Critique : Français pour débutant

Thomas Messias | 13 octobre 2009
Thomas Messias | 13 octobre 2009

À nous les petites françaises ? Pas tout à fait. Si l'ado teuton servant de héros à Français pour débutant débarque en France dans le cadre d'un échange, c'est avant tout par amour pour la jolie Valerie, amoureuse de la langue de Molière mais presque aussi allemande que lui. Les voilà tous les deux, ainsi qu'une bande de jeunes, dans un bled du Rhône qui traduit parfaitement la vision qu'ont les Allemands de notre beau pays : ainsi donc, nous serions des bouseux, froussards, goinfres, curieux et moyennement accueillants. Joli programme.

Mais la France, pour le réalisateur Christian Ditter, c'est avant tout la moutarde Maille. Il faut entendre Valerie s'extasier sur la saveur divine de ce condiment accompagnant idéalement, il est vrai, toute Bratwurst qui se respecte. Il faut la voir parler d'amour avec son prétendant tout en caressant négligemment un pot de moutarde (et de la MAILLE, pas une autre) coincé entre ses jambes... On aurait d'ailleurs aimé voir cette publicité pour la moutarde se prolonger, tant cela semble être le seul intérêt de ce téléfilm pas trop mal filmé mais dont la banalité des thèmes et des situations a de quoi affliger.

Le héros a beau être mignon tout plein à force de timidité, il est tout de même bien difficile de supporter l'heure et demie passée à ses côtés. Il y a dans le monde un seul ado plus intéressé par le grand amour que par une première expérience sexuelle avec une fille plus âgée que lui ; il s'agit malheureusement de ce pauvre Henrik, dont la pudibonderie sans limite a de quoi donner des boutons, empêchant le développement de situations potentiellement comiques. Ah si : pendant un moment d'égarement Valerie a du vomi sur son jean... qu'Henrik va consciencieusement lui ôter. Les gens trop bien élevés sont d'un ennui monstre.

La vision de la France proposée par le film a cependant son petit charme, certes involontaire. Dans Français pour débutant, l'amour à la française se pratique dans une 2CV stationnée au beau milieu d'un champ ; il n'existe que quatre chansons, dont Les copains d'abord et Les Champs-Elysées. Et puis les Français, quand ils ne sont pas de risibles campagnards, sont des êtres méprisants et absolument pas naturels. À propos d'un lycéen extrêmement maniéré, henrik s'interroge : « Il est gay ? ». La réponse qui survient aussitôt le rassure: « Non, français. ». La meilleure réplique d'un film certes moins affligeant que Lol, mais encore plus ennuyeux.

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