Le Sang des templiers : Critique

Simon Riaux | 21 juillet 2011
Simon Riaux | 21 juillet 2011

Il en faut de la bravoure, pour s'en aller visionner Le Sang des templiers (traduction opportuniste d'Ironclad), quelques mois après avoir subi l'outrage du Dernier des templiers. La mine patibulaire de ce bon James Purefoy n'augurait rien de bon, la carrière de l'acteur oscillant entre bonnes surprises et foirades désolantes. Et pourtant, à l'image du film, si la bataille est mal engagée, et que l'on en sort sur les rotules, c'est couvert du sang de ses ennemis, et en criant victoire.

La tâche a dû être ardue pour Jonathan English. Entre une princesse aussi crédible qu'un pape en discothèque, une histoire d'amour dont on se fout gentiment, des personnages aux textes minimalistes et aux caractères pas beaucoup plus travaillés, ce n'était pas gagné. Comme si ça ne suffisait pas, le budget est loin de supporter les ambitions du projet, ce qui vaut au spectateur attentif quelques effets numériques pas franchement appétissants.

 

 

Sans doute conscient des limites de l'ensemble, le réalisateur fait preuve d'une grande intelligence dans le traitement de son récit. Cette histoire de siège regorge d'effets gores parfois sidérants de violence. La chose pourrait être purement gratuite, mais prend ici une autre tournure alors que s'articule la narration, English choisit ainsi de montrer la brutalité d'une époque où le moindre conflit se règle dans le sang, et où la vie d'un homme n'a guère plus de valeur que celle du bétail. Cette vision sans concession est renforcée par une lumière et une mise en scène qui, si elles demeurent encore très télévisuelles, s'avèrent soignées et savent tirer le meilleur parti des moyens alloués.

 

 

 

James Purefoy est comme un piranha dans l'hémoglobine, le comédien apporte une gravité et une profondeur à son personnage de templier qui irrigue l'ensemble du film. On suit le récit de cette bataille à ses côtés, emporté par son regard impénétrable, entre horreur et supplique, posé sur les corps démembrés de ses victimes. Il est admirablement secondé par Brian Cox et Paul Giamatti, qui prouvent qu'on n'a pas besoin d'un bon rôle pour bien jouer.

 

 

 

Résumé

Le Sang des templiers a beau regorger de défauts, il s'en tire grâce à ses efforts continus pour remplir ses objectifs, et nous offrir un film de chevalerie dur et tranchant comme le fil d'une épée, où les bons sentiments et la noblesse s'effacent derrière les cris des guerriers. Si tous les détenteurs de budgets plus modestes que leurs ambitions savaient à ce point tenir leurs engagements, la série B pourrait bien retrouver ses lettres de noblesse.

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Lecteurs

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commentaires
Flo
20/07/2023 à 12:10

L’envie du réalisateur Jonathan English de faire une version médiévale des 7 (samourcenaires), à l’origine avec des vikings. Et finalement à l’époque de Jean sans terre, s’inspirant du véritable assaut de Rochester.
Pas manchot Johnny English (!), surtout avec de bonnes caméras 5D (image bien nette), et des acteurs non stars mais bien attirants. Suffisamment pour donner une caractérisation impec’ à tous – le héros en voie de rédemption (et d’amour), le vieux bourru, le cynique, la cloche, le géant au grand cœur etc…
Compte aussi pour les scènes de violence aussi sanglantes et frontales que chez Mel Gibson (c’est d’époque), avec un long siège de château, extrêmement éprouvant et d’où très peu sortiront indemnes.
Sa suite, dispensable (pas un seul acteur connu dedans, pas beaucoup d’empathie pour les personnages non plus), fera office de redite. Alternant le moyen (trop de caméra tremblante) et le surprenant (Marry la dingue, la scène de mort avec la tête sur le plat de l’épée).

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