Che - 1ère partie : L'Argentin : Critique

Sandy Gillet | 6 janvier 2009
Sandy Gillet | 6 janvier 2009

La première partie de ce biopic, qui n'en est finalement pas un, se concentre sur la prise de Cuba via un montage alterné entre la montée en puissance de ce qui ne fut qu'un groupe de guérilléros de quelques dizaines d'hommes planqués dans la jungle et le fameux discours en 1964 du Che à la tribune des Nations Unies.

Au sortir de la projection, si l'on est certain d'avoir assisté à un sacré morceau de cinéma, il est évident que la digestion ne fut pas aisée pris que l'on est dans différentes strates de réflexions à la fois intuitives et contradictoires. C'est que Soderbergh ne nous livre ni un portrait à charge ou à décharge déstabilisant le spectateur qui attendait justement un véritable parti-pris. Au début on le regrette puis on se dit que c'est exactement ce qu'il fallait faire pour au final reconnaître que si le pari était osé, il est amplement réussi.

 

 

Que voyons-nous justement ? Un Che en exil au Mexique rencontrant Fidel Castro dans un appartement. Un Che débarquant clandestinement à Cuba avec 80 rebelles, l'organisation, la guérilla... Soderbergh privilégie un style neutre, une lumière naturelle et des cadres à l'avenant via une nouvelle caméra numérique baptisé RED pesant à peine 5 kilos et dont le rendu est très proche du 35mm. À l'écran, cela donne une finesse et une saturation des couleurs extraordinaires, une légèreté dans la mise en scène époustouflante aidée en cela par des cadres d'une grande beauté plastique et un montage complexe et fluide. Sans oublier la prestation de Benicio Del Toro tout simplement définitive. C'est bien simple il EST le Che.

 

 

On ne pourrait reprocher finalement à ce Che que son obstination à ne rien révéler ou presque de sa vie privée ou encore cette volonté de ne pas, ne serait-ce que par petites touches, mettre en lumière le côté sanguinaire de l'animal politique. Il nous faut respecter ces choix car au regard du résultat, ils sont cohérents, justes et passionnants. Ils permettent aussi et surtout à Soderbergh d'ancrer son film dans l'actualité. Il suffit par exemple d'entendre Ernesto Che Guevara remercier le sénateur McCarthy de la tentative ratée d'invasion pilotée par la CIA dit de La baie des cochons qui permit à la révolution castriste d'assoir définitivement sa légitimité et de souder définitivement un pays, pour comprendre parfaitement où Soderberg veut en venir. Magistral !

 

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