Critique : Happy Sweden

Thomas Messias | 25 avril 2009
Thomas Messias | 25 avril 2009

Tout le monde ne peut pas être Michael Haneke ou Roy Andersson : telle est au final la seule et unique morale à tirer de cet Happy Sweden qui vaut à peine mieux que son stupide titre français. Le film de Ruben Östlund entend décortiquer la société suédoise en dépeignant les travers de quelques-uns de ses membres. Pour cela, il entrecroise quelques intrigues maigrelettes, filmées en plan fixe et sous des angles parfois improbables, chaque séquence étant séparée de la suivante par un fondu au noir bien plus long que la moyenne. Un dispositif pas neuf du tout pour qui a vu - entre autres - 71 fragments d'une chronologie du hasard, l'un des premiers films de Michael Haneke et sans doute l'un des plus marquants, enchaînement de longs plans apparemment sans lien mais composant au final une brillante et gerbante radiographie d'une Autriche brisée. Mais là où l'Autrichien annonçait dès le départ son envie d'austérité et de sinistrose, Östlund mène sa barque avec une certaine malhonnêteté d'autant plus apparente que son style est grossier.


Ça commence quasiment comme une comédie, le film pratiquant un humour nordique qui ne dépaysera pas les amoureux de Nous, les vivants ou Chansons du deuxième étage (qui font certes partie des seules références qui nous soient accessibles niveau humour suédois). Puis l'auteur voudrait provoquer une impression de glissement et basculer, imperceptiblement puis brutalement, dans un registre plus grinçant à la lisière du sordide. Problème : ces intentions se sentent à tout moment, et on a qui plus est le sentiment que cette montagne accouche d'une souris. Il serait temps que les jeunes scénaristes cessent de croire qu'une scène de violence physique, psychique ou sexuelle placée aux deux tiers d'un script suffise à en faire une oeuvre intense et tragique. Difficile de croire une seule seconde à cette histoire de mauvaise blague qui tourne mal ; c'est pourtant à cela qu'on pourrait résumer Happy, Sweden, qui n'exploite jamais vraiment ses quelques personnages intéressants (chauffeur de bus dépressif, duo de pétasses à peine pubères) et se contente d'exhiber fièrement son procédé comme s'il était tout neuf.

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