Critique : Robot and Frank

Laurent Pécha | 1 septembre 2012
Laurent Pécha | 1 septembre 2012

Présenté en film d'ouverture du 38ème festival de Deauville, Robot & Frank est une oeuvre poignante et originale dans sa façon de traiter la sénilité (Alzheimer ?) et le rapport au monde de Frank, un monte-en-l'air de renom à la retraite, esseulé et désœuvré. Dans le rôle principal, le bien trop rare Frank Langella, après avoir été un grand Nixon pour Ron Howard (Frost / Nixon, l'heure de vérité) retrouve ici un rôle à sa mesure qui lui vaudra peut-être une future nomination à l'Oscar.

La bonne idée du scénario est d'ajouter un élément de science-fiction : devenu un fardeau pour sa famille, Frank se voit offrir un nouveau compagnon synthétique par son fils, entre majordome et auxiliaire de vie, le fameux Robot du titre, aussi doué en cuisine, qu'en nettoyage ou jardinage, conseiller nutritionnel et sanitaire et même philosophe adepte de Descartes à ses heures perdues. Mais aussi et surtout un complice dans le crime, puisque d'abord réticent à la présence de « l'appareil » comme il se plaît à le nommer au début du récit, Frank va vite comprendre l'atout que représente une telle créature dans la pratique et la maîtrise du cambriolage.

Et cette touchante histoire d'une amitié hors-norme et contre-nature de passer avec aisance d'un genre à l'autre, de démarrer comme un Loin d'elle (Sarah Polley, 2006) pour ensuite aller se balader du côté d'un A.I. (Steven Spielberg, 2001) ou encore flâner vers un Family Business (Sidney Lumet, 1989). Cela avec trois fois rien et en ménageant ses effets : quelques acteurs, quelques décors et accessoires et un costume de robot endossé avec grâce et précision par deux comédiennes.

En confrontant l'humain et le robot, la mémoire défaillante et la banque de donnée illimitée, la décrépitude biologique et la perfection technique, le film aborde son sujet sans lourdeur ni complaisance mais avec autant d'humour que de mélancolie et constitue ainsi une expérience riche en émotion mais sans pathos. Une justesse de ton et une finesse de propos suffisamment rares pour être remarquées, d'autant qu'il s'agit d'un premier film. 

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