Critique : Balle perdue
Pour son premier long-métrage, Georges Hachem s'empare d'un sujet relativement ordinaire pour décrire un pays marqué par la guerre, les milices et la peur. Car, à travers le portrait de cette femme, le cinéaste dresse, en toile de fond, le constat d'une réalité belliqueuse rarement dépeinte, celle du Liban, marqué par les conflits du Proche-Orient. Parfois, une histoire simple suffit pour comprendre certains enjeux, qu'ils soient géopolitiques ou sociaux. Et si l'opus n'est pas une révolution du septième art, il délivre un témoignage touchant d'une famille baignée dans une feinte accalmie politique, annonce d'un funeste destin.
Balle perdue recèle certaines faiblesses de mises en scène, notamment l'utilisation sporadique d'une voix-off, comme pour prendre par la main son public. L'usage de ce gadget narratif semble surtout servir de béquille pour vaincre la peur du vacillement. Cependant, cette erreur formelle est bien fine comparée à la délicatesse du regard portée sur les souffrances d'une femme tiraillée entre contraintes familiales et sentiments amoureux. Telle une petite souris, le spectateur devient témoin d'un basculement de toute une vie, ces moments où un seul élément engage la suite, comme la chute du premier domino. La décision de Noha crée une réaction en chaîne qui la mènera dans les limbes de la folie. Balle perdue est tendre et réaliste à la fois, laissant peser une atmosphère nimbée de nostalgie.
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