W. - L'Improbable président : Critique
Au moment où George W. Bush s'apprête à rendre les clés de la Maison Blanche après huit ans d'exercices pour le moins contestés, W. sort sur nos écrans, le dernier plébiscite cinématographique pour bien nous faire comprendre à quel point le pensionnaire du bureau ovale fut un des pires présidents de l'Histoire.
Avec à sa tête, Oliver Stone, réalisateur frondeur et farouche opposant au président des USA, nul doute que W. allait être une mise à mort particulièrement virulente. Surprise, il n'en est rien ! Non pas que Bush finit par passer comme un incompétent notoire (l'Histoire parle malheureusement d'elle-même) mais il se dégage de ce portrait sur près de 40 ans une vraie sympathie pour un gars qui n'aura eu de cesse de se définir par rapport à son père. Un complexe œdipien comme on en connaît tous mais qui dans le cas présent dure et concerne « simplement » le chef de la plus grande puissance mondiale !
Articulé en trois parties avec une utilisation habile du flash-back, le W. d'Oliver Stone est ainsi plus l'histoire d'un brave type qui cherche en vain sa place dans le monde et qui utilise les moyens mis à sa disposition (la politique) pour y arriver qu'un pamphlet politique acerbe. Bien sûr, le réalisateur de J.F.K. a soigné sa reconstitution historique et on se croirait revenu quelques années en arrière lorsqu'on assiste aux réunions entre Bush et tout son état-major : de Richard Dreyfuss en Dick Cheney à Jeffrey Wright en Colin Powell en passant par Thandie Newton en Condoleezza Rice, tous sont criants de vérité. Et au travers de ces scènes de décision, de se rendre compte, effrayé, à quel point le sort du monde peut vaciller sur quelques phrases, quelques intuitions ou opinions.
Mais le cœur du film n'est pas là et ce qui intéresse encore plus Stone, c'est de montrer la normalité d'un homme censé être extraordinaire (en tant que leader désigné par ses concitoyens) qui se bat, jour et nuit, pour donner un sens à sa vie. Avec en ligne de mire, la figure plus qu'imposante du père (admirable James Cromwell). Même si elle est (peut être) imagée, l'idée que la destinée de notre planète se joue autour de rapports amour-haine entre un père et un fils, demeure une grande idée de cinéma. Et Stone de la faire vivre avec panache deux heures durant non sans lui adjoindre quelques autres belles parenthèses comme cette touchante histoire d'amour entre la future première dame des USA et son benêt de prétendant (il faut le voir à leur première rencontre mâchonnant son hamburger tout en avouant ne jamais lire).
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