Critique : L’Art de séduire

Par Laure Beaudonnet
18 juillet 2011
MAJ : 25 février 2020
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Pour une fois qu'on fait descendre la figure du psy de son piédestal, on ne va pas s'en plaindre. Jean-François (Mathieu Demy), jeune thérapeute bien installé dans un cabinet parisien, tombe éperdument amoureux de l'une de ses patientes, Hélène, interprétée par Julie Gayet. Panique à bord lorsque cette dernière décide de mettre fin aux séances, considérant avoir surmonté son divorce et ses problèmes avec sa fille. Désespéré et maladivement timide, Jean-François met tout en œuvre pour la revoir et sortir de la relation psy-patient. Il va jusqu'à utiliser les compétences de l'un de ses malades, un nymphomane au masculin, dans l'art de la séduction. Les règles de la déontologie sont bel et bien transgressées et ce n'est pas pour nous déplaire.

Trop rarement exploitée dans le septième art, la figure du psy est pourtant un formidable terrain de jeu pour la comédie. Fini l'intouchable psychiatre, figure quasi divine et impénétrable que l'on craint d'égratigner. Fini le thérapeute dont on se sert – à l'inverse – pour incarner le psychopathe, en témoigne Hannibal Lecter dans le fabuleux Silence des agneaux. Soit divinité, soit antéchrist, en somme. L'art de séduire décrit enfin un psy bien ordinaire, avec des problèmes médiocres et des patients tout aussi banals. Jean-François est tout ce qu'il y a de plus normal : un homme qui a fait des études de psychologie en réponse à la pathologie de sa sœur. Il ne sait pas draguer, il court le dimanche avec une amie, et il a une vie sexuelle. En d'autres termes, il est profondément humain.

Le trait est grossi, mais il n'est jamais caricatural. Mathieu Demy conduit son personnage finement, drôle et pathétique à la fois. On se faufile dans ses pensées, dans ses essais artistiques excentriques (le bonhomme s'adonne à des séances photo sur des poissons morts), on découvre ses déviances et ses failles. Accompagné de Valérie Donzelli, égale à elle-même, touchante et extravagante: elle fait ce qu'elle sait faire, et elle le fait bien. Un tantinet farfelu, son monologue final vaut le détour. Même si on ne suit pas tous les chemins empruntés et qu'on entrevoit la plupart des ficelles, on passe un agréable moment, le sourire aux lèvres. Finalement, n'est-ce pas tout l'objet d'une comédie ?

 

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