Critique : Les Enfants invisibles
Ce n'est pas vraiment une surprise de constater que ce sont les auteurs les moins connus qui offrent les travaux les plus originaux. Co-réalisatrice de La Cité de Dieu, Katia Lund crée avec son adorable duo d'enfants un conte aussi réaliste que plein d'espoir au cœur des bidonvilles brésiliens. En rappelant le récent Slumdog millionaire, l'artiste touche au but. En totale opposition, l'affreux segment de John Woo (qui conclut malheureusement le film) est probablement le mélo le plus gluant qu'ait jamais produit le réalisateur, ce qui n'est pas peu dire.
Si Emir Kusturica, en pleine auto-parodie, charme à l'énergie burlesque, on regrettera que Ridley Scott (aidée de sa fille) ne délivre qu'une scaynète publicitaire anodine. Plus problématique, le cas de Spike Lee, qui navigue entre le talent de ses interprètes et le trait extrêmement forcé de son propos. On louera la dignité sobre et déchirante du segment africain de Mehdi Charef, avant de célébrer la justesse de l'italien Stefano Veneruso, qui allie énergie et émotion avec une belle réussite. Au final Les Enfants invisibles fait plutôt partie du haut du panier des œuvres collectives, la multiplicité de ses tonalités servant ici plutôt bien le discours forcément édifiant.
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