Moins Hannibal Lecter que Gandhi dans l’âme, Anthony Hopkins se rebiffe au nom de la cause animale dans Instinct, le plaidoyer anti-braconnage de Jon Turteltaub.
King Kong l’avait fait avant tout le monde : introniser le gorille sur grand écran, et rappeler accessoirement le lointain cousinage qui nous unit à la famille des primates. Une œuvre matricielle qui a largement essaimé depuis dans le cinéma d’aventure, invitant notre ancêtre simiesque à toutes les sauces. Heureusement pour nous, on compte quelques réussites dans le domaine : La Planète des singes évidemment, mais aussi l’incontournable Gorilles dans la brume.
Avec Instinct, la tentative est plus hybride, mais ose plus que jamais la communion entre l’homme et le singe, au point où Anthony Hopkins joue peu ou prou une version senior de Tarzan (on vous l’accorde, le pari est plutôt risqué). Pour emballer le tout, le plutôt médiocre Jon Turteltaub se relève un peu les manches, et réalise son film le plus engagé, en même temps qu’un éloge sans concession à la vie sauvage.

DARWIN, LES ORIGINES
"Dans la jungle, terrible jungle, le singe est mort ce soir", serait-on tenté de chanter au vu du sujet du film, et toute ressemblance avec des paroles existantes est purement fortuite bien sûr. C’est justement à la suite du massacre de plusieurs gorilles auprès desquels il a vécu en pleine nature rwandaise, et de la mort concomitante de trois gardes forestiers, que le primatologue Ethan Powell (Hopkins donc) se retrouve incarcéré. Considéré comme une bête sauvage, il est alors approché en prison par Theo Caulder (Cuba Gooding Jr.), chargé de réaliser son expertise psychiatrique.
Ce qu’Instinct déjoue très vite et intègre à la fois à son récit tient à un réflexe quasi-pavlovien : celui de s’imaginer au centre de tout. Un péché d’orgueil auquel beaucoup d’entre nous succombons allègrement. Heureusement, les consciences évoluent, de la même façon que la théorie darwinienne nous enseigne le processus évolutif de l’homme, descendant du singe. Et le film acte d’emblée cette ascendance des primates sur l’espèce humaine en leur octroyant le devant de la scène dès les premières secondes du générique d’ouverture.
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« Le plutôt médiocre Jon Turtletaub ? »
Le bonhomme est derrière Rasta Rockett et, rien pour ça, mérite le respect éternel !