Astérix et Cléopâtre : et si c'était lui, le meilleur film Astérix ?

Christophe Foltzer | 3 mai 2023 - MAJ : 04/05/2023 12:14
Christophe Foltzer | 3 mai 2023 - MAJ : 04/05/2023 12:14

Oubliez Guillaume Canet et Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu, Astérix & Obélix : Au service de Sa Majesté, Astérix aux Jeux Olympiques...  Astérix et Cléopâtre de René Goscinny et Albert Uderzo est un indispensable à voir et revoir.

C'est un incontournable pour toute personne de bon goût : Astérix et Cléopâtre, que le grand Alain Chabat a adapté dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Sorti en 1968 et diffusé environ 2456 fois à la télévision, c'est l'un des films les plus cultes dans la longue histoire des adaptations d'Astérix et Obélix.

On revient sur ce monument (à classer auprès de l'autre monument : le génial Les 12 travaux d'Astérix).

 

Astérix et Cléopâtre : photoUn chantier pharaonique

PUDDING A L'ARSENIC

Si tout le monde connait l'aventure égyptienne d'Astérix grâce, pour les plus jeunes, à l'excellent  Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d'Alain Chabat sort en 2002, il existait déjà bien avant une autre version de l'histoire, Astérix et Cléopâtre, sorti dans les salles françaises en 1968. L'adaptation de l'album éponyme sorti en librairies en 1965 après une publication dans le journal Pilote dès 1963. Il faut cependant remonter un an avant la sortie du film pour bien comprendre d'où il vient.

 

photoUn bon petit sanglier et paré pour l'aventure !

 

En effet, en 1967, sort sur les écrans la première adaptation officielle des aventures d'Astérix et Obélix au cinéma, Astérix le Gaulois, réalisé par Ray Goossens. Problème, les auteurs de la bande-dessinée, Albert Uderzo et René Goscinny, ne sont pas vraiment contents. Et on les comprend lorsque l'on sait que le film a plus ou moins été fait dans leur dos, sans leur demander conseil ni même les impliquer dans la production, et qu'en plus ils ont découvert son existence sur le tard, lors d'une projection privée.

Si le film est un gros succès au moment de sa sortie (2.4 millions d'entrées), en dépit de raccourcis scénaristiques gênants et d'une animation très bas de gamme, la pilule a beaucoup de mal à passer. Mis au courant que le studio d'animation prépare déjà deux autres films, La Serpe d'or et Le combat des chefs, Uderzo et Goscinny font pression sur le producteur, leur éditeur Dargaud et les Editions du Lombard pour que les deux projets soient annulés. Ils obtiendront gain de cause, tout autant que la mise en route d'un nouveau film, qu'ils auront eux-mêmes choisis et dont ils seront les réalisateurs, en profitant toujours des infrastructures du studio Belvision.

C'est donc dans un temps record de seulement 8 mois que 150 personnes s'échinent à créer 50.000 dessins et 300 décors pour ce projet que l'on peut qualifer sans conteste de pharaonique pour l'époque.

 

photoCléopâtre, la Reine des reines (et quel nez !)

 

QUEL NEZ !

Astérix et Cléopâtre, la bande-dessinée, était née d'une passion commune pour le film Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz, qui les marquera d'un côté par son gigantisme démesuré et, d'autre part, par l'interprétation d'Elizabeth Taylor dans le rôle de la Reine. Une référence évidente qui servira de base à l'élaboration de la version dessinée de la figure historique. Comme d'habitude, Goscinny ne peut s'empêcher de caricaturer la société de l'époque, que ce soit dans certains jeux de mots, situations ou références. Comme d'habitude, Uderzo en profite pour insérer dans ses planches bon nombre de visages connus en les détournant avec humour.

 

photoPremière apparition d'Idéfix au cinéma et premier acte héroïque

 

Plusieurs gags sont adressés au film de Mankiewicz et notamment cette volonté de transformer l'ouvrage en super-production hollywoodienne. Qu'il s'agisse de la liste des ressources utilisées pour le créer ("14 litres d'encre de Chine, 30 pinceaux, 62 crayons à mine grasse, 1 crayon à mine dure, 27 gommes à effacer, 38 kilos de papier, 16 rubans de machine à écrire, 2 machines à écrire, 67 litres de bière") en guise d'estimation budgétaire, ou de la couverture de l'album, composée selon les codes des affiches des grosses productions hollywoodiennes de l'époque.

Si l'album est un succès, il n'en sera pas de même pour le film. En effet, s'il n'est pas un échec, il n'attirera "que" 1.9 millions de spectateurs, soit 500.000 de moins que le premier film. Pourtant, tout est là pour que le film fonctionne. Un direction artistique ambitieuse et de qualité, des animations bien meilleures que dans le précédent, Roger Carel et Jacques Morel reprenant les rôles d'Astérix et Obélix, l'hilarante Micheline Dax incarnant Cléopâtre. Citons aussi les nombreuses chansons du film dont le fameux "Pudding à l'arsenic", ou la séquence totalement psychédélique qui illustre "Quand l'appétit va, tout va".

 

photoLes deux affreux de service, en plein délire culinaire

 

Si le film connait un succès modéré chez nous, il fera par contre un véritable carton en Allemagne où il attirera presque 4 millions de spectateurs. Pays qui lui décernera d'ailleurs un Golden Screen en 1974. La suite, on la connait. Il faudra patienter 8 ans pour revoir Astérix au cinéma puisque Les 12 travaux d'Astérix sortira en 1976, un film très important puisqu'il sera la première production du studio Idéfix, monté par Uderzo et Goscinny pour avoir un contrôle total sur l'adaptation de leurs oeuvres.

C'est en 2002 qu'Alain Chabat, gigantesque fan de Goscinny et amateur éclairé d'Astérix, sortira son Astérix et Obélix : mission Cléopâtre, en réadaptant le récit aux canons de l'époque, y injectant son propre humour et ce qui restait de l'esprit Canal +, pour une adaptation qui respecte à la lettre l'esprit de la BD dans son côté sale gosse et qui connaitra un succès historique puisqu'elle réunira 14.565.506 entrées en France et presque 21 millions au total dans le monde.

Un résultat qui, paradoxalement, ne convaincra pas vraiment Albert Uderzo, qui le trouvait trop éloigné de l'oeuvre originale et trop empreint de ce fameux "esprit Canal". Ce qui n'empêchera pas de valider la mise en chantier d'un troisième film, à l'origine réalisé par Gérard Jugnot et qui se métamorphosera finalement en l'indigent Astérix aux Jeux Olympiques.

Tout savoir sur Astérix et Cléopâtre

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commentaires
RobinDesBois
04/05/2023 à 19:32

C’est le deuxième meilleur. Les douze travaux est numéro 1.

Lougnar
04/05/2023 à 17:17

Perso je dirai Les 12 travaux d'Astérix ! J'aimerai trop un remaster ou remake !

tham
04/05/2023 à 16:25

Merci pour le retour sur ce classique !
Revu il y a pas longtemps, toujours aussi génial sauf les passages avec les esclaves noirs, tristement caricaturaux.

Attention, pas mal de coquilles dans l'écriture des nombres, tous écrits à l'anglo-saxonne :

"1.9 millions de spectateurs, soit 500.000 de moins"

1,9 millions
500 000 de moins.

Yoyo
09/02/2023 à 21:02

Vu ce soir pour la premier fois (oui oui). Autant j’ai vu des dizaines de fois tous les autres DA d’Asterix, autant j’étais toujours passé à côté de celui-ci. Vu que contrairement aux autres DA, celui-ci n’avait pas bercé mon enfance, c’est donc sans l’effet « madeleine de Proust » qu’il a été visionné…. Et ça me fait mal de l’écrire, mais j’ai été terriblement déçu. Je n’ai pas du tout accroché aux voix de Numerobis et Cleopatre, et je n’arrive pas à comprendre l’éloge de cette dernière dans l’article d’Ecran Large.Il y a également trop de raccourcis dans l’histoire par rapport à la bande dessinée (ex : le chapitre des pierres dans la Nil ).
Pour finir quand même sur des notes positives : j’ai bien aimé l’animation, Obelix (Jacques) et Asterix (Roger) sont toujours au top, la chanson « Pudding à l'arsenic » est un super ajout, la voix du goûteur qui se tord de douleur m’a bien fait rire…. Et ma fille de 6 ans a adoré.

JPB
07/02/2023 à 19:45

"Quand l'appétit va, tout va", n'est pas qu'une bonne chanson à mes yeux. C'est aussi une maxime philosophique profonde.

Hectopussy
06/02/2023 à 19:42

Rappelons qu'à l'époque où il minaudait sur le film de Chabat pour lui préférer celui de Lanzmann, Uderzo était aussi en train de pondre, entre ce qui lui restait de neurones, l'horripilant "Le ciel lui tombe sur la tête". Un album dont il fut très fier et qui lui servira donc d'épitaphe... Pax à son âme.

Axlmzo
06/02/2023 à 17:19

Le meilleur c’est bien celui-là. Tellement mieux que la bouse datée de Chabat. Les autres films d’animation sont super bons aussi : la surpise de César, chez les bretons, les 12 travaux, le coup du menhir.

Ethan
06/02/2023 à 17:06

@Rorov 94
c'est un humour dépassé "itinéris" vous avez un message

Ethan
06/02/2023 à 17:04

Le meuilleur les 12 travaux d'astérix un sacré bordel cette maison qui rend fou très française dans son organistion
Imaginée si elle avait été belge :)

Patrick
06/02/2023 à 16:22

Asterix et cleopatre le dessin animé est une tuerie mes enfants de 8 et 6 l'adorent, on le regarde souvent et c'est pour ça que le film de chabat avec une œuvre aussi culte comme matériel de base, ne pouvait qu'être le carton que l'on connait

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