Compte-rendu Cannes 2008 : jours 5 et 6

Jean-Noël Nicolau | 19 mai 2008
Jean-Noël Nicolau | 19 mai 2008

Dimanche 18 et lundi 19 mai 

 

Dans les salles de projection cannoises, la fatigue commence (déjà) à se faire sentir. Les films la journée, les soirées arrosées sur la plage…Il n’est pas rare de constater, non sans amusement, que son voisin cinéphile pique du nez. Et forcément, plus la fatigue monte, moins la tolérance est de mise. Ainsi, pouvons nous constater que le nombre de personnes quittant un film à peine 20 minutes après son lancement se fait de plus en plus nombreux. Cannes c’est la culture zapping, les 4-5 films par jour. Face à cet enchainement d’œuvres cinématographiques, plus ou moins passionnantes, la mémoire du cinéphile diminue progressivement…Peut être alors que certaines œuvres ne nous font pas l’effet qu’elles provoqueraient lors d’une sortie cinéma traditionnelle.  

 

Quoi de neuf à la Compet’ pour nous faire garder les yeux ouverts ? Gomorra, film de Matteo Garrone, a passionné beaucoup de critiques présents sur la Croisette, mais fut pour certains un véritable cauchemar éveillé. J’en fais partie : longueurs interminables, dialogues anecdotiques, acteurs médiocres…Peut être que ma petite fatigue a joué contre ce long métrage sur la mafia italienne et le crime en général. Aussitôt vu, aussitôt zappé.

 

Attendus, les nouveaux films de Walter Salles (réalisateur de Carnets de voyage), Jia Zhangke (auteur de Still Life) et Brillante Mendoza (qui avait signé JohnJohn). Si le Walter Salles (intitulé Linha De Passe) n’est, selon la rumeur, pas inoubliable et que 24 city (de Jia Zhangke) déçoit par de terribles longueurs, il semblerait que Serbis (de Brillante Mendoza) soit parvenu à sauver l’honneur. Le synopsis de ce dernier film a de quoi mettre l’eau à la bouche : l’histoire d’une famille qui vit dans un cinéma qui projette des œuvres pornos des années 70 et le fléau de la prostitution qui touche un certain cinéma.

 

 


 

 

Les festivaliers les plus endormis attendaient l’arrivée de Scarlett Johansson sur le tapis rougepour les réveiller. Mais le rayon de soleil ne fit malheureusement pas son apparition, la star étant retenue pour des raisons que l’on ignore (tournage ou mariage ?).

Woody Allen s’est donc « contenté » de venir aux bras de Penelope Cruz, plus féline que jamais, pour présenter le très réussi Vicky Cristina Barcelona. Face à cette déception de « fan », les amateurs de montées des marches ont pu retrouver le sourire avec la présentation Hors compétition du nouvel opus d’Indiana Jones. Foule en délire, photographes déchainés : sans conteste l’un des plus grands évènements de cette 61e édition. Mais si voir Steven Spielberg et Harisson Ford « en vrai » n’a pas manqué d’exciter les masses, dans la salle de projection c’était plutôt la débandade.  Un scénario qui est loin de tenir toutes ses promesses, des personnages pas forcément crédibles : le come back raté de la Croisette en terme de qualité ?

 

 


 

 

Loin des paillettes, les films des sections parallèles continuent de faire le bonheur des spectateurs. Entre Wolke 9 (drame sentimental très subtil entre deux septuagénaires qui ont une liaison), Je veux voir (Catherine Deneuve en excursion au Liban) et le nouveau Kiyoshi Kurosawa (Tokyo Sonata), les plaisirs cinématographiques ne manquaient pas, laissant la salle sous un tonnerre d’applaudissements après chaque projection.

 

La Quinzaine, pour sa part, nous a livré le nouveau Bertrand Bonello (scénario très osé pour réalisation peut être trop classique), De la guerre, avant de nous entrainer au Chili avec Tony Manero, film qui relate de la vie d’un homme qui rêve de passer dans une émission de télé afin d’être reconnu pour sa prestation de « sosie » du héros de La fièvre du Samedi soir. Entre comédie et drame politique, un petit film qui a ravi les foules.

Anniversaire oblige, la Quinzaine a diffusé 40x15, film réalisé par Olivier Jahan, racontant l’histoire de la section.

 

Enfin : La semaine de la Critique a été placée sous les feux des projecteurs, Isabelle Huppert étant la star de Home, un film belge très attendu. Pour le reste, on en entend très peu parler malgré quelques bons échos sur le cru 2008.

 

Entre curiosités, euphories et déceptions, les cinéphiles cannois affichent des mines parfois déconfites. Avec aujourd’hui en sélection officielle les nouveaux films des Frères Dardenne (Le silence de Lorna) et de James Gray (Two lovers) et demain la projection du tant attendu nouvel opus de Clint Eastwood, L’échange, gageons qu’énergie et enthousiasme repointeront le bout de leur nez.

 

Jonathan Fischer 

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