Insidious : on a classé la saga, du pire au meilleur (le premier, évidemment)

La Rédaction | 9 juillet 2023 - MAJ : 10/07/2023 12:55
La Rédaction | 9 juillet 2023 - MAJ : 10/07/2023 12:55

Le cinquième (eh oui déjà) Insidious, The Red Door, est en salles depuis le 5 juillet. L'occasion de revenir sur chaque volet de la saga initié par James Wan.

Insidious : The Red Door ennuie/effraye les amateurs de frissons de France et de Navarre et sa sortie étrangement discrète vient nous rappeler non seulement que le premier volet a déjà 13 ans d'existence, mais aussi que la saga en est à sa 5e itération. Depuis, le petit malin James Wan est devenu un habitué des cimes du box-office et son compère Leigh Whannell s'est attiré les éloges de la critique avec Upgrade et Invisible Man.

La franchise qui leur a permis de grimper les derniers échelons de l'industrie, en revanche, a perdu de sa superbe. La rédaction s'est concertée pour classer les 5 opus, du pire au meilleur, et revenir sur leurs principales caractéristiques/jumpscares au passage.

 

Insidious : The Red Door : phot, Patrick Wilson, Rose Byrne, Ty SimpkinsChronique d'une descente aux enfers

 

5. INSIDIOUS 5 : The Red Door

Sortie : 2023 -  Durée : 1h48

 

Insidious : The Red Door : photoPatrick trahi

 

Évidemment, on aurait adoré ne pas avoir à classer le tout dernier opus de la saga si bas, mais force est de constater que The Red Door n'a absolument rien pour lui, passé les bonnes intentions de son réalisateur Patrick Wilson. Le deuxième profitait encore de la mise en scène de Wan, le troisième d'une forme de classicisme bienvenue, le quatrième de rares idées intéressantes. Dos au mur, le cinquième n'a plus rien à raconter, ni même la moindre audace horrifique à son crédit.

L'arc narratif d'Élise étant clos, il se rabat sur les protagonistes des deux premiers films, n'ayant d'autre choix que de les hypnotiser pour refouler leurs souvenirs et motiver de bien maigres enjeux autour de la relation entre Josh et son marmot ancien comateux surnaturel. C'est simple : ils sont en quête... du scénario d'Insidous premier du nom. Autant dire qu’on n’est pas sur l’histoire la plus passionnante de l'histoire du genre, surtout en considérant ce qu’est devenu « le lointain », c’est-à-dire un prétexte narratif à géométrie variable, capable ou non de briser les règles spatiales en fonction de la situation.

 

Insidious : The Red Door : Photo Sinclair DanielEt toujours les mêmes antagonistes...

 

Bref, plus rien n’a de sens depuis bien longtemps, le prétexte du « ta gueule, c’est surnaturel » n’étant même plus envisageable. Restent donc les fameuses scènes d’angoisse, désormais peu inspirées et quasi toujours conclues par l’obligatoire jumpscare à peine amené par la mise en scène. C'est surtout ça, la déchéance de la saga Insidious : l'oubli progressif et bien volontaire que l'intérêt de l'original reposait surtout sur les idées de réalisation de James Wan. Sans ça, tout s'écroule et The Red Door en est une preuve évidente.

La scène qu'on retient à peu près : La séquence du memory improvisé est assez symptomatique du problème de la franchise. À l'origine, il y a une idée amusante et littéralement ludique, comme pouvaient l'être celles de Wan. Mais le petit jeu avec le spectateur a à peine commencé qu'il se conclut avec un fantôme qui explose tout le dispositif. Tout casser pour laisser la place aux jumpscares, c'est la nouvelle devise d'Insidious... et de tout un pan du cinéma d'horreur américain mainstream.

Notre critique de Insidious 5

4. INSIDIOUS 4 : LA DERNIÈRE CLÉ

Sortie : 2018 -  Durée : 1h44

 

Insidious 4 : La Dernière Clé : Photo Lin ShayeLa Élise Lucet du paranormal

 

Avec Insidious 4 : La Dernière Clé, Adam Robitel régurgite une formule de plus en plus informe et formatée après trois volets (et une myriade de productions Blumhouse). La mise en scène et le dispositif horrifique reposent ainsi sur des gimmicks plus que des idées, comme l'énième créature qui surgit dans le cadre derrière un personnage ou le traverse rapidement pendant un travelling. Le tout accompagné de cris et sons stridents.

S'il n'a donc rien de passionnant ou d'un minimum effrayant à montrer, ce volet se distingue davantage par son scénario, à nouveau écrit par un Leigh Whannell (trop) fidèle au poste. Le concept n'a rien de révolutionnaire (Scott Derrickson l'ayant exploitée dans Délivre-nous du mal quatre ans plus tôt), mais marier l'horreur humaine et concrète à l'épouvante surnaturelle a marqué une sorte de "renouveau" thématique dans cette saga paumée dans le Lointain depuis trop longtemps.

 

Insidious 4 : La Dernière Clé : PhotoLe monstre des clés, celui qui les cache et t'oblige à les chercher quand tu es déjà en retard

 

De fait, les scènes les plus impactantes sont celles qui ne reposent pas sur des éléments fantastiques, mais sur des actes concrets, comme lorsqu'un père de famille menace et bat sa petite fille devant une mère impuissante et un petit frère terrorisé. Même s'il n'élabore pas vraiment son propos et avance avec de gros sabots, le récit se concentre sur les violences domestiques et intra-familliales pour décortiquer sommairement les traumatismes de son héroïne, bien plus marquée par les coups de son père que ses visions morbides. Malheureusement, le film finit par torpiller cette zone d'ombre en justifiant la monstruosité et la violence des personnages masculins par une manipulation paranormale bien arrangeante.

La scène qui résume tout ça : Celle qui fait office de note d'intention. Élise et sa bande se rendent chez le nouveau propriétaire de l'ancienne maison d'enfance de la médium, une sorte de redneck qu'un esprit semble torturer psychologiquement. S'en suit un autre jeu du chat et de la souris entre Élise et le fantôme avec des "esprit es-tu là" et autres banalités du genre. Sauf qu'Élise découvre derrière une porte une femme vivante, séquestrée et enchaînée. En réalité, le fantôme cherchait cette fois à aider cette femme en guidant Élise jusqu'à elle. C'est donc un inversement du rapport de force, l'horreur ayant un instant quitté le champ du surnaturel.

Notre critique de Insidious 4

 

3. INSIDIOUS 2

Sortie : 2013 - Durée : 1h46

 

Insidious : Chapitre 2 : photo, Ty Simpkins, Patrick WilsonCette fois, papa est hanté

 

La bonne idée de ce Insidious : Chapitre 2 est d'être une véritable continuation du premier. L'histoire reprend directement après la fin d'Insidious, et assume que Josh est désormais une menace puisqu'il est hanté par la "vieille femme" et a tué Élise. Insidious 2 s'amuse même à remettre en scène des moments du premier film avec un autre point de vue, tout en creusant le passé de Josh. Nul doute que tout ça a été bricolé, mais ça n'en reste pas moins amusant à regarder.

Le problème, c'est que ce Insidious 2, c'est Insidious 1 mais sans la petite touche malicieuse. On reprend les mêmes et on recommence, mais avec moins d'entrain et sans l'effet de surprise. Il n'y a aucune scène aussi marquante que dans le premier, et James Wan semble tourner en rond, coincé entre une maison dont il ne sait plus quoi faire (notamment quand ça vire au sous-Shining) et un royaume astral qui est désormais familier. Tout le monde s'agite dans tous les sens mais c'est interminable, notamment à cause de cette sous-intrigue avec Lorraine et la petite bande dans l'hôpital abandonné.

 

Insidious : Chapitre 2 : photoQu'est-ce que c'est effrayant

 

Tout est bien qui finit bien dans ce Insidious : Chapitre 2 qui ressemble finalement à la version édulcorée du premier. Élise se transforme en warrior et explose la tronche du fantôme, la petite famille est miraculeusement sauvée, on passe à une nouvelle maison (oui c'est bien Jenna Ortega toute jeune), et Élise fixe un recoin sombre avant de lâcher un "OH MON DIEU" avant le générique de fin. C'est risible, c'est minable, mais au moins ça annonçait la couleur pour la suite de la saga.

La scène la moins nulle : Le flashback/réécriture de la scène du premier Insidious, où Josh et Renai sont réveillés en pleine nuit... par Josh, en fait. Parce que ça permet de revoir l'une des meilleures scènes du premier film, avec l'homme aux cheveux longs immobile derrière les voiles du lit du bébé.

 

2. INSIDIOUS 3

Sortie : 2015 - Durée : 1h38

 

Insidious : Chapitre 3 : photo, Dermot Mulroney, Stefanie ScottDermot Mulroney en papa dépapassé

 

Insidious : Chapitre 3 est le seul épisode de la saga, à ce jour, réalisé par Leigh Whannell, par ailleurs scénariste des quatre premiers films. Et même si l’on perd ici la patte de James Wan, le film écrit et réalisé par Whannell ne démérite pas tellement de ces prédécesseurs. Car s’il n’arrive effectivement pas au niveau du premier volet (la faute à trop de niaiserie), le chapitre 3 comporte certains des meilleurs moments de flippe de la franchise. Pourtant, le pari n’était pas gagné, car par souci de renouveau, l’histoire abandonne ici totalement Josh et sa famille pour proposer une préquelle avec pour seul lien le personnage d’Élise, la medium.

Celle-ci reçoit la visite de Quinn (Stefanie Scott), une adolescente qui veut à tout prix entrer en contact avec sa mère décédée il y a peu. Bien évidemment, en voulant contacter les morts, Quinn va réveiller d’autres esprits que celui de sa mère... L’histoire se déroule presque exclusivement dans l’appartement où Quinn est alitée, toute cassée de partout après un accident de voiture. Entravée par tous ses plâtres, l’adolescente n’est pas tellement en situation de se déplacer ou de se défendre, et les meilleures séquences du film sont pensées en fonction de ce postulat : comment inventer de nouvelles manières de faire peur autour d’un personnage coincé dans un lit ?

  

Insidious : Chapitre 3 : photoTu veux un ballon ? Ils flottent.

 

Les moments de jolie terreur ainsi occasionnés compensent largement les séquences plus faibles, grâce à des images saisissantes (la silhouette de l’homme qui agite la main en silence, le double dépourvu d’yeux et de mains...). En se reposant beaucoup sur le personnage de Lin Shaye, le film mise sur le meilleur atout de la saga, et parvient à faire revivre le véritable frisson du premier film. Pour un résultat global moins équilibré, certes, mais tout aussi effrayant. 

La scène qui conclut en beauté : Le petit "plus" de ce prequel est la toute dernière séquence, qui tisse un lien avec le reste de la saga. On y retrouve Élise chez elle, qui s'apprête à goûter un repos bien mérité après toutes ces émotions. Il semblerait même que l'esprit de son défunt mari lui adresse un signe bienveillant depuis l'au-delà. À moins que... là aussi, on se trompe d'esprit. Cette scène fait tour à tour verser une larme et se dresser les cheveux sur la tête à une vitesse fulgurante, proposant l'une des meilleures occurrences de la trope "personnage qui se tient en haut des escaliers d'un sous-sol plongé dans le noir".

 

1. INSIDIOUS

Sortie : 2010 - Durée : 1h41

 

Insidious : photo, Patrick WilsonAttention, derrière toi c'est affreux !

 

Avant de piloter quelques-uns des plus gros blockbusters de ces dernières années, James Wan a très longtemps baroudé dans le cinéma d'épouvante à petit budget. Et c'est bien là qu'il était le meilleur. L'inflation du financement des suites a tendance à le faire oublier, mais Insidious premier du nom est surtout une démonstration d'ingéniosité. Réaliser un simili-remake de Poltergeist, qui change de décor au milieu du scénario qui plus est, avec 1,5 million de dollars, c'est un défi qu'il ne pouvait relever qu'à l'aide de sa mise en scène. Et un défi relevé haut la main.

L'objectif a toujours été de se faire un nom après le carton record de Saw, de prouver à l'industrie hollywoodienne qu'il était capable de fabriquer un pur film de trouille sans trop éclabousser le comité de classification. Et Insidious est un véritable entretien d'embauche, où Wan déploie un éventail impressionnant de trucs, d'astuces et de techniques de réalisation pour faire oublier ses limitations. Autorisé à partir dans tous les sens par un scénario un poil nébuleux et souvent prétexte, il enchaîne des plans larges, les travellings malins et jongle avec les focales en fonction de la proximité de ses quelques démons/fantômes/apparitions spectrales (barrez la mention inutile), sans pour autant faire retomber la tension.

 

Insidious : photo14e vague

 

C'est d'autant plus paradoxal qu'avec son succès démentiel (plus de 100 millions de dollars de recettes à ce jour), il a convaincu les exécutifs hollywoodiens de tout miser sur les films d'épouvante de plus en plus pépères, de plus en plus codifiés et surtout de plus en plus oubliables. Il faut donc bien rappeler qu'à l'origine, il y avait ce trip horrifique versatile et inventif, qui virevoltait dans ses décors inquiétants au gré des frayeurs, se permettait des interludes comiques pas loin du sous-Ghostbusters et n'avait pas peur, justement, de malmener un peu les poncifs du film de maison hantée... allant jusqu'à faire renier le genre à l'un des protagonistes.

La scène... : Le dernier acte dans "The Further" a bien évidemment marqué les esprits, de même que l'apparition du démon dans le tableau noir derrière Patrick Wilson. Mais à l'heure où le style Wan a surtout démocratisé l'emploi systématique du jumpscare, la scène du plafond au-dessus du gosse alité rappelle la malice du cinéaste. L'utilisation du ventilateur comme frontière entre le monde réel et le monde paranormal, autant à l'image que dans le sound design, ainsi que ce sadique travelling avant vers un aplat de noir suffisent largement à flanquer une sacrée trouille au spectateur.

Notre critique de Insidious

Tout savoir sur Insidious : The Red Door

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commentaires
Poc
11/07/2023 à 22:29

C'est assez étrange de parler de géométrie spaciale pour le lointain. C'est le cas depuis le deuxième opus.
Le cinquième opus est vraiment bon, ne vous fiez pas aux critiques.
La plupart des points clefs des critiques reposent sur des éléments présents depuis le début de la franchise. Niveau peur on a plus de jump scare mais la tension est bien présente.
On a une histoire certes simple mais plaisante à suivre avec des évolutions de personnages.

Cidjay
10/07/2023 à 16:35

@DD : et aussi si les bananes arrêtent d'en parler !
Prends le comme tu veux.

"Le monstre des clés, celui qui les cache et t'oblige à les chercher quand tu es déjà en retard"
Quand je le dis que ma fille est un démon, personne ne me crois.

tourne disque à piles
10/07/2023 à 15:31

Excellente série, vivement le prochain, bien sûr.

DD
09/07/2023 à 23:56

6 ème volet n'arrivera que si els moutons vont voir le 5...

Ridley Kubrick
09/07/2023 à 23:43

Insidious, premier du nom, est un bijou d'épouvante. Les autres volets ne sont que des machines à dollars des plus rentables, sans grand intérêt. D'ailleurs, le 5ème volet vient de taper 32.7 M$. On ne va pas échapper à un 6ème volet!

Mon top 5 :

Insidious
Insidious 4
Insidious 2
Insidious 5
Insidious 3