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Garfield : Héros malgré lui – critique qui rouspette

Par Déborah Lechner
31 juillet 2024

Après avoir prêté sa voix à Mario, Chris Pratt a maintenant un chat dans la gorge. Un gros chat roux et flemmard qui se pète le bide aux lasagnes, plus précisément. On n’avait pas vu le matou de Jim Davis en salles depuis 2006 et l’horripilant Garfield 2, et ce n’était pas plus mal tant ce nouveau Garfield : Héros malgré lui réalisé par Mark Dindal et sorti ce 31 juillet 2024, est un autre pet dans l’eau. ATTENTION SPOILERS !

Garfield : Héros malgré lui, critique © Canva Sony Pictures

CRIME ET CHAT QUI MENT

L’intertitre ci-dessus n’est clairement pas notre jeu de mots le plus inspiré, mais qu’importe puisque Garfield : Héros malgré lui ne va pas chercher les siens très loin non plus. Même si l’animation est correcte, cette nouvelle adaptation est globalement aussi paresseuse et inappliquée que son protagoniste. Alors qu’il avait le loisir de réécrire l’origin story du gros minet et pouvait apporter de la profondeur et du sens à sa caractérisation si particulière, le film se contente de dérouler une histoire tellement générique qu’on a du mal à croire qu’elle sort de l’imagination de trois personnes et non de Chat GPT (on pourrait dire « Chat-j’ai-pété » pour se mettre au niveau du film).

Le plus décevant est de voir Mark Dindal et David Reynolds affiliés à un projet aussi creux, mou et vain, les deux ayant notamment travaillé sur le génial Kuzco, l’empereur mégalo. Mais on aurait dû voir venir l’enchaînement de gags vieillots que serait ce nouveau film, ne serait-ce qu’avec le « Chat va être énorme » qui est écrit en gros sur l’affiche et flirte dangereusement avec les « Ils sont félins pour l’autre« , « Donnerez-vous votre langue au chat ?« , « Chatpitrisi » et autres « Chat farte ? » un poil datés.

Frais de service non inclus

Pourtant le film tente bien de moderniser la licence : livraisons de pizzas par drones, robot aspirateur ou encore Catflix (le Netflix pour chats aussi foufou que les bêtisiers sur C8), le tout pour faire des vannes téléphonées, mais depuis un smartphone ! Peut-être qu’il parviendra à retenir l’attention des jeunes spectateurs, mais pas certain qu’une référence à Tom Cruise, une autre à Point Break et un ou deux double-sens par-ci par-là suffisent à éveiller l’intérêt des moins jeunes.

Quant aux personnages secondaires, ils n’ont aucune consistance ni aucune originalité : la gardienne Marge est certainement la cousine de Mrs Tweedy dans Chicken Run, tandis que la méchante chatte semble être une fusion de Félicia dans Basil Détective privé et Duchesse des Aristochats.

Ca, c’est du design recherché

PAS DE QUOI FOUETTER UN CHAT

Le problème du film est qu’il jongle difficilement entre les impératifs de la licence et le semblant de nouveauté qu’il tente de lui apporter. Tout l’héritage de Jim Davis est donc bombardé dans les 10 premières minutes, tel un menu maxi best of avalé en deux bouchées et donc mal digéré. Alors oui, Garfield est toujours gros et empoté. Il adore les lasagnes et la glandouille, déteste le lundi et vit avec Jon et Odie, mais passés ces rappels obligatoires, le film n’a plus grand-chose à voir avec Garfield, qui a perdu beaucoup de son piquant.

Le personnage est en effet loin du chat sardonique, mégalo et exaspérant qu’on connaissait. Même s’il n’est pas devenu un chaton docile (quoique…), cette nouvelle itération est bien trop lisse, égale aux personnages les plus « subversifs » de Disney (qui ne le sont donc pas vraiment). Garfield considère ainsi Odie comme un ami qu’il aime bien enquiquiner, et non plus comme le parfait souffre-douleur.

Après Bébé Yoda, Bébé Sonic ou Bébé Scooby-Doo, voilà Bébé Garfield, sous vos yeux endormis

Il aide son prochain et fait preuve de sentimentalisme, et ce n’est pas le timbre doux et sympathiquement nonchalant de Kyan Khojandi qui pouvait le rendre plus rugueux. En VO, Chris Pratt lui donne un air plus balourd, calqué sur son Andy Dwyer de Parks and Recreation, et ne parvient pas non plus à transmettre l’aigreur de ce personnage dévitalisé.

S’il ne fait pas rire, Garfield : Héros malgré lui n’émeut pas non plus. L’émotion, qui pouvait reposer sur des thématiques simples, mais universelles comme le sentiment d’abandon ou le pardon, a du mal à s’intercaler entre deux blagues. La narration tire également sur des cordes aussi usées que le flashback grisonnant et pluvieux avec les notes de piano tristounes pour compléter le cliché.

Garfield : Héros malgré lui
Prêt à tout pour se barrer le plus vite possible de la salle

En fait, à part l’ennui et la sensation désagréable d’être trop vieux ou trop vieille pour ces bêtises, le film est semblable à un électro-encéphalogramme plat. Il n’énerve pas, mais laisse simplement indifférent. C’est dommage, car un personnage aussi truculent que Garfield et 60 millions de dollars de budget, il y avait moyen de bien plus s’amuser, et surtout de pleinement sortir des cases après que le matou se soit extirpé de sa bande-dessinée culte.

Rédacteurs :
Résumé

Garfield : Héros malgré lui occupera les enfants et les fera peut-être même rire (auquel cas, on les pardonne) et c’est tout, puisqu’il n’a pas d’autre ambition que faire gazouiller les jeunes spectateurs. 

Tout savoir sur Garfield - Héros Malgré Lui
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Flo

…qui rousse pète ? ^⁠_⁠^

at-tlantis

vu avec les enfants et ils ont bien aimer.
clairment pas un chef d’œuvre mais il passe le temps

Eusebio

« Chatpitrisi » Je l’ai pas, celui-là…