Films

Like Crazy : Critique

Par Laure Beaudonnet
5 mai 2012
MAJ : 26 septembre 2018
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Pour remplir son cahiers des charges, la comédie romantique doit produire suffisamment de palpitations cardiaques pour redonner goût en l’amour. Formule (quasi scientifique) d’une vie par procuration fondée sur une sensation empirique. On s’étonne souvent de la médiocrité des œuvres projetées, salissant la réputation de la romance. Heureusement Like Crazy vient sauver le destin tragique des films d’amour. Quintessence du genre, il fonctionne sur une intrigue simple : Anna, une étudiante anglaise tombe éperdument amoureuse de Jacob. Les deux tourteraux nagent dans un bonheur immaculé jusqu’à l’expiration du visa d’Anna qui la contraint de repartir à Londres. Une histoire classique qui dissémine suffisamment d’obstacles pour libérer la dose indispensable de frustration. Car, non seulement la malheureuse n’est pas américaine mais, n’ayant pas respecté la législation du pays, elle se retrouve expulsée sans préavis.

 

 

Alimenter la flamme à des milliers de kilomètres n’est pas évident, surtout quand l’un des deux protagonistes est bloqué sur son archipel. Insidieusement, le sentiment d’isolement, de dépossession, vient grignoter la passion, détournant les deux amants de leur objectif : trouver un moyen de se retrouver. Pour une fois, on sort des archétypes déclinés à toutes les sauces. Les personnages sont inattendus : Anna est plus combattive que bêtement romantique. Elle donne l’impulsion dès les balbutiements de la relation. C’est elle qui se jette à l’eau en coinçant une lettre d’amour sous l’essuie-glace de l’objet de ses désirs. Jacob, lui, est moins téméraire, plus passif. Il ne sacrifie jamais son confort pour sa passion. On est loin du bel éphèbe à la Ryan Gosling dans Crazy Stupid Love et c’est tant mieux. Leur amour est aussi pur qu’il est remis en question, confronté à la chair faible.

 

 

Outre un casting formidablement choisi, Drake Doremus donne un ton à sa mise en scène. Il privilégie l’intimité des gestes, des regards, d’un rictus, pour donner l’illusion d’un moment pris sur le vif. Il découpe ses scènes, démultipliant les contextes de conversation, jouant sur la répétition des questions, les silences. Les astuces de montage insufflent une tension sans jamais sortir de la simplicité. Car la force du film repose sur le souci du réalisme, du point de vue des situations ou des personnages. Ponctué d’ellipses narratives surprenantes, Like Crazy prend son spectateur à contre-pied. Le dupe avec des obstacles qui grandissent au fil de l’intrigue. Au détour d’une réplique ou de l’arrivée d’un personnage, on découvre le résultat de décisions radicales sans avoir observé leur maturation. 

 

Rédacteurs :
Résumé

Plus romantique que comique, Like Crazy s'approprie les codes de la romance et redonne foi en l'existence de l'amour inconditionnel.

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