Critique : L'Art de séduire
Trop rarement exploitée dans le septième art, la figure du psy est pourtant un
formidable terrain de jeu pour la comédie. Fini l'intouchable psychiatre,
figure quasi divine et impénétrable que l'on craint d'égratigner. Fini le
thérapeute dont on se sert - à l'inverse - pour incarner le psychopathe, en
témoigne Hannibal Lecter dans le fabuleux Silence des agneaux. Soit divinité, soit antéchrist, en somme. L'art de séduire décrit enfin un psy bien ordinaire, avec des problèmes médiocres et des patients tout
aussi banals. Jean-François est tout ce qu'il y a de plus normal : un homme qui a
fait des études de psychologie en réponse à la pathologie de sa sœur. Il ne
sait pas draguer, il court le dimanche avec une amie, et il a une vie sexuelle.
En d'autres termes, il est profondément humain.
Le trait est grossi, mais il n'est jamais caricatural. Mathieu Demy conduit son personnage finement, drôle et pathétique à la fois. On se faufile dans ses pensées, dans ses essais artistiques excentriques (le bonhomme s'adonne à des séances photo sur des poissons morts), on découvre ses déviances et ses failles. Accompagné de Valérie Donzelli, égale à elle-même, touchante et extravagante: elle fait ce qu'elle sait faire, et elle le fait bien. Un tantinet farfelu, son monologue final vaut le détour. Même si on ne suit pas tous les chemins empruntés et qu'on entrevoit la plupart des ficelles, on passe un agréable moment, le sourire aux lèvres. Finalement, n'est-ce pas tout l'objet d'une comédie ?
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