Critique : Benvenuti al Sud

Manon Provost | 22 novembre 2010
Manon Provost | 22 novembre 2010

En attendant que Will Smith se colle à la production de la version américaine, c'est en Italie que le scénario frenchy de Bienvenue chez les Ch'tis s'est exporté, pour être remanié à la sauce napoli' par la Medusa Film de Berlusconi. Pris dans le sens inverse de la version française, le mode opératoire italien est quasi le même à quelques intonations près... Mise en scène efficace et lumière bien léchée, le copier-coller réajusté du blockbuster made in France sauve Bienvenuti al Sud d'un fiasco assuré.

Remake du phénomène cinématographique aux 20 millions d'entrées, Bienvenuti al sud relance l'histoire du postier délocalisé dans une autre ville de son pays, le bout du monde lui semble-t-il. Misant sur de grossiers préjugés et les idées préconçues des italiens du nord pour ceux du sud, avec la même rengaine du « bouseux » inaudible, Benvenuti al Sud transpose l'histoire à Naples, dans un décor naturel où sont censés sévir le pouvoir, l'argent et le sang. Aidé par Massimo Gaudosio, co-scénariste du remarqué Gomorra, Luca Miniero donne à la version italienne une ambiance plus attrayante et un rythme plus pêchu. Troquant la parka de Kad Merad pour le gilet parre-balles, le ton donné semble tout aussi caricatural que l'original, qui sonnait produits du terroir façon "reflets de France". Un copié-collé qui, cependant, se fait à un détail près... Luca Miniero s'avère être un bien meilleur metteur en scène que Dany Boon.

Avec une identité visuelle plus aboutie, grâce à un cadre travaillé et à une lumière bien exploitée, Benvenuti al Sud prend l'avantage dans la mise en scène et finit même par remporter la mise grâce à des acteurs (surtout les rôles secondaires) plus charismatiques que nos têtes d'affiche françaises. Jouant sur les mêmes codes narratifs et les mêmes gags visuels, Benvenuti al Sud séduit avant tout par ses touches féminines : autant par la sensualité de la belle et voluptueuse Valentina Lodovini, que par la force de proposition et d'interprétation de Angela Finocchiaro, qui donne une vraie crédibilité au personnage secondaire de l'épouse névrosée et hystérique, plutôt fade et sans saveur dans la version française. Plus proche du sosie de John Locke que de celui de Kad Merad, Claudio Bioso a une certaine gouaille, très vite desservie par la fadeur d'Alessandro Siani.

Moins terroir et plus chantant, Benvenuti al Sud est une comédie gentillette, faite avec le regard approbateur d'un Dany Boon conservateur, promoteur du copier-coller certifié, fidèle au modèle original. Succès incontestable en Italie, le film se risque aujourd'hui à la sortie française et à un engouement bien moindre.

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