Critique : Deux de la vague

Nicolas Thys | 7 juillet 2011
Nicolas Thys | 7 juillet 2011
Deux de la vague aurait pu être un vrai documentaire sur la relation de Godard et de Truffaut, amitié forte qui a tourné court après les événements de mai 68 et le  changement maoïste radical pris par Godard. Mais le documentaire parle beaucoup d'histoire, de culture, beaucoup des Cahiers, de cinéma, en se  rappelant parfois que le thème c'est Truffaut et Godard, les deux ensemble...

Deux de la vague, narré par Antoine de Baecque, qui a souvent rappelé que sa  première expérience des Cahiers, dans les années 1980, était une lettre en hommage à François Truffaut écrite lors de son décès, et qui a publié dernièrement une somme biographique sur Godard, aurait pu être un film qui parle de Truffaut. Mais il effleure tout juste le personnage, rappelant ce qui est connu de tous les cinéphiles, comme si la question était réglée d'avance. Et il va chercher surtout du côté de Godard (et de Jean-Pierre Léaud)...

Deux de la vague aurait pu être une jolie introduction à La Nouvelle vague, non pas pour ceux qui savent de quoi il en retourne car ils n'apprendront rien, mais pour les cinéphiles désireux de découvrir un mouvement dont on parle beaucoup mais auquel on associe tout et n'importe quoi. Pourtant l'ensemble est un bazar où on refourgue un peu de tout sans véritable ordre. Dommage. Et pourquoi choisir de mettre en exemples les fins de la plupart des films montrés ? De quoi en décourager plus d'un...

Deux de la vague aurait pu être tout ça. Qu'est-il alors ? Une vitrine pour montrer qu'Isild le besco sait ce qu'est La Nouvelle vague ? Tant mieux pour elle. Mais on cherche encore ce qu'elle vient faire à poser devant des cinémas germanopratins ou lire d'anciens numéros des Cahiers. Finalement, Deux de la vague c'est surtout une vitrine pour Antoine de Baecque, historien sérieux dont les livres sur le cinéma sont consacrés (pour l'essentiel) aux années 50-60 et parlent davantage de ce qui se passe autour des films que des films eux-mêmes.

Et le premier plan, qui voit de Baecque adossé à son bureau en train d'écrire à la machine, confirme cette idée que Deux de la vague est davantage un film sur lui et Godard. Un film sur sa relation personnelle avec un cinéaste adulé et mystérieux qu'il cherche vainement à saisir à l'aune de Truffaut tout en oubliant vite fait ce dernier. Et pour aboutir à quoi ? Pas grand chose au final sinon un panorama qu'on retrouvera plus détaillé et moins nombriliste dans les derniers chapitre de son ouvrage : La Cinéphilie. Invention d'un regard, histoire d'une culture 1944-1968 (Hachette, 2005).

Résumé

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