Critique : Les Garçons et Guillaume, à table !

Sandy Gillet | 19 novembre 2013
Sandy Gillet | 19 novembre 2013

Pour son premier long, Guillaume Gallienne (de la comédie française) met la barre très haute. Si haute d'ailleurs que l'on n'aimerait pas être dans ses souliers quand il faudra remettre le couvert. C'est que Les garçons et Guillaume, à table ! procède d'une longue gestation qui s'est nourrie de toute une vie. Celle d'un petit garçon qui s'est pris pour une fille afin de faire plaisir à une mère qui l'a toujours distingué de ses deux frères (d'où le titre). D'abord une pièce de théâtre au titre éponyme écrite en 2008 qui rencontra un vif succès, cette histoire d'enfance traumatisée par cette figure maternelle qu'il a toujours chérie puis copiée dans ses moindres gestes et expressions pour mieux lui ressembler, est devenue ce film en forme de « coming out inversé » comme aime à le souligner l'intéressé lui-même.

Car oui, Guillaume Gallienne est un hétéro au comportement féminin (une demie bonne nouvelle pour les antis mariages gay en fait). Une personnalité atypique et foncièrement attachante qu'il s'est bâti à coup de dépressions et de psychanalyses (oui je suis une fille, non je ne suis pas un garçon, ou son contraire) que cette comédie catharsis aborde avec beaucoup d'humour, de grands moments de drôlerie, de gravité et de sensibilité sincère. Mais ce qui frappe surtout, au-delà de l'écriture que l'on sent magnifiquement rôdée par plusieurs années de one (wo)man show, est ce sens de la mise en scène à la fois intuitive et très travaillée qui donne à l'ensemble une impression de fluidité fortement inspirée de la scène où tout doit s'imbriquer au millimètre dans un espace temps unique et parfaitement défini. À l'écran cela donne de vrais moments de grâce à la fois sensuels et magnifiquement cinématographiques que le phrasé si reconnaissable entre mille de Guillaume Gallienne qui joue à la fois son propre rôle et celui de sa mère finit par étourdir complètement.

L'histoire est belle car elle met à nu un artiste qui renvoyait jusqu'ici l'image d'un homme certes à la sensibilité créative à fleur de peau mais dont on peinait à entrevoir la fêlure. De celle qui forge les personnalités et marque les esprits durablement. Guillaume Gallienne réussit tout cela avec la maestria de celui qui n'impose rien mais dont l'après vision du film finit par voluptueusement irradier les sens. Une force tranquille (non gauchisante) pleine de peps et de charme qui font de ces Garçons et Guillaume, à table ! l'une des plus belles propositions de cinéma de l'année.

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