s Game, une comédie d’action réalisée par J. J. Perry et portée par les gros bras de Bautista.
Dernier exemple, toujours chez les super-héros Marvel : Seth Rollins, également membre de la WWE, devrait avoir un rôle secondaire de vilain dans le prochain Captain America 4 – et il faut avouer que si le film n’a rien de bien attrayant sur le papier, la perspective d’un stomp sur la nuque de Sam Wilson (ou n’importe qui d’autre) est assez plaisante.
Admirez la beauté du geste :
Après tout, Fast X n’avait pas grand-chose pour lui, sauf Jakob Toretto alias John Cena qui claque un Attitude Adjustment (sa prise de finition fétiche) sur un mercenaire. Trois petites secondes de joie au milieu d’un chaos de 2h20. On pourrait dire la même chose pour le Samoan Drop et le Spear signature de Roman Reigns dans Fast & Furious : Hobbs & Shaw, mais la rédactrice de ces lignes a un gros faible pour toute la dernière séquence du film, baston kitchissime sous la pluie inclue…
Ok, et les catcheuses dans tout ça ?
Les divisions féminines évoluent, ce qui fait que les catcheuses sont davantage populaires et reconnues comme des athlètes professionnelles. On s’éloigne donc progressivement de l’image des faire-valoir sexy au bord du ring et des jolies filles en tenue légère qui se donnent des gifles. Naturellement, les types de personnages se diversifient aussi, allant de la diva capricieuse au bulldozer impitoyable, et tous les types de corps ou presque commencent à trouver leur place sur le ring.
Les digues bougent, certes, mais les passages de catcheuses pro au cinéma ou à la télé se comptent encore sur les doigts de la main. Et par pitié, pour le bien de tout le monde, oublions le film Chasseurs de primes avec Trish Stratus (et Gridlocked aussi, où elle est terriblement sous-exploitée).
Celles qui passent des rings aux plateaux de tournage le font principalement pour des films ou des séries qui ont un rapport avec leur discipline ou leur fédération – comme Naomi et Maryse dans The Marine 5 ou Becky Lynch dans The Marine 6, pour prendre les pires exemples. C’est aussi le cas de Zelina Vega, qui affronte Florence Pugh dans Une famille sur le ring (un biopic coproduit par la WWE), de Michin, qui fait de la figuration dans Le Catcheur masqué (une autre coproduction WWE) ou de Kia Steven (connue du côté de l’AEW) qui a participé à la série Netflix Glow.

Pour les films ou séries sans rapport direct avec le catch, on a surtout en tête Sasha Banks (désormais connue sous le nom de Mercedes Moné à l’AEW) dans la saison 2 de The Mandalorian.
C’est d’ailleurs le showrunner et réalisateur Jon Favreau qui a fait appel à elle pour incarner la Mandalorienne Koska Reeves après l’avoir repérée dans l’émission Hot Ones et avoir été impressionné par l’assurance qu’elle dégageait sur le ring. Celle-ci a ainsi pu mettre ses compétences de catcheuses à profit, comme elle l’a expliqué dans le podcast Ahch-To Radio :
« Je regardais Boba [Fett, le personnage] et je me suis dit que je pouvais faire quelque chose de mieux. J’ai donc pris le gars par la tête et je lui ai dit : « Tiens mes hanches, je vais courir le long de ce mur, on va se retourner et je vais te faire un DDT ». On l’a répété, on l’a fait et Jon Favreau, le réalisateur de la série, a dit que c’était ça qu’on allait faire. […]
Je pense que les fans aimeront un peu plus si je peux y ajouter un peu de catch professionnel. Alors, quand j’ai enfin pu faire ce DDT, c’était vraiment cool d’apporter un peu de lutte à Star Wars. J’étais dans mon élément. C’est la seule scène où je me suis dit : « J’ai compris ». Tous les trucs de combat, comme passer à travers la table, c’est tout simplement mon domaine.«
On se rappelle également du fight en robe de soirée et talons aiguilles entre Michel Rodriguez et Ronday Rousey dans Fast & Furious 7, mais aussi de ses rôles secondaires dans Miles 22 et Expendables 3 (même si à cette époque elle était surtout reconnue comme combattante UFC). Enfin, Eve Torres, une ancienne Diva de la WWE, a joué dans Le Roi Scorpion 4, le temps d’un combat en arène – de catch, très clairement – contre l’actrice Ellen Hollman, dans ce qui est peut-être le passage le moins ennuyeux du film. Elle a aussi eu un rôle (rachitique) dans La Filature réalisé par Renny Harlin, dans lequel elle est surnommée « le Terminator sibérien » et échange quelques coups avec Jackie Chan.
Et puis… c’est globalement tout, ce qui est dommage au vu de leur potentiel.

CATCH ME IF YOU CAN
Du coup, pourquoi ne pas chercher plus de catcheuses, ne serait-ce que pour des seconds rôles musclés ou des scènes de baston bien spécifiques ? Il y a des réalités contractuelles qui nous échappent ainsi que des emplois du temps surchargés qu’il faudrait prendre en compte, en particulier pour les catcheuses en activité (contrairement à Bautista qui a totalement raccroché, ou Dwayne Johnson qui fait un peu ce qu’il veut).
Mais si on reste dans la pure hypothèse : les catcheuses, à l’instar des catcheurs, sont un incroyable vivier de talents.
En plus de leurs compétences physiques et théâtrales (toute proportion gardée), cela participerait à mettre en avant des types de corps et de musculatures différents des normes hollywoodiennes. Certains gabarits ne passeraient en effet pas inaperçus, à l’image de celui de Katy O’Brian dans Ant-Man 3 et plus récemment Love Lies Bleeding de Rose Glass, qui met justement en avant le corps sculpté hors-normes de l’actrice, et sans tomber dans la fétichisation exclusive. Et trouver celle qui jouerait la culturiste n’a justement pas été une mince affaire pour la réalisatrice.
Petit extrait de la puissance physique spectaculaire de deux Superstars de la WW, Nia Jax (celle en combinaison) et Rhea Ripley
Même si elles ont des obligations professionnelles à tenir – ou peut-même aucune envie d’être actrices –, on peut juste rêver de voir ces femmes impressionnantes à l’oeuvre sur petit ou grand écran, rien que pour l’amour de la bagarre bien foutue. Évidemment, il ne s’agirait pas de créer de nouvelles injonctions envers les actrices, d’écarter d’office les physiques moins imposants, de prohiber les prothèses et le maquillage ou d’envoyer les doublures à Pôle Emploi.
Il s’agirait simplement d’ouvrir une porte, voire de la défoncer à grand coup de pied, sans pour autant fermer les autres.
Moi j’aime bien AJ Lee.
Je rêve d’un (bon) métrage mettant en scène Rhea Ripley, elle a du potentiel en rôle de bikeuse ou un truc dans le genre…
Article très sympa (merci).
Ce n’est pas une ancienne catcheuse mais, mais une ancienne combattante de MMA, il y a eu Gina Carano qui avait réussi à faire un petit bout de carrière, avant d’avoir eu ce que l’on sait. Et pourtant, dans le Trapped de Soderberg, elle faisait mal.