Critique : Room 514

Sandy Gillet | 9 octobre 2013
Sandy Gillet | 9 octobre 2013

La pièce 514 est en fait le lieu où se déroule la quasi totalité du premier long signé Sharon Bar-Ziv. C'est dans cette pièce exigüe que se noue et se dénoue les enjeux d'un film frontal, sans affects et sans pudeur. On y voit une enquêtrice militaire sur le point de terminer son service de deux ans qui met à jour les exactions et violences d'un peloton aguerri servant au quotidien dans les territoires occupés. Entre interrogatoires, scène de baise, entre politique assumé de la violence en temps de guerre et droit moral, la jeune femme est prise dans la tourmente d'une société et d'un pays qui s'est créé sur les bases d'un conflit dont personne ne voit la fin. Room 514 étant dès lors la métaphore d'un peuple qui se replie de plus en plus sur lui-même bordé par des frontières oppressantes.

À l'image, l'étouffement, le stress, la claustrophobie sont palpables. Le « jeune » réalisateur de 45 ans tournant en long plans séquences par manque avoué de moyens (les prises de vue ont duré quatre jours) mais aussi par choix artistique afin d'accentuer le côté dur et réaliste du récit qui s'inspire d'événements réels survenus en Israël. Le propos est sans appel bien que sans conclusion. Il transpire au sein du film par strates successives et implacables qui peut laisser le spectateur sur le bord de la route. Une aridité qui peut faire de Room 514 une expérience de cinéma réservée à « l'élite » retournant alors son propos contre lui-même à son corps défendant. Mais si l'on s'en donne la peine, la chose peut devenir virtuose, humainement très forte et d'une rare force intellectuelle.   

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